
Tout le monde le sait ! Oui tout le monde ! Donc ce n’est plus un secret pour un habitant de Saré Demba ! Lui, Mocirédin n’a jamais eu la chance de s’asseoir sur les bancs d’une école, d’une école française !
Et jamais il ne s’est plaint nulle part de cette situation ! Intérieurement il la vivait et continue de la vivre en maugréant de temps en temps loin des regards envieux.
Mocirédin remercie le bon Dieu pour lui avoir donné des enfants (trois garçons et une fille ) qu’il a inscrits à l’école afin qu’ils soient meilleurs que lui . Il ne regrette pas ce qu’il a fait pour sa progéniture. Seulement, depuis plusieurs années, les écoliers de son pays l’inquiètent. Son inquiétude va crescendo car il ne voit aucune éclaircie à l’horizon ! Au contraire, le ciel s’assombrit. Il devient de plus en plus gris.
Mocirédin se remet encore à dérouler le tapis de sa vie. Le rétroviseur de son existence passée lui montre des images claires et nettes. Ses amis d’autrefois, les enfants de Mma Dimé, Mma Malaou, Mma Fassé, Mma Moussou, Mma Diaba, tous avaient été à l’école française ; tous , sauf lui. L’école leur avait donné l’occasion et l’opportunité de vivre à Ndakarou, à Waabara et même à Marseille et à Paris.
Des larmes chaudes mouillent ses joues. Que vont devenir ses enfants après tout le sacrifice qu’il a bien voulu consentir pour eux ?
L’état et les enseignants de son pays se moquent de lui et de tous les parents d’élèves ! Les portes et les fenêtres des écoles de son pays s’ouvrent au mois d’Octobre de chaque année scolaire mais le travail ne commence que durant la deuxième quinzaine du mois de Novembre.
Trop de fêtes ! Trop de mouvements de grèves ! Le deuxième trimestre représente pour les parents d’élèves la période la plus difficile de l’année scolaire. Contrairement au mois d’Octobre qui rime avec la recherche des fournitures, des habits pour la rentrée et même ces dernières années, à l’achat du mouton de Tabaski, ces trois mois (de Janvier à la fin de Mars) sont attendus avec beaucoup d’anxiété. Les quarante huit (48) syndicats d’enseignants prennent en otages les malheureux élèves. Leur PERE, l’état, ne réagit pas à temps ! C’est ainsi que de débrayages en débrayages, d’arrêts de travail en arrêts de travail, les semaines passent et les leçons trépassent !
LE TEMPS PERDU SE RATTRAPE-T-IL ? A la fin du mois de Mai , après avoir installé la paresse dans l’esprit et même dans le corps des pauvres élèves, les mots d’ordre (maux provenant d’ordures) sont rangés dans les tiroirs, soigneusement, sans aucun pli, prêts pour l’usage l’année suivante.
A ce rythme le petit Sénégalais perd deux mois par année scolaire. En six ans d’études, arrivé au CM2 avec les connaissances d’un mauvais élève de CE2, l’enfant de Mma Khoumba Méta se présentera au CFEE et à l’entrée en sixième. Il se cassera le nez et les dents devant les épreuves du premier examen de l’école élémentaire mais l’état lui ouvrira grandement les portes et les fenêtres du collège où il ira bâiller durant deux années avant d’être remis à Mma khoumba sa mère. Deux ans de vie de collégien : 04 sur 20 de moyenne !
Pensons ensemble ! Ne soyons pas égoïstes ! Nos aînés nous avaient mis dans d’assez bonnes conditions d’études : il y avait les Ecoles Normales Régionales vite transformées en Lycées , la grande Ecole Normale Supérieure rebaptisée en Faculté.
Arrêtons de créer (politiquement) des écoles dites de proximité qui n’ont aucun apport pour les populations si les conditions de leur création ne sont pas précédées par le recrutement d’un enseignant et l’existence d’une salle de classe (pas d’un abri provisoire). Les Lycées de proximité ont parfois des effectifs (de la seconde à la terminale) qui n’atteignent pas cent (100 )élèves. Ce n’est pas souvent mais toujours avec un manque criard de professeurs de philosophie et de mathématiques.
Mocirédin est fatigué de réfléchir !
Dieu est grand ! Mais Mocirédin n’est pas petit ! Il trouvera sans doute une solution à ces nombreuses questions avec votre aide.
Idrissa Diarra,www.bakelinfo.com