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PORTRAIT - Fondateur d'Apple, patron charismatique et visionnaire, Steve Jobs a inventé l'informatique moderne. Récit d'un parcours exceptionnel. Steve Jobs est Apple. Apple est Steve Jobs. «Si vous voulez percevoir ma religion, étudiez mes logiciels, utilisez un Macintosh ou un Apple II. Je suis contenu dedans», avait-il déclaré en 1993, au Figaro.

Paul et Clara Jobs, ses parents, ont adopté Steve, alias Steven Paul, dès sa naissance en février 1955. L'enfant, précoce, grandit dans un milieu modeste. Mais il est déjà doté d'un certain culot. A douze ans, il contacte Bill Hewlett, un des deux fondateurs d'Hewlett-Packard, en trouvant son nom dans l'annuaire. Il lui demande des pièces détachées pour construire un compteur de fréquences. Il obtient les pièces et son premier job d'été. Adolescent, il décide de quitter le lycée, au bout d'une semaine. Ce qui ne l'empêche de fabriquer et vendre des blue-box, des boîtiers électroniques permettent de téléphoner gratuitement dans le monde. C'est l'illimité avant l'heure. Il parvient même à faire réveiller le Pape en prétendant être Kissinger. Deux ans plus tard, en 1974, il devient le quarantième employé d'Atari. En dépit d'une ambiance de travail plutôt décontractée, Steve Jobs peine à s'intégrer. A tel point qu'Al Alcorn, son supérieur de l'époque, finira par lui demander de venir travailler le soir, tard. «Les ingénieurs du labo ne l'aimaient pas. Ils le trouvait arrogant et impétueux», se souvient-il quelques années plus tard. Son salaire dans la poche, Steve Jobs, à peine 20 ans, part en Inde, pour une recherche spirituelle. Une démarche très en vogue à l'époque. Il en revient à l'automne. De ce voyage il garde une habitude : il est végétarien. Il entame une thérapie, se lance à la recherche de se vrais parents, vit quelques temps dans une communauté. Des années plus tard, il reconnaîtra avoir goûté au LSD. De quoi poser les bases d'une carrière de gourou.

Avec son complice Steve Wozniak, un «vieux» de 25 ans et véritable informaticien du duo, Steve Jobs commence à vendre les ordinateurs que son associé fabrique. Mais Steve Jobs a, déjà, le sens des affaires. Et il parvient à convaincre Wozniak de quitter Hewlett-Packard. Ils fondent Apple en 1976. Les explications quant au choix du nom varient selon les époques: hommage à la maison de disques des Beatles, troisième pomme de la connaissance après celles d'Ève et de Newton ou plus prosaïquement, meilleur moyen d'être en haut dans l'annuaire. «Il propose des micro-ordinateurs de couleur claire, ligne profilée, design. Et surtout d'un emploi aisé. Pas besoin d'être expert pour pianoter un Apple», écrira VSD en 1985. Tout Apple est dit.

Un premier million de dollars gagné à l'âge de 23 ans
A 23 ans, Steve Jobs, qui à l'époque porte costume, cravate et cheveux mi-longs, gagne son premier million de dollars. À 25 ans, 100 millions. L'organisation du travail et des locaux d'Apple de l'époque a servi de modèle aux start-up des années 2000: milk-shake à volonté, pas d'horaires, tables de ping-pong à disposition. Apple est la première start-up de l'histoire. Tandis que les Apple II se vendent encore comme des petits pains, Steve Jobs lance le premier Macintosh en 1984. Inspiré de l'Alto de Xerox, il est doté d'une souris et des premières icônes. Il rencontrera le succès que l'on connaît et change radicalement l'appréhension de l'informatique par le grand public. Mais l'histoire prend un tournant amer quand Steve Jobs se fait littéralement virer de sa propre entreprise en 1985, par John Sculley, de dix-sept ans son aîné et ex-vice -président de Pepsi Cola, qu'il avait débauché deux ans plus tôt pour le seconder. A l'issue d'un petit coup d'État, John Sculley placardise Jobs dans un poste de président honorifique, «trop jeune pour présider». Celui que l'on présente déjà comme le «dieu vivant des jeunes entrepreneurs américains» ne l'entend pas de cette oreille. Il démissionne, donne une conférence de presse, assis en tailleur sur le pelouse de sa villa, pour annoncer la création de sa prochaine société, NeXT. Ce jour là, des proches raconteront «l'avoir vu pleurer». L'autre Steve, Wozniak, est lui parti depuis longtemps. Pendant douze ans, les destins d'Apple et de Jobs vont diverger. Douze ans pendant lesquels Apple ira en s'essoufflant. N'est pas génie qui veut...

«Mégalomane, impétueux, déstabilisateur et doté d'un égo redoutable»
La vente du cinquième de ses actions Apple lui rapporte 20 millions de dollars. Jobs débauche cinq des collaborateurs les plus talentueux de son ancienne entreprise, déclenchant la fureur de Sculley. Cette même année, Apple confronté à la concurrence d'IBM (Industrial Business Machine qui s'est lancé dans la micro informatique), annonce sa première perte. En 1988, après trois ans d'absence de la scène médiatique, Steve Jobs, 33 ans, signe son grand retour, plus gourou que jamais. Et donne lui même le la: «La résurrection du Christ» d'Olivier Messiaen accompagne sa première apparition publique. «Je vais vous montrer l'objet qui va changer le monde», déclare-t-il. C'est un gros cube doté noir d'un microphone et d'un clavier. Il offre déjà tout ce qui fera le succès d'Apple par la suite: NeXT, c'est son nom, reproduit les sons, communique, il est équipé en standard d'un modem téléphonique (nous sommes en 1988, l'avènement du Minitel en France) il produit des graphiques et des images de synthèses, dispose d'un traitement de texte, d'un dictionnaire, une encyclopédie et des œuvres complètes de Shakespeare (sic). Doté de son propre macro-langage, il permet à n'importe qui ayant de bonnes bases en informatiques de le programmer. Steve Jobs vise le marché universitaire américain… Et Apple.

Cependant, le NeXT ne parvient jamais à s'imposer. En cinq ans, il en vend 50.000. Les critiques se font plus mordantes. On voit alors Steve Jobs être décrit comme «mégalomane, impétueux, déstabilisateur et doté d'un égo redoutable, aimant le Ritz et se nourrissant de pommes et de spaghettis». Son rêve de créer un deuxième Apple n'aboutira jamais. Steve Jobs tente alors de transformer NeXT en un éditeur de logiciels et tente de concurrencer Microsoft.

Après l'aventure NeXT, Steve Jobs rachète Pixar en 1986
Mais chez Steve Jobs, un échec cache un succès. En 1986, il a racheté Pixar à Georges Lucas. Une fois de plus, Steve Jobs a le nez creux. Il anticipe la révolution que l'informatique va entraîner dans le dessin animé. En 1991, tandis que tout le monde -ou presque- semble l'avoir oublié, il signe un contrat avec Disney pour la fabrication de trois films. Toy Story inaugure une nouvelle ère dans l'histoire du film d'animation. Par la suite, le succès ne se démentira pas avec des films tels que Monstres et Cie ou Nemo. Introduite en Bourse en 1995, Pixar séduit les investisseurs. Et Steve Jobs, qui en détient encore 80%, est à la tête d'une fortune potentielle de 600 millions de dollars. En mariant Pixar à Disney, il devient le premier actionnaire de Disney. Lui, le champion de l'informatique, règne aussi sur Hollywood.

Un salaire annuel de 1 dollar

Le développement d'Internet redonne un coup de fouet à NeXT et lui offre de nouveaux débouchés. Trois jours avant Noël 1996, l'entreprise est rachetée pour 400 millions de dollars (dont 50 millions de dettes)… par Apple. Steve Jobs rentre à la maison, par la grande porte. A l'annonce de son retour, c'est l'explosion de joie chez Apple et dans sa communauté de fans. Il devient conseiller du président d'alors, Gil Amelio, voulant garder du temps pour Pixar. Mais l'entreprise est exsangue, Apple ne représente que 7% des ventes de PC, après avoir été numéro deux dans les années 1980. La future version du système d'exploitation Mac OS sera alliée à des technologies de NeXT, dont une des forces est de permettre aux entreprises de mettre facilement leurs données sur le net. L'entrée de Microsoft dans son capital permettra à Apple de regagner la confiance des marchés. Autre avancée significative: Windows peut tourner sous Mac. Chez Apple, Bill Gates n'est plus l'ennemi juré. Et ne le sera plus jamais, contrairement à Microsoft. Le génie sait aussi changer d'avis. Ce n'est que fin 1997 que Steve Jobs redevient PDG «par intérim» de son entreprise. A l'époque, il ne détient plus qu'une action d'Apple et perçoit un salaire annuel symbolique de un dollar. Si le salaire restera inchangé, ce n'est pas le cas des actions. A grand renfort de stock-options, il remet la main sur une partie du capital d'Apple.

Et le gourou devint une légende vivante

Plus gourou que jamais, il intervient sur scène en pantoufles noires et tricot sans manche et organise une course Mac contre NEC… Et c'est le Mac qui gagne ! Ce qui n'empêche pas les observateurs de se poser tous la même question: Steve Jobs n'est-il revenu que pour «débrancher» Apple?

Non. Steve Jobs était un phénomène, il devient une légende vivante. Jamais une entreprise n'aura autant reposé sur un homme. Un téléfilm sur la jeunesse de Jobs, Les pirates de l'informatique, voit le jour en 1999. Steve Jobs aurait bien vu Tom Cruise pour l'incarner. Trop cher. Noah Wyle, un des acteurs d'Urgences aura le rôle.

Mais Steve Jobs préfère s'incarner lui-même. Il transforme ses moindres interventions en véritables shows où tout est minuté, pour le plus grand bonheur d'une salle conquise. Il n'hésite pas à quitter une interview si le journaliste pose une question qui lui déplaît. Le fan des Beatles apprécie. Il déclenche (presque) autant d'hystérie que ses idoles.

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