
Partout dans le pays, des menaces de grèves ! Maintenant, les menaces sont rangées dans les tiroirs : les classes sont fermées, les enfants remis à leur famille.
Mocirédin n’en peut plus ! Lui ne travaille pas. Il n’a d’ailleurs jamais travaillé dans le secteur public ou même privé. A tout moment, depuis son enfance, il ne s’est occupé que de son champ, son terrain de culture légué par ses ancêtres.
Les enfants retournent tous les jours à la maison après un tour à l’école ! Heureux, ils rangent leur sac et prennent d’assaut les rues du village, les aires de jeu …Tous les jours ! Trop c’est trop !
Il a entendu, lui le fils de Aîssé Moussa, que partout dans son pays, il y a des associations de parents d’élèves (APE), bien organisées, avec des bureaux bien structurés comme pour notre gouvernement.
A Saré Demba, il le jure sur ce qu’il a de plus précieux, qu’il se battra pour transformer les APE en SPEES (lire espèce), c’est le Syndicat des Parents d’ Elèves Ecœurés du Sénégal. Il l’a appris : un syndicat est une association mais puisque les enseignants sont syndiqués, leurs enfants aussi, les parents d’élèves vont, à leur tour se syndiquer !
<<-Les syndicalistes déposent des préavis de grève ! Nous les parents d’élèves nous ne le ferons pas ! Nous n’avons besoin d’aucun préavis ! Nous retiendrons tout simplement nos enfants à la maison. C’est la rétention (pas de notes comme le font les professeurs) mais d’enfants !
S’il n’y a plus d’élèves, il n’y aura plus d’enseignants, plus d’écoles, plus de ministère chargé de l’Education ! Et les parents ? Ils resteront toujours parents. Tout court !
Notre école ne servant plus à rien, nous allons aider ses détracteurs et ses destructeurs à la dépiécer, la dépecer puis à l’enterrer !
Il n’y aura plus de marchands ambulants car les salles de classes seront mises à leur disposition .Le pays va économiser 40% de son budget, celui qui était alloué à l’Education.
PLUS DE TRAVAIL, PLUS DE SALAIRE !
Il va donc falloir se recycler en marchands, paysans, pasteurs, pêcheurs …
Autre solution, remplir les places publiques pour jouer aux cartes, aux dames ou fréquenter les kiosques de la LONASE avec son slogan << la chance sourit aux audacieux >>.
Mocirédin pense que son idée sera acceptée par tous les parents d’élèves, las de subir les humeurs de l’Etat et des Enseignants. Belle leçon de civisme à nos intellectuels, à ceux qui ont été à l’école (les administrateurs et les enseignants) ; mais malheureusement égoïstes, ils tuent l’école qui les a formés !
Comme poussé par une main invisible dans le dos, Mocirédin ne marchait pas .Il courait presque.
<<- N’ai-je pas raison ? Pourquoi prendre en otages de pauvres parents d’élèves qui ne rêvent que d’un avenir radieux pour leurs progénitures ? De toutes les manières, ce n’est pas cette école-la, avec ses innovations infinies qui va sortir notre pays du marasme économique dans lequel nous pataugeons !
Autant orienter nos enfants vers les ateliers. Ils apprendront à construire nos maisons, à meubler nos chambres, à être des agriculteurs, des commerçants, en gagnant dignement leur vie sans tambour ni trompette !
Allez, tous les parents pour le SPEES ! Mocirédin prévient son ami Ndirissa Sidy qu’il ne cherchera à occuper aucun poste ! Il n’en a pas besoin ! D’ailleurs leur organisation ne durera qu’un mois.
C’est simple. Eux, parents ne signeront aucun accord. Ni avec le gouvernement, ni avec les enseignants. Trop, c’est trop ! Oui, trop, c’est trop !
Mocirédin s’étonne qu’une décennie durant et même plus, l’on nous tympanise à longueur de temps que le budget du ministère représente 40% de celui de tout l’Etat !
Qu’on nous éclaire sur ce montant énorme qui n’a jamais résolu les problèmes du système éducatif de notre pays !
SPEES (Espèce), dans cet espace qu’il crée ne demande qu’un peu d’espèces à l’Etat, même pas le dixième du budget) pour installer des comptoirs dans les nouvelles boutiques (les anciennes classes) et permettre à tout le monde de fréquenter la *NOUVELLE ECOLE*
Mocirédin sourit puis se pinça la cuisse pour vérifier s’il s’agit de lui-même ! Son idée lui paraît bête et en même temps bien réfléchie ! Tant pis. Advienne que pourra ! On verra la suite !
Idrissa Diarra, www.bakelinfo.com