
Après tout juste le premier chant des coqs, le soleil s’est levé, a bâillé puis s’est étiré bruyamment. L’astre du jour a ensuite lâché quelques-uns de ses rayons sur la terre. Heureusement, pour ne pas davantage affoler les pauvres populations déjà inquiétées par la situation de la saison des pluies, il n’en a distribué qu’une infime partie.
Diambéré Khoumba chantonne dans sa cuisine le « Ndougou Demba » qui l’accompagne toujours pour extirper hors d’elle ce début de mélancolie qui l’agresse souvent. L’épouse de Mocirédin balaie coins et recoins de sa demeure. Elle a toujours quelque chose à faire la brave dame ! De l’aube aux derniers bruits du soir, la mère de Mma Tokhora et de Taata est à tout moment occupée. A-t-elle un moteur à la place du cœur ?
Des animaux domestiques (moutons, vaches, chèvres), sous la conduite de « Hooré Mbéwa », le berger du quartier se dirigent vers Goundeyni pour s’abreuver avant d’entrer dans la brousse durant le reste de la journée. Comme des élèves sages, ils descendent en rangs, soulevant la poussière jusqu’à ce que l’eau atteigne pour certains, le bas du ventre. Par des gorgées chaudes et fortes, ils arrosent ce qu’ils avaient ruminé durant la nuit. Puis, toujours sagement, sous les cris « méthodiques » de « Hooré Mbéwa », ils prennent le sens contraire, la direction de la brousse.
La journée sera longue, pense Mocirédin ! Il chausse alors ses vieilles babouches et fixe un instant le ciel avant de se décider, à contrecœur, à quitter sa maison. Il longe le long des murs pour avoir un peu d’ombre. Ces temps-ci, une épidémie de grippe sévit dans le pays. Il faut donc tout faire pour l’éviter autant que possible.
En chemin, l’homme croise son ami Boulaye Moumé (Abdoulaye le muet). Par des mimes, ils se parlent, éclatent de rires puis se tapent les mains. Amis d’enfance, à chacune de leurs rencontres, ils échangent, se rappellent le bon vieux temps. Tous les noms des amis sont prononcés, en insistant sur le bon ou mauvais caractère de l’un ou de l’autre. Personne n’est oublié : Ndirissa Sidy, Papa Cissokho, Ablaye Touré, Ablaye Fassé, Bambo Sakho, Moussa Diarilemmé, Thiéblé, Caporal Thiam, Aly Diaba, Siré Kâ, Guibril Camara, Mamadou Boulaye…Que de souvenirs ! Cela rajeunit et met du baume au cœur.
Bizarre, se dit encore Mocirédin ! De moins en moins, l’on parle de Pétrole et de Gaz, du Fer de « notre » Falémé, du troisième mandat (possible ???) du Président de la République, du remaniement ou ajustage gouvernemental et même des inondations qui inquiètent pourtant.
L’actualité a braqué ses gros phares sur MASSILAKOUL JINANE, ce joyau, cette magnifique Grande Mosquée, fierté d’abord des Mourides puis de tous les musulmans du Sénégal. L’inauguration de cette mosquée, ce vendredi 27 Septembre 2019 a rapproché les Présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, grâce au Khalife Général des Mourides Sérigne Mountakha Mbacké. La rentrée des classes 2019/2020 pour le tout nouveau Ministre de l’Education Nationale monsieur Mamadou Talla s’accroche aussi à l’actualité avec les syndicalistes de l’Enseignement qui promettent de tout bloquer si leurs revendications n’étaient pas résolues. Le Dialogue Social, le crash de l’hélicoptère de la MINUSCA, la drogue au Sénégal et surtout la libération de Khalifa Ababacar Sall perturbent l’environnement « politique » dans notre pays.
Quand vivrons-nous un jour, une heure, un tout petit moment de répit où l’actualité bloquera les infatigables aiguilles de sa pendule pour que les hommes respirent ! Qu’ils vident de leur tête déjà pleine et envahie par les problèmes qui ne finissent jamais puisqu’ils créent des faits parfois « inexpliqués et inexplicables » de notre quotidien.
Une boule, en tournant transporte avec elle, sur son chemin souvent cahoteux, bouse de vaches, pépites d’or, paille, détritus... La nature est ainsi faite. Chaque jour vient avec son lot de misères mais aussi de bonheur. A chacun sa chance !
Idrissa Diarra, bakelinfo.com