
A force de réfléchir, le pauvre Mocirédin s’était assoupi, adossé au gros arbre sous lequel les canaris offraient de l’eau fraîche à toute la famille. Une fraîcheur moite due au feuillage touffu du << Fassobara/Nîme>> et des traces de la dernière pluie donnait à cet espace une certaine valeur culturelle.
Goundo, sa nièce se pencha sur lui et toucha son épaule gauche. Il se réveilla en sursaut.
<< - Oh ! Que se passe-t-il ? Dit-il en se frottant les yeux.
- C’est << taata >> Bala, le fils de Mmah Rokhya qui est venu te voir !
- Quel Bala ?
- Mais, le fils du vieux Aly, le Chef de gare !
- Ah ! oui. Comment vas-tu Kaladioula ?
- Je vais bien !
- Depuis quand es-tu arrivé à Saré Demba ?
- Tu es le premier à me voir. Je ne suis même pas encore arrivé à la maison. Dans une heure, je reviendrai avec ton neveu Mapaté . >>
Laissé un instant seul, Mocirédin se remit (comme à son habitude) à penser, à repasser les faits vécus au cours de la journée quand retentit au seuil de la maison, une voix juvénile, claire mais chevrotante, imposant le silence tout autour.
<< - Nthiakké Almoudo ! Ngotiné Almoudo ! (de l’aumône pour le Talibé ! Partagez votre repas avec le Talibé !) >> chantait le garçonnet d’à peine huit ans pour réclamer à sa manière << sa >> part du repas préparé par et pour la famille.
Si devant certaines maisons, il faut qu’il attende les restes du repas, Ousmane Almoudo sait que chez Mocirédin, il déjeunera en famille, avec tous, autour du même plat et qu’après, il continuera sa randonnée, sa sébile déjà remplie par Diambéré Khoumba .
Bala est revenu avec Mapaté au moment où Goundo rassemblait les plats pour aller les laver au fleuve.
<<- Les Kolobakari ont mangé sans attendre leur roi Kaladioula ! C’est une habitude. Ce n’est pas un fait nouveau ! Railla le fils du vieux Aly !
- Diambéré sait qu’en mangeant en groupe, tu ne te sentiras pas à l’aise ! Elle t’a préparé un gros plat rien que pour toi ! Tu n’as rien à dire ! >>
Et la discussion s’orienta, naturellement vers les TALIBES et la solidarité qui devait se tisser pour que chaque enfant se sente partout dans sa famille afin que ses études coraniques puissent se dérouler correctement pour le bien de tout le pays. CHAQUE ENFANT QU’ON ENSEIGNE EST UN HOMME QU’ON GAGNE…..
L’Education ne se fait pas seulement dans les circuits formels (écoles, centres d’enseignement, universités…) ! Les Daaras, la rue, les prisons sont aussi des espaces de formation auxquels il faut donner une certaine importance. La mendicité doit être combattue sous sa forme miséreuse avec des haillons, pieds nus, sales. Elle se doit d’être organisée. Cela permettra des dons, naturellement, sans flonflons, sans tapages médiatiques, comme le veut la bienséance, dans des lieux indiqués pour cela (mosquées, églises ou tout autre endroit désigné loin des politiciens).
DIEU a créé l’homme et la femme, le ciel et la terre, l’eau et le feu, le bien et le mal, le noir et le blanc, le riche et le pauvre, les électeurs et les élus, les corrompus et les corrupteurs …
Nous devons, chacun dans sa sphère, jouer sa partition, sincèrement, solidairement pour éradiquer certains maux devenus des mots creux, de notre société !
Le père de famille ne doit plus confier son enfant (au nom de la religion) à un marabout sans moyens. Il lui faut alors participer à la prise en charge de ce garçon !
Le marabout ne doit plus << jeter >> le Talibé dans la rue, transformé en mendiant avec des guenilles, sans chaussures. Il lui a été confié pour apprendre le message de DIEU.
L’Etat doit venir en aide à ces bonnes volontés sans aucune autre ressource la plupart du temps dans leur mission d’éducation !
Les bienfaiteurs sont aussi attendus .Bien faire sans tambours ni trompettes ! DIEU voit tout. Il sait tout. Il est partout.
TALIBES, ALMOUDOS, de beaux jours vous attendent ! Parents, marabouts, Etat, bienfaiteurs se sont compris ! Ils comprennent votre mal. Dormez bien ! A votre réveil, le pays changera !
Idrissa Diarra, bakelinfo.com