
Les écoles ont à peine ré ouvert leurs portes que des mouvements diaboliques poussent les syndicats d’enseignants à croiser encore le fer avec l’Etat.
La santé, la justice, les chemins de fer, le monde du travail en général est en ébullition. Même les chômeurs ne veulent pas être ignorés.
Année électorale oblige !
Chacun doit se montrer, bomber la poitrine, mettre en valeur ces biceps, essayer de démontrer son importance, toiser tous les autres pour être sous la lumière des projecteurs du grand chef.
Mocirédin ne se sent pas concerner par tous ces « faiseurs de bruits ».Le chien aboie et la caravane passe !
Chaque année électorale s’annonce par ces humeurs inexplicables des syndicats qui placent la barre bien loin de la normale, des populations qui réclament, comme par enchantement, au même moment de l’eau, de l’électricité, des routes, des écoles…
Les hommes et les femmes politiques sont habitués à cette « musique ».Ils ne sont nullement ébranlés par ce son devenu si doux à leurs oreilles.
Ils comprennent la situation et la placent selon le contexte.
Ils ne s’émeuvent pas ; ont –ils besoin de s’attendrir sur tel ou tel état d’âme de pauvres gens toujours à leurs trousses, la plupart du temps, en cachant leur dignité sous l’infatigable bonnet ou mouchoir de tête.
Pour monter, il faut des escaliers. On ne peut trouver « meilleurs escaliers » que ces personnes aplaties par la misère, dénuées de toute personnalité, serviables et corvéables à volonté, incapable d’ avoir des réactions humaines
Il est très facile de se faire élire et réélire comme l’on veut parmi des personnes non pas misérables mais « misérabilisées » pour des fins électorales.
Mocirédin crie encore sans le vouloir (ALLAHOU AKBAR) à plusieurs reprises avant d’ajouter (ALHAMDOULILAHI !) trois fois.
Il prend une nouvelle position sur sa natte de prière puis réajuste le bonnet blanc que lui a rapporté de la Mecque Fanta, l’épouse de son ami Kader. Les yeux fermés, ses lèvres bougent. Elles montrent, par leurs mouvements rapides, la concentration du mari de Diambéré Khoumba.
Il n’est plus avec nous. Son esprit erre dans les airs, les déserts et au-dessus des mers. Il analyse le monde et, en grand mathématicien, essaye de trouver une solution à l’impossible équation posée par nos politiciens et jusqu’ ici sans bonnes réponses.
Mocirédin a beau se tourner et retourner sur sa natte de prière, rien n’y fait. Sa sensibilité à fleur de peau lui joue, comme lors des moments difficiles qu’il traverse : un vilain tour. Il pleure à chaudes larmes.
En remontant la chaine généalogique de l’arbre familial, il ne parvient pas à se situer parmi ses ascendants, celui qui a pu lui léguer cette forte émotion.
Pour ne pas être vu par sa femme, ses enfants et ses voisins. Il s’approche des canaris, prend un pot d’eau, en boit une bonne partie, se lave la figure et commence des ablutions.
« Ah ces politiciens ! Ils savent ! Ils le savent mieux que quiconque, le rôle éminemment important qu’ils peuvent pourtant jouer dans la société ! Malheureusement ils profitent de la naïveté de la majorité des populations pour « se sucrer » sur leur dos, leur faire voir des étoiles en plein jour et des moutons qui marchent dans le ciel à la recherche d’une herbe rare.
Une perche lui est tendue par le Bon DIEU : la voix du muezzin appelle les fidèles pour la prière. Il chausse ses vieilles babouches, Mocirédin et sort précipitamment de la maison pour se rendre à la petite mosquée de la Montagne Centrale.
Il parviendra à faire le vide dans sa tête et autour de lui. Il en a besoin.
IDRISSA DIARRA, bakelinfo.com