La nuit est douce. Les étoiles, dans le ciel scintillent. Les enfants profitent du clair de lune pour s’adonner à leurs jeux favoris : le << Samory >>, le << Langambouré >>………... Diambéré Khoumba, sans s’exprimer oralement, démontre par ses va et vient, toutes ses émotions. Ses dents blanches éclairent son beau visage. La nature a bien doté la fille de Mma Fatou Congo. Elle le sait et en profite pour attirer l’attention de son époux sur ses générosités.
Diambéré Khoumba se rappelle encore, car c’est tout récent, le 8 Mars. << Sa >> victoire sur les hommes, sur << son >> homme à elle seule, la fait tressaillir. Comment et pourquoi ne pas continuer à se bomber le torse et à se féliciter d’avoir réussi dans ce coup d’essai un coup de maître en << imposant >> ses idées lors de la célébration de la journée internationale de la femme !
Mocirédin est couché sur le dos, un vieil éventail cachant sa figure. Il ne dort pas, le fils de Mociré ; cependant, il fait semblant d’ignorer son épouse.
<< -Que veut mon mari ce soir, avec ce temps si clément, cette lune si majestueuse, ses étoiles si brillantes, une épouse si heureuse d’avoir un homme comme Mocirédin ?
-Je cherche le sommeil que j’ai perdu depuis plusieurs nuits, répond le mari !
- Je n’ai pourtant, en aucun moment, senti ton manque de sommeil, mon mari. Dis-moi plutôt ce qui te tracasse mon cher époux !
-Diambéré, je sais que tu me connais bien, mais c’est parce que j’ai sommeil !
-C’est bien, mon homme. Dors donc et fais de beaux rêves en cette nuit magnifique ! N’oublie pas que ton ami Ndirissa Sidy a promis de passer te voir dès son arrivée sur le sol sénégalais.
-C’est vrai, Khoumba. Prépare-toi à faire plaisir à ton mari en mettant déjà en place le matériel de thé.
-Tu ne vas pas piétiner mes platebandes, quand même, Mocirédin ? Occupe-toi de ton rôle d’homme et laisse-moi le côté féminin, s’il te plaît. >>
Mocirédin replonge dans son semblant de sommeil et Diambéré vaque à ses travaux qui ne finissent jamais.
Le calme s’installe petit à petit dans la nuit qui noie le village. Même les animaux savourent la tranquillité du moment. Mocirédin est maintenant couché à plat ventre. Pas pour longtemps. Il se tourne et se retourne. Le sommeil ne veut pas venir ! Il se met à penser avec beaucoup d’attendrissement à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui ne dorment pas ou qui ferment rarement les yeux. Des larmes, il en coule souvent de ses pauvres yeux ayant vu beaucoup de choses, mais celles de ce soir sont particulières. Mocirédin sanglote. Il a honte que son épouse entende ses gémissements. Il respire fort et transpire malgré la douceur du climat.
<<- J’ai comme l’impression qu’il y a trop d’injustice dans ce monde. DIEU nous a créés, égaux. Nous nous sommes << séparés >>, chacun voulant être le plus fort, le plus riche, le plus……….., le plus………..C’est pourquoi, la liberté de pensée, liberté d’action, liberté tout court est refusée à
certains qui gênent, entravent ou gâtent les affaires d’autres personnes. Etre privé de liberté, enfermé, bâillonné, empêché de participer à la vie du village, de la ville, de la région, du pays sans raison apparente, n’est-ce pas un crime ? Nos hommes politiques sont champions dans cette pratique. Ils se connaissent tous. Très bien. Pourquoi ne pas mettre un peu de morale dans ce qu’ils font. Cesser de penser uniquement à ses propres intérêts et privilégier l’intérêt général. N’est-ce pas plus noble et plus utile pour les populations que les querelles crypto- personnelles ? Ces luttes << fratricides >> n’apparaissent qu’en période électorale. L’on n’hésite même pas à tuer !
-Mon mari, sans être diablesse, je lis dans tes pensées. Les élections législatives, locales et présidentielles sont des moments de roublardises, de ruses, de machinations, de méchancetés, de férocités qui frisent l’animosité. Il faut que l’Homme revienne à sa qualité humaine, qu’il oublie un instant les choses de ce bas monde. Nos prisons sont pleines d’hommes et de femmes, pour certains qui ne savent même pas les raisons de leur incarcération !
-Comme PASCAL, nous allons crier : << il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est fort soit suivi; la juste sans la force……………>> Diambéré, il faut dormir ! La nuit porte conseil. >>
Mocirédin envoie un dernier regard à la lune qui brille et prie pour que tous les hommes de la terre puissent profiter de cette clarté, même les prisonniers derrière les barreaux.
Idrissa Diarra, bakelinfo.com
