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JourneeFemmes 8Mars2017
Depuis quelques jours, Mocirédin n’en croit pas ses yeux : << sa >> Diambéré, la Khoumba de son cœur, cette dame qu’il a connue il y a plus d’une décennie n’est plus la même. Elle a changé. Bizarrement.  Subitement, sans crier gare.
Nonchalamment, Khoumba se déplace sans aucune envie. Elle ne s’active plus. Même ses plats n’ont plus la saveur d’autrefois !
<< - Que me prépare-t-elle encore, cette dame ? Que lui arrive-t-il ? Qu’ai-je fait sans le savoir ? ne cesse de s’interroger Mocirédin. Que cherchaient mesdames Badji Tabaski Sarr  CADL, Ndèye Anta Diouf Seck du Développement Communautaire et Marie Camara Présidente Départementale des Femmes de Bakel chez moi la semaine dernière ? >>

Diambéré Khoumba s’approche de son mari, tire un banc puis s’assoit à côté de lui. Mocirédin se lève brusquement et regarde son épouse.
Au sérieux de son aspect, à la froideur de ses gestes et en même temps  à la sérénité de son épouse, l’inquiétude de Mocirédin augmente.
<<- Qui est mort, Khoumba ?
-Ce sont des femmes ?
-Qui et où ?
-Mon mari, c’est une longue histoire ! Je ne te parlerai que des Sénégalaises : déjà, il y a 197 ans, en 1820, à Ndeer, dans le Walo, des femmes, sous la conduite de la Linguère Fatima Yamar Khouryaye Mbodj se sont immolées dans un sacrifice collectif préférant ce geste combien brûlant au déshonneur et à la soumission. En 1944, une jeune Casamançaise de Kabrousse, Aline Sitoe Diatta, à peine âgée de 24ans est morte en détention àTombouctou, loin des siens pour s’être opposée à la colonisation et à certaines pratiques inhumaines.
-Arrête, Diambéré ! Quelles relations ces mortes ont-elles avec mon foyer ? Avec toi Khoumba ? Elles sont Mbodj, Diatta, Sy, Sarr……..
-Oui, mais, elles sont femmes comme moi et comme moi, nuit et jour, dans les villes ou les villages les plus reculés, elles se battent pour leurs enfants, pour leur mari, pour leurs villages, pour leur pays afin que la paix règne autour d’elles, dans leur environnement. Elles se battent pour que la FEMME ait un peu de considération de la part de l’homme.
-Qui n’aime pas la paix, ma chérie ? Les femmes ont toujours été braves ! Nous les hommes vous savons courageuses, engagées dans tout ce que vous faîtes, mais délaisser ma maison pour je ne sais quelle sottise  est insupportable, irrespectueux !
-Je n’ai même pas fini d’argumenter que tu te mets sur tes ergots,  te considérant << possesseur >> de tout ce qui bouge. Déjà, la maison que nous partageons depuis notre mariage est << ta >> propriété. Tu m’exclus de tout. Je vais continuer à te citer des Dames, de grandes Dames qui ont font la fierté des Sénégalais, du monde entier, pour avoir offert à l’humanité des hommes illustres, dignes d’être pris en EXEMPLES, choisis par DIEU comme MODELES. Il s’agit de SOKHNA FAWADE WELLE, mère d’EL HADJ MALICK SY et de MAME DIARRA BOUSSO mère de SERIGNE BAMBA MBACKE. Ces Dames se sont battues face à Satan d’abord avant d’affronter dans ce monde ici-bas des ennemis visibles et invisibles. Pour ELLES, pour notre génération et en vue de préparer l’avenir de nos enfants (surtout les filles) nous commémorons la journée du 08 Mars. Une manière de leur dire merci de nous avoir ouvert  les yeux, les oreilles, tous les sens et même la voie vers notre autonomisation.
-Khoumba, d’où te viennent ces idées farfelues, saugrenues ? A qui appartiennent les jours du BON DIEU pour que vous en choisissiez un et en faîtes votre propriété ? Et nous les hommes, quel jour nous est réservé sur les 365 ? Du sérieux, Diambéré ! Qu’est-ce tu veux maintenant, ma chère épouse ?
-Que tu prennes la calebasse et te rendes au marché. Je peux t’aider en t’indiquant ce que tu dois acheter. Tu n’as pas besoin de te déguiser en portant des vêtements féminins. Juste une journée assez ordinaire pour moi afin que tu ressentes le centième des efforts que je fournis chez <<toi >>, pour << tes >> enfants, << tes >> amis, << ta >> famille.
-Je n’ai jamais su que tu étais malade (mentalement) ! Comment veux-tu que, moi, fils de Mociré et de Aissé Moussa, neveu du grand Yougoukhassé Sidibé que j’aille au marché de Bakel acheter du poisson ou de la viande, de la patate, des bouillons…….. ? Ce n’est pas possible !
-Moi, Diambéré Khoumba, n’ai-je pas de père et de mère ? M’as-tu ramassée dans la rue ? Est-ce que nous les femmes, nous sommes nées pour nous occuper uniquement de vous les hommes ? Je comprends maintenant pourquoi le thème de la journée inquiète les hommes : << Autonomisation  des femmes dans un monde en transformation. Planète 50 /50 vers 2030 >>. Vous les hommes, l’autonomisation ne vous arrange pas. Et pourtant sur le plan politique, au Sénégal, les 50/50 sont réglés ! Comment se fait-il que dans nos foyers << nos >> hommes ne puissent pas comprendre cela ? Mon cher époux, je regrette mais pour aujourd’hui, même si l’épouse de l’imam (je précise l’épouse, pas l’imam lui-même) se présentait, je partirais suivre la caravane car il est temps que les hommes, TOUS les hommes sachent que ce n’est pas, ce n’est plus la même eau qui coule sous les ponts !
-Diambéré, ma chère Khoumba, c’est difficile à admettre, mais la vérité d’hier diffère de celle d’aujourd’hui. Tu as raison ! Nous avons des sources, des puits à partir desquels on peut puiser de la bonne eau. Ces honorables DAMES que tu as citées méritent notre respect. Les Modèles qu’ELLES ont offerts au monde rayonnent partout sur cette terre ! Plus près de nous, ici à Bakel, HADJA DABEL LY peut et doit être citée parmi ces IMMORTELLES pour s’être investie, de son vivant pour sa ville, sa communauté, sans aucune considération partisane. Merci encore une fois << ma >> Diambéré, je vais au marché sans gêne. Quel plat préfères-tu pour ce 8 Mars ? >>
Diambéré Khoumba ne répond pas. Elle tourne le dos à son mari : l’émotion l’a gagnée. Quelques gouttes de larmes perlent sur sa poitrine. Elle sait qu’elle, Khoumba vient de gagner au moins une bataille. La route est encore longue, mais à cœur vaillant, rien d’impossible !
Idrissa Diarra          
 

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