www.bakelinfo.com présente un des cracks de la génération dorée des années 90 des établissements Bakélois. Amadou Diop DIA, sudiste d'origine, est devenu de nos jours un Bakélois à part entière. Fils du célèbre " DIA DENTISTE ", Diop DIA a fait ses premiers pas à l'école Amadou Waranka N'diaye de Yaguiné avant d'aller décrocher son brevet au collège Waoundé N'diaye. Sage, effacé et travailleur, il choisit la Médecine à l'Université Cheikh Anta DIOP, une discipline aux éxigences énormes . Il est aujourd'hui Médecin Interne des Hopitaux à l'Hopital Aristide Le Dantec à Dakar. Il nous parle de son enfance à Bakel, de son cursus scolaire et de son métier. Il a également donné quelques pistes de reflexion pouvant sortir le système sanitaire Bakélois de sa torpeur.
1- Amadou Diop Dia, ce nom composé est très connu dans les établissements Amadou Waranka N'diaye et le collège Waoundé N'diaye de Bakel, presentez-vous svp à notre public ?
Tout d’abord, permettez-moi de remercier et d’encourager toutes les bonnes volontés du site Bakelinfo.com pour cette initiative permettant de mobiliser les forces vives du département de Bakel vivant au sénégal ou à l’exterieur. C'est une façon également de mettre les jeunes Bakélois devant les problèmes et de recueillir leurs opinions sur le visage actuel du département.
Pour ma présentation, je suis Amadou Diop DIA, Médecin Interne des Hôpitaux à DAKAR. Je suis né à Ziguinchor mais j'ai fait mes premières humanités dans la ville de Bakel. Je suis issu d'une famille modeste dont l'histoire est fortement liée à la ville de Bakel de nos jours. Mon père était le dentiste du district sanitaire et ma famille est devenue Bakéloise à part entière depuis un certain temps.
2-Vous êtes aujourd'hui un pur produit de Bakel malgré que vous soyez originaire du Sud du Sénégal, racontez-nous votre odysée ?
Tout à fait. Une partie de ma fratrie est née à Bakel. Je me considère comme un pur produit de Bakel et j’en suis très fier. Certes, je suis moi - même né dans la région Sud du Sénégal mais j’ai vécu plus de 2/3 de ma jeunesse à Bakel. J'ai effectué tout mon cursus primaire et secondaire à Bakel respectivement à l'école Amadou Waranka N'diaye et au Collège Waoundé N'diaye ( de 1989 à 1998 ) avant d’aller au Lycée Limamoulaye de Pikine-Guédiawaye pour y décrocher le BAC en 2001 . Bakel m'a vu grandir et je garde de très bons souvenirs de cette localité du Sénégal oriental.
3- Pouvez-vous partager avec nous quelques anecdotes que vous gardez encore en mémoire concernant votre enfance dans cette ville historique ?
Y en a tellement que je pourrai en faire un Roman. Je me rappelle des parties de Football lors des recréations où on defiait les petits Bakélois qui nous traitaient de " Wolofo lemou ". Certains sont devenus avec l'âge de bons copains.
4- Alors, vous avez fait toute votre scolarité primaire et secondaire à Bakel pour aller ensuite continuer au Lycée Limamoulaye de Guediawaye/Pikine, pourquoi ce choix ?
Comme tout adolescent, je voulais tout simplement découvrir Dakar. J’avoue qu' à un certain moment, j’ai regretté ce choix parce que la vie à Dakar n'était pas une partie de plaisir. De plus, vivre loin de mes parents et mes frères installés à Bakel était très dur. Il faut dire que le Lycée de Bakel ne donnait pas également beaucoup de choix ( Séries limitées ). Je faisais parti de la deuxième promotion devant intégrer le Lycée de Bakel.
5- A la faculté en 2001 à l'UCAD, vous aviez opté pour la Medecine, choix fortuit ou envie de suivre les pas de votre dentiste de père ?
C'était un rêve d’enfant. Je pense que j’ai été aussi influencé par le fait que j’ai habité au sein de l’hôpital de Bakel pendant plus de 10 ans. Une période de ma vie où j’ai eu à côtoyer quotidiennement le personnel soignant ( médecins, infirmiers, sages-femmes, ambulanciers...). De plus, mon père était également dentiste de cet hopital. Parallèlement à cela, la Médecine était à mes yeux un métier noble.

6- Après avoir été brillant élève et étudiant, vous êtes aujourd'hui diplômé de Medecine, d'où tirez-vous cette assiduité et cette perseverance dans la reussite ?
Disons que je n'avais pas trop le choix. Mes deux parents surtout mon père étaient trop intransigeants avec les études. Il fallait coûte que coûte être dans le peleton de tête. Cette exigence a existé jusqu'à la faculté. j'étais également l'ainé de ma jeune fratrie. Il fallait être un modèle en quelque sorte.
7- Quelle est votre spécialité dans cette branche complexe ? Pouvez-vous svp nous l'expliquer de manière approfondie ?
J’ai opté pour la Médecine Interne. C'est une branche de la Médecine qui s’occupe des maladies chroniques comme le diabète, des maladies rhumatismales, des maladies sanguines et certains cancers... La médecine interne s’occupe aussi des diagnostics difficiles autrement dit le Médecin interniste a pour tâche première de poser le diagnostic d’un malade dont un médecin généraliste ou un médecin d’une autre spécialité ne parvenait pas à trouver. Il doit aussi gérer entre autre les urgences et être au chevet des malades.
9- La santé est primordiale mais elle souffre elle-même d'énormes maux, quelle lecture faites vous du système sanitaire et social du Sénégal ?
Effectivement, le système sanitaire Sénégalais souffre de plusieurs maux. On peut citer le manque criard d’infrastructures hospitalières, la vétusté du plateau technique et surtout le déficit d'un personnel soignant qualifié. Nous avons les mêmes hôpitaux depuis 50 ans alors que la population n'a cessé d'augmenter de façon exponentielle. Ceci n'est rien d'autre que la conséquence d’une mauvaise politique sanitaire du gouvernement sénégalais. On se demande même si la santé est une priorité au Sénégal.
10- Vous avez aussi fait plusieurs stages au district sanitaire deBakel, quels sont les maux de cet hopital départemental ?
Tout à fait. Durant les trois premières années de ma formation médicale, j’ai eu à faire des stages à l’hôpital de Bakel où j’ai renforcé mes acquis en soins infirmiers. Concernant les maux, il s'agit des mêmes qui gangrènent le système sanitaire Sénégalais en plus de l'enclavement. Bakel ne dispose toujours pas de bloc opératoire fonctionnel malgré sa situation géographique stratégique ( Frontalier avec le Mali et la Mauritanie ) et de son éloignement de Tambacounda et Ourossogui.
11- Que préconisez-vous pour soigner les maux qui gangrènent la santé Bakeloise à son echelle ?
Tout d’abord, il faut motiver les jeunes à s’intéresser à la santé. Bakel est une localité pleine de ressources humaines mais la majorité de cette force opte plus pour l’enseignement que pour les métiers de la santé. A titre d'exemple, il n y a pratiquement pas d’étudiants Bakelois à la Faculté de Médecine parmi les centaines que compte le département. Je pense que régler le problème de la santé publique de Bakel ne doit pas être trop difficile car ce département regorge de plusieurs cadres et émigrés pouvant apporter des solutions aux problèmes de santé de la ville et des villages.
La manne financière de l'émigration est un point clé pour résorber le problème de la santé vu que les politiques étatiques semblent inefficaces. Les émigrés réalisent déjà des projets viables ( Construction de poste de santé, Embauche de personnel sanitaire, médicaments, Cabinets dentaires, Pharmacies...) mais il doivent voir plus loin. Pourquoi pas mettre sur pied des cliniques dans les communes et des mutuelles de santé ? Je vous assure que si chacun mettait la main à la pâte, on aurait rien à envier à la capitale Dakar dans le long terme. Par ailleurs, cela obligerait l'Etat à réhausser la qualité de l'hopital public.
A titre d’exemple, pourquoi ne pas organiser des journées annuelles de consultation gratuite et de sensibilisation sur les différentes maladies dont soufrent les populations Bakéloises ? Il suffit de s'organiser et de faire appel aux bonnes volontés.
12- Le département de Bakel en entier agonise à cause de l'oubli des pouvoirs publics et l'inactivité des ressources humaines...selon vous, quelles sont les issues de secours pour sortir de cette promiscuité galopante ?
Seuls les cadres de Bakel et autres personnes animées de bonne volonté pourront résoudre définitivement ce problème. On ne cesse de fustiger l'Etat mais faut savoir que ce dernier n'arrive pas à jouer sa partition dans toutes les localités du pays. A un moment, les populations doivent compter sur elles-mêmes. D'ailleurs, les Bakélois l'ont très vite compris car les émigrés se battent tant et plus pour juguler la pauvreté dans chaque famille. Il faut également mettre la pression sur les autorités ( Députés, maires, Ministres de la région... ) pour porter la voie de la population dans les hautes instances du pays.
13- Il me semble que votre père a décidé de s'installer définitivement à Bakel et y tient même un cabinet dentaire, pensez-vous lui emboiter le pas dans le moyen ou long terme ?
C’ est une possibilité que je n’écarte pas. L'avenir nous dira.
14- Dans plusieurs villes du Sénégal surtout Dakar, les cliniques médicales sortent de terre, pensez-vous que Bakel pourra dans un futur proche leur ravir la vedette également ?
Je ne dirai pas ravir la vedette à Dakar. Bakel est un carrefour et la population a de plus en plus besoin de soins sanitaires de qualité que l’on retrouve plus dans les structures privées. Je pense que ce sera possible si les générations futures se forment dans la santé et si les "argentiers " du département et autres associations mettent leurs bourses au service de la santé. Aujourd'hui le commerce et le transport marchent bien. Il faut aussi penser à investir dans d'autres secteurs et la santé en est un.
15- Selon vous, quelles sont les conditions sine qua non pour implanter une clinique fonctionnelle et pensez-vous relever ce défi un jour en tant qu' un des premiers medecins de la nouvelle génération ?
Je pense qu'il faut de l'argent et la volonté. Je ne connais pas la manne financière qui entre dans le département tous les mois mais j'ose estimer qu'elle est conséquente pour lancer ce genre de projets. Maintenant, aux investisseurs de faire une étude de terrain et de faisabilité. A mon avis, c'est largement possible. Pour ma part, je dirai que la fin justifie les moyens. Si les moyens se présentent, je ne vois pas ce qui va m’en empêcher.
17- Avez-vous des projets personnels pour Bakel ?
Bien sur comme tout jeune Bakelois. Je me sens Bakélois de la tête au pied ( Rires ). Je fus adopté par cette ville et je pense que la Casamance ne m'en voudra pas de l'avoir abandonnée pour le Sénégal Oriental.
18- Votre dernier mot ?
BAKEL un gros chantier à exploiter dans tous les domaines: éducation, santé, économie et culture.
Informations recueillies par Samba Fodé KOITA dit EYO pour www.bakelinfo.com