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Inconsolable ! Mocirédin est in-con-so-la-ble ! Après la fête de la Tabaski, l’époux de Diambéré Khoumba a totalement changé. Même si des larmes ne coulent pas encore de ses yeux rougis par la colère, l’irritation, il n’est pas loin de s’éclater pour montrer son désarroi au monde.

L’état de son mari a créé une certaine inquiétude chez Diambéré Khoumba, complètement bouleversée.

Du matin au soir, c’est le même scénario. Une atmosphère « invivable » s’installe alors dans la famille, déstabilisant les bonnes vieilles habitudes de ce couple toujours joyeux malgré les difficultés qui ne cessent de le secouer dans ce lieu jadis calme, serein. Diambéré Khoumba se pose des questions qui restent sans solution. A force de se triturer les méninges, elle devient malade. Les voisins de Cissokhoncounda, de « Louba, la grande maison », chez les Koité, de Sakhoncounda, chez Mpa Moukhoutari ou de chez la vieille Khoumba Méta passent de temps à autre s’enquérir de l’état de santé de la pauvre Diambéré qui ne comprend rien de ce qui se passe en ce moment.


Ce matin, l’ancien Directeur de l’Ecole Régionale devenue Ibrahima Malal Diaman Bathily (IMDB), le doyen Diaman Bathily, a appelé Mocirédin, depuis Madina Gounasse où il se trouve, comme il le fait souvent, pour obtenir des nouvelles de Saré Demba, la ville qu’il aime bien, mais surtout la situation de certains parents d’élèves avec qui il a gardé de bonnes relations.

Surprise ! La voix claire et habituellement réconfortante de monsieur Bathily a tout de suite déridé Mocirédin. Cette voix, bien qu’elle soit lointaine a rasséréné la famille, apporté un vent sain, guéri miraculeusement le couple. Ha ! Les bonnes relations sont parfois de véritables remèdes !

Mocirédin serre fortement le téléphone dans sa main droite et le colle à son oreille comme si c’est la main du Doyen qu’il tient.

<<-Allo, Mocirédin ! Comment vas-tu ?

-Je vais maintenant bien. Diambéré Khoumba aussi. Et à Madina Gounasse ?

-Il pleut. Beaucoup ! La famille se porte bien, par la grâce d’ALLAH ! Comment se sont comportés tes enfants Mma Tokhora et Taata durant cette année scolaire calamiteuse, bien particulière ?

-Bien. Mma Tokhora est partie passer les vacances chez sa cousine Goundouma à Dakar tandis que l’homonyme de mon grand frère m’aide dans les travaux champêtres. On ne sait jamais ! L’Ecole n’est plus « votre ECOLE », celle basée sur l’éducation, la rigueur, la confiance, la conscience professionnelle, la…

-Mocirédin, (interrompt tout de suite Doyen Bathily) ne t’aventure pas sur un terrain glissant ! Tu n’as jamais été à l’école, donc tu ne peux pas faire certaines analyses.

-Mais, monsieur Bathily, je n’ai jamais été en France, cependant je suis certain que les Parisiens dînent le soir ! Ne pas avoir fréquenté l’école française ne fait nullement de moi un « sauvage », un illettré ! Comparaison n’est pas raison, mais elle fait trouver des solutions dans des crises. Il faut que les gens s’asseyent et osent remuer le couteau dans la plaie pour parvenir à voir le tunnel, à défaut de toucher son bout. Notre école ne mérite pas cette situation-là. Ensemble, nous devons mettre de côté nos intérêts personnels pour nous pencher sur la « grande malade », l’ECOLE SENEGALAISE, et la soigner.

-Je ne dirai pas que tu es prétentieux, Mocirédin car j’admire ta « témérité », mais il faut que tu saches être humble, discuter sur des sujets que tu maîtrises…

-En ce moment, Doyen, je ne saurai jamais rien ! Laissez-moi émettre mes idées, aussi plates soient-elles, pour les confronter à celles « géniales » des autres. Ne dit-on pas que : << c’est de la discussion que jaillit la lumière ?>> Alors, Directeur, ne m’arrête pas. C’est ma manière à moi d’apprendre, en autodidacte.

-C’est bien Mocirédin, mais tu ne m’as, jusqu’ à présent pas expliqué pourquoi cette atmosphère de tristesse plane dans ta maison ?

-Doyen Bathily, tu vas encore une fois, me considérer comme un fou parce que je vais oser m’aventurer sur un terrain que je ne connais  pas : la politique, le droit. C’est à cause du PARRAINAGE et du comportement de nos hommes politiques que je « sors de mes gongs ». Le Sénégal est un pays vraiment bizarre !

Je confirme ce que tu disais tout à l’heure : je n’ai jamais fréquenté l’école française, cependant, avant de me lancer sur un sujet, je m’approche des « connaisseurs » pour avoir leur point de vue. Certains m’expliquent que le parrainage est le soutien moral que l’on accorde à quelqu’un. Ce soutien ne signifie pas que le jour « J », celui de l’Election Présidentielle, ma carte sera pour celui que j’avais moralement soutenu ! Les données peuvent changer entretemps.

Et puis, Doyen Bathily, dans la Constitution de la République du Sénégal, il est clairement stipulé que tout citoyen a le droit de briguer le suffrage de ses concitoyens. Pourquoi alors mettre des barrières ?

-Tu le sais bien, Mocirédin, même si tu me poses la question ; l’objectif recherché est d’écarter les candidats fantaisistes !

A part le parrainage citoyen, il y a aussi celui des Elus. Même si l’on considère son côté plus démocrate, plus citoyen, il faut reconnaître que dans la pratique, selon certaines « têtes bien pensantes », le parrainage citoyen présente beaucoup de difficultés notamment au niveau de la collecte et surtout du contrôle des signatures (dans un pays où plus du tiers des électeurs ne sait ni lire ni écrire !

-Mocirédin, d’autres problèmes vont surgir : le contrôle pour éliminer les multiples signataires sur plusieurs listes. Si l’on sait qu’on n’encourt aucune sanction et que, par « une petite signature » on peut obtenir d’un marchand de consciences, 1000, 2000 ou même 5000 F, il n’y a plus d’hésitation.

2000 signatures dans 8 des 14 régions, puis compléter pour avoir 52 000, c’est fermer la porte de la salle d’examen déjà à beaucoup de candidats qui crieront, le cœur léger, à qui veut les écouter, l’alibi qui les a éloignés du Concours à la Présidence de la République.

La barre aurait pu ne pas atteindre cette hauteur ! Dans le monde, plus particulièrement en Europe, toute proportion gardée, le parrainage citoyen n’atteint pas cette taille.

En Pologne avec plus de 38 millions (corps électoral), 100 000 signatures sont réclamées.

En Roumanie, pour plus de 20 millions du corps électoral, 200 000 signatures sont attendues.

En Autriche, sur plus de 8 millions, il faut la signature d’au moins 6 000 citoyens.

En Finlande pour plus de 5 millions, 20 000 signatures suffisent.

En Slovaquie avec plus de 5 millions (corps électoral), la candidature approuvée de 15 Députés ou de 15 000 signatures de citoyens sont nécessaires.


-Pourquoi alors malgré ces restrictions, des hommes politiques influents sont écartés du jeu politique ? Si tous les sérieux « concurrents » sont <<isolés>>, l’Election Présidentielle risque de devenir fade ! << A VAINCRE SANS PERIL, ON TRIOMPHE SANS GLOIRE !>> Nos hommes et femmes politiques (de l’opposition comme de la majorité au pouvoir) doivent avoir pitié de nous. Depuis l’indépendance du pays jusqu’à ce jour, ils nous ont installés dans une situation précaire, instable. Depuis 1960, quand nous avons commencé à pincer tous nos koras et à frapper nos balafons, le lion rouge n’a pas rugi. Il a plutôt rougi de honte et s’est caché dans la brousse. Qu’on s’occupe de nous, sérieusement, en tenant compte du chômage qui pousse nos enfants vers <<BARCA ou BARSAKH >>, du déficit pluviométrique qui entraînera un besoin en complément alimentaire, de notre Ecole qui meurt un peu plus chaque jour , de nos hôpitaux qui manquent d’agents, de matériels et de médicaments, de la difficulté d’approvisionnement en eau et en électricité du pays, de la malheureuse position de la banlieue Dakaroise qui vit les pieds dans l’eau, de la pitoyable précarité que vivent les habitants de KHAR YALLA à Saint Louis, de…

-Arrête maintenant Mocirédin. Il ne faut pas seulement t’appesantir sur le côté négatif. Ils ont aussi fait des réalisations de grande envergure. Cites-en quelques unes!

-Monsieur Bathily, quand l’aveugle confie sa canne à un guide, ce n’est pas pour être conduit vers un précipice ! Il voudrait que ce dernier soit ses yeux et ses pieds.

Ce qui reste à dire en fin aux Sénégalais, c’est que leur destin est entre leurs mains. Aux politiciens de tous bords, qu’ils sachent qu’à l’horizon, il y a encore plusieurs élections : les Sénégalais ne dorment plus ; ils n’ont confiance qu’à leur carte, c’est-à-dire leur voix.

Idrissa Diarra, bakelinfo.com


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