J'ai rencontré Mr Mané lors de mon séjour à Bakel. J'ai croisé un homme intéressant et un passionné en tant que chef de service départemental de l'urbanisme et de l'habitat. A chaque prise de parole, on ressentait son envie d'échanger, de faire connaître son service et surtout de montrer à quel point il est au service des populations du département. C'est pourquoi j'ai jugé nécessaire de l'ouvrir une fenêtre ici afin que nous puissions juger des changements futurs qui ne manqueront de nous heurter dans la gestion de l'espace urbain.
1- Bonjour Mr Mané, pourriez vous vous présenter aux lecteurs svp ? et que faîtes vous à Bakel ?
Avant de répondre aux différentes questions, j'aimerais personnellement vous remercier de m'avoir donné l'opportunité de parler un peu de mon service qui est : le Service départemental de l'Urbanisme et de l'Habitat de Bakel. Je m'appelle Youssoupha MANE, Ingénieur urbaniste, fruit de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, détenteur d'une Maîtrise en Géographie ; module urbanisme et urbanisation ; spécialisation : Espaces et Sociétés.
Entré dans la fonction publique par décision depuis août 2005, j'avais fait huit mois à la Direction de l'Urbanisme et l'Architecture à Dakar. J'avais servi au service départemental de l'urbanisme de Pikine de Novembre 2006 au 21 septembre 2010, date de ma nomination comme chef de service départemental de l'Urbanisme de Bakel.
Comme l'ensemble des service départementaux et de Divisions régionales de l'urbanisme et de l'habitat, je suis chargé de :
- réglementer, d'appliquer rationnellement les questions d'urbanisme et d'habitat à partir des documents de planification (si cela existe bien évidemment) comme : les Plans Directeurs d'urbanisme (PDU), les schémas directeurs d'Aménagement et d'urbanisme (SDAU), les Plans d'urbanisme de détail (PUD)
- assister les collectivités locales dans des opérations d'aménagement et d'urbanisme en l'occurrence : les lotissements, les rénovations, les restructurations et régularisation, les remembrements ;
- instruire les dossiers d'autorisation de lotir et de construire ;
- veiller à l'occupation du sol pour éviter l'anarchie ;
- viser les demandes d'eau et d'électricité.
2- votre service n’est pas très connu des populations du département ! Que faîtes vous pour corriger cela ?
Pour palier à la non connaissance du service par les populations de Bakel, plusieurs actions et stratégies ont été menées depuis notre arrivée :
- l'arrêt des constructions en cours sans autorisation de construire surtout dans les trois communes (Bakel, Diawara et Kidira), par l'attribution des sommations d'arrêt des travaux ; cette stratégie consiste à faire connaitre aux populations qu'il y a un service qui s'occupe des constructions, qu'on ne doit pas construire n'importe comment. Il y a aussi l'organisation :
- des séances de travail avec les Maires et les différentes commissions domaniales ;
- des temps d'antenne avec la radio Jiida ;
- les sensibilisations par le biais des lettres circulaires aux différentes collectivités locales ;
- la création de la taxe municipale sur les constructions.
Le service départemental de l'urbanisme a été créé en 2004. je suis le deuxième chef de service. De 2004 à 2009, date à laquelle le service est devenu un poste vacant, aucun dossier d'autorisation de construire n'a été instruit et enregistré. De 2011 à nos jours le service a progressé même s'il reste beaucoup à faire. Il est difficile de couvrir tout le département surtout sans véhicule et ni personnel. Un service qui compte un seul agent technique qui est le chef de service c'est inimaginable.
La mentalité des populations est un autre facteur qui ne facilite pas la visibilité du service. Moi je note un manque de civisme envers les services. Les populations ignorent les services parce qu’elles ne veulent pas les reconnaître. Les municipalités ne jouent pas pleinement leur rôle car ne disposant pas de ressources humaines capable de gérer les différentes commissions qui symbolisent les neuf compétences transférées dans le cadre de la décentralisation. Les collectivités locales du département n'appuient pas le service de l'Urbanisme.
3-En tant que représentant de l’état à Bakel, comment intégrez vous votre service dans le schéma de développement local ?
Je représente le Ministère de l'urbanisme et de l'habitat dans le département de Bakel. Le service départemental de l'urbanisme et de l'Habitat est au cœur du schéma de développement surtout urbain. Vous pouvez demander le nombre de lotissements effectué dans les trois communes. Le service a contribué au développement urbain matérialisé par des lotissements en 2005 (Bakel), 2008 (Diawara), 2009 (Bakel), 2012 (Kidira), 2013 (Bakel).
4- Quels rapports entretenez vous avec les équipes municipales ( Bakel, Kidira, Diawara) ?
Les collectivités locales en particulier les municipalités (Bakel, Diawara, Kidira), sollicitent d'une façon permanente les prestations du service de l'urbanisme. L'utilité du service de l'urbanisme envers les municipalités est incontestable. Les frais de bornages, la taxe municipale sur les autorisations de construire, l'exigence du certificat de résidence, les nouvelles créations de lotissements sont autant de facteurs déterminants qui témoignent l'utilité de notre service qu'est l'urbanisme. La supervision des lotissements, l'identification des parcelles relève de l'assistance de l'urbanisme.
5- On a connu ce département où l’état était complètement absent (exclu les préfets et les gendarmes). Et à ce jour on assiste à un retour en masse des services étatiques, chaque ministère a au moins un représentant sur place. Cette situation crée des tensions à tous les niveaux, le ressentez vous aussi ?
Non pas du tout; chaque service doit intervenir dans son domaine si on sait vraiment notre champ d'action. Le processus de décentralisation est inachevé mais en réalité tous les ministères doivent être représentés au niveau du département sur avec l'Acte III où le département devient une collectivité locale. La représentation de tous les ministères n'est un handicap au contraire l'absence de certains ministères comme les Finances et l'environnement est ressenti au niveau des département.
L'urbanisme est pluridisciplinaire; nous partageons le traitement de certains avec d'autres ministères qui sont au niveau régional.
6- Dans un service comme le vôtre j’imagine que les conflits sont permanents avec les administrés. Comment gérez-vous ces situations ?
Les conflits existent bel et bien. J'avoue que c'est normal car les populations ignorent grandement la présence de notre service malgré ses dix ans d'existence. Les conflits sont gérés socialement c'est à dire ceux qui ont commis des infractions sont sensibilisés par rapport à la faute commise. Il y a le code de l'urbanisme et sa partie réglementaire qui est là comme texte de loi de référence pour régler les conflits entre populations ou entre populations et service de l'urbanisme territorialement compétent.
L'urbanisme est un service de répression à l'image de la Douane, de la police, de la gendarmerie...Bien vrai qu'on doit toujours faire des ampliations de sommation au Représentant de l'Etat qu'est le Préfet, le Maire et la Gendarmerie pour nous appuyer dans l'exercice de notre fonction.
7- votre dernier mot pour les lecteurs et pour bakelinfo (la voix du département de Bakel) ?
Le service département de l'urbanisme et de l'Habitat est là pour toutes les collectivités locales sans distinction aucune ; force est de reconnaître que nous n'avons pas les moyens logistiques et humains pour faire face à notre mission combien important sous nos yeux. Le service reste cependant ouvert à tout le monde. Je ne saurais terminer sans remercier bakelinfo de la pertinence de son questionnaire. Merci et bonne continuation à ce site départemental
Gas, bakelinfo.com