
Diambéré Khoumba, l’unique épouse de Mocirédin est assise devant « sa » cuisine, face à une calebasse contenant du couscous. Les enfants ont repris le chemin de l’école depuis une semaine et semblent un peu tristes de se lever tôt, d’aller dans des établissements à moitié vides car plusieurs enseignants n’ont pas encore terminé leurs vacances de Noel.
Un vent frais couvre la ville. Dès le lever du jour, une poussière gênante empêche de s’exposer dehors pour accueillir un peu de chaleur distribuée gratuitement par les rayons du soleil.
Mocirédin ne veut pas faire attention à sa femme : il a peur d’être disséqué par le regard de cette dame qu’il craint à cause de ses remarques raisonnées et raisonnables.
Il ne s’occupe désormais plus que de son chapelet qu’il égrène avec beaucoup de fébrilité. La prière de 14 heures est encore à plus de cinq tours d’horloge. Le temps lui paraît long. Très long. Que lui faut-il donc imaginer pour rendre moins lourde l’attente ?

Il s’appuie sur son coude gauche, continuant d’égrener son chapelet qui bouge entre son pouce et son index droits. Mocirédin demande un oreiller à son épouse et se « rectifie » sur sa natte de prière.
Il ne parvient pas à obtenir la concentration qu’il souhaite ! De temps en temps, sa tête se penche à gauche puis à droite. Il finit par se coucher sur la natte et dormir.
Mocirédin ne l’a dit à personne, même pas à son épouse Diambéré Khoumba, sa confidente, mais il a peur, peur de cette année électorale. Son esprit n’est pas du tout tranquille.
A travers les médias, malgré l’apaisement désiré par tous ceux qui s’expriment, une certaine tension est perceptible dans l’air. Nous ne sommes qu’à un peu moins de cinquante jours de cette échéance importante qui va désigner le Président de tous les Sénégalais et pourtant l’on continue de toujours voir les syndicalistes de tous ordres brandir même si c’est dans le désordre, la hache de guerre.
2018 est maintenant enfouie dans la lourde besace du passé, avec ses hauts et ses bas. Des hommes sont morts ou blessés après des émeutes. Certains parmi eux, bien qu’ils soient incarcérés, souffrent de blessures graves qu’ils traînent difficilement dans les prisons.
Loin des « gilets jaunes » français, des marches ont quand même été organisées à Dakar et à l’intérieur du pays, montrant l’incompréhension persistante entre employeurs (surtout l’Etat) et employés. Les écoles élémentaires, secondaires, les Universités ont secoué aussi le cocotier sans presqu’aucun fruit ne soit tombé, les dirigeants s’en tenant tout juste aux promesses de l’Etat pour sauver une année qui a failli porter la robe blanche. La Justice réclamant plus de justice, la Santé plus de bien-être ont fait savoir à leur tour leur mécontentement à qui de droit. Les politiciens sont descendus dans la rue réclamant la libération d’un des leurs. Les populations, pour des problèmes de terres, de circulations, de manque de ceci ou de cela ont battu le macadam.
De grandes figures ont marqué d’une pierre noire cette année écoulée : Sidy Lamine Niasse, Amadou Mbaye Loum, Bruno Diatta, Mame Bouh Kounta, l’étudiant Fallou Sène…
Des prisonniers sont rendus plus célèbres grâce à leur incarcération : Imam Alioune Badara Ndao, le Maire de Dakar Khalifa Sall.
Le massacre de Bofa Bayote, les multiples accidents sur nos routes, les violences faites aux femmes mais aussi aux hommes, le parrainage, autant d’événements qui ont émaillé 2018 la rendant triste.
A travers le grand miroir, les Sénégalais ont analysé, eux-mêmes leurs comportements. Ils s’y sont vus : leur nouvelle image, bien qu’inquiétante, suscite une réflexion. Elle incite à une prise de conscience et de confiance en soi-même.
Demain n’est plus qu’à un clin d’œil. L’on ne peut faire table rase du passé. Il doit servir de socle pour sécuriser l’avenir et entrevoir un futur meilleur. Comme un champ collectif à exploiter, l’effort de tous est nécessaire.
2019 sera ce que nous en ferons. Pour qu’elle soit une année de PAIX, nous devons croire en DIEU. Le pouvoir grise. Pourtant il rend aussi sage. Fuyons donc l’ivresse des moments d’abondance et pensons comme Bouki, l’hyène de nos contes, aux moments de crises qui doivent nous unir au lieu de créer la haine entre nous.
<<SENEGAL BENE BOP LA. KENE MOUNOU KA KHAR NIAR !>> Comprenons que le Sénégal est un et indivisible !
Durant la campagne électorale, Pouvoir et Opposition doivent faire preuve de retenue, se dire que dans une compétition, depuis le temps du Baron Pierre de Coubertin, il y a un gagnant mais aussi un perdant. L’essentiel, n’est-il pas de participer à relever les multiples et lourds défis que demande notre pays, le SENEGAL ?
Idrissa Diarra, bakelinfo.com