
A chaque heure, à chaque minute ? Non ! À chaque seconde, Mocirédin arpente la petite cour de sa maison. Ses va- et-vient incessants n’inquiètent plus son épouse Diambéré Khoumba, habituée ces temps derniers aux agissements bizarres de son mari.
Un vent chaud, traînant avec lui une sale poussière venue de chez notre voisine, la Mauritanie, ne facilite pas une respiration normale.
Il faut ajouter à cette situation désolante, la fine pluie tombée (en pleine saison sèche) au cours de la journée et qui a augmenté l’irascibilité des habitants de la ville.
Mocirédin décide de s’asseoir un moment, non pas pour se reposer mais afin de trouver un moyen, une autre manière de penser à une activité différente de sa « marche » qui le fait transpirer, malgré la longueur du parcours.
C’est à cet endroit où l’a trouvé son fils Taata, un cahier ouvert en main.
<<-Papa, demain, mercredi 4 Avril 2O18, le Sénégal, notre pays célèbrera le 58e anniversaire de son accession à l’Indépendance. Notre maître, monsieur Kimintang Camara nous a posé quelques questions auxquelles tu pourras m’aider à y répondre.
-Moi, Mocirédin ? Où vais-je trouver ces réponses ? Dans quels souvenirs d’écoliers, moi qui n'ai jamais mis les pieds dans une salle de classe pour y suivre des cours ? Qu’est-ce qui me permettra de puiser dans ma mémoire les réponses que tu voudrais ?
-Papa, l’école n’est pas le seul endroit capable d’instruire…
-Vous m’étonnez beaucoup, ta sœur Mma Tokhora et toi ! Avec des idées aussi pertinentes pour votre âge, je me demande de qui vous tenez cette intelligence ? De ta mère ou de……
-Pourquoi te poser cette question, papa ? Maman et toi êtes tous les deux très intelligents ! Ton expérience personnelle peut, à elle seule, résoudre tous les problèmes du monde, sans compter tes relations très instruites à travers les différents pays!
-Tu ne te contenteras peut-être pas de ce que je sais, mais le peu que je connais te permettra d’aller compléter auprès d’illustres historiens comme Kader Tandia et Abdoulaye Diallo.
Le Sénégal et le Soudan Français (actuel Mali) fusionnent en Avril 1959 pour former la Fédération du Mali qui a malheureusement vécu le temps d’une rose. Après l’éclatement de cette union qui aurait pu faire de nous une puissante entité, les deux pays déclarent séparément leur indépendance. Ils deviennent tous les deux membres de l’ONU le 28 septembre 1960.
Le 4 Avril 1960 est la date de l’accord signé entre la France et le Sénégal nous autorisant à accéder à la souveraineté nationale. C’est un jour important qui nous rend notre « LIBERTE » et nous désigne parmi tant d’autres pays comme « INDEPENDANT ».
Notre pays a connu quatre Présidents :
-Léopold Sédar Senghor, de 1960 à 1980
-Abdou Diouf, de 1980 à 2000
-Abdoulaye Wade, de 2000 à 2012
-Macky Sall, de 2012 à nos jours.
Du Général Faidherbe, Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861, puis de 1863 à 1865, jusqu’à ce jour, le Sénégal a eu la chance, bien qu’ayant traversé des périodes <<difficiles>>, de vivre en harmonie avec ses voisins et même avec les autres pays ne partageant pas la même langue, la même couleur, la même religion…L’entente entre ses populations, le dialogue Islamo-Chrétien, le rôle joué par l’école facilitent l’intégration de ce pays de quatorze millions (14 000 000) d’habitants dans les Organisations Internationales.
Touchons du bois. Malgré tout le bruit émis par les partis politiques et la Société Civile, en période électorale, et même avant, notre Président est <<démocratiquement>> élu.
Cependant, sans être au bord du gouffre, il est temps de se parler, de s’écouter, de s’entendre (autour d’une table), et non à travers les médias. Il faut que le Pouvoir, les Partis politiques de l’Opposition et la Société civile se mettent au travail en nous libérant de leur emprise, leur joug !
-Papa, je pense que tu sors du cadre, maintenant ! Je ne comprends plus rien à ce que tu dis ! Je te remercie. Je crois que je suis suffisamment outillé pour répondre aux questions de mon maître !
-C’est vrai Taata. Mais il me fallait vider ce que j’ai en moi, me décharger, me libérer de ce poids énorme qui m’étrangle, me sort de mes gongs ! C’est à moi de te remercier. Tu m’as permis de me détendre, d’oublier un moment mes « cauchemars » qui me hantent. Je ne veux pas m’éloigner du sujet, mon fils, mais cela m’aurait beaucoup plu de parler de l’école aussi, surtout des grèves en milieu scolaire ! Mais, ce n’est que partie remise : Indépendance oblige !
Idrissa Diarra