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La Voix du département de Bakel

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A peine revenu de la mosquée « Mouride » où il prie souvent les vendredis, Mocirédin rejoint « sa » place préférée en cette période de canicule : l’ombre de l’unique arbre de la maison, à côté des canaris qui donnent un tout petit peu de fraîcheur aux personnes et aux animaux (chats et poules). Il n’a pas l’air fatigué, le pauvre homme, il est complétement lessivé, éreinté, essoufflé après ces quelques dizaines de mètres de marche qui séparent le lieu de prières à son domicile.
Il se débarrasse de son grand boubou cousu par le fils du Sénateur, Djiby Konaté, jeune mais talentueux tailleur lors de  la fête de la Tabaski.

Il loue le bon DIEU de lui avoir permis d’assister à la prière de ce  jour. Il égrène encore et toujours son chapelet dont les graines commencent à s’user à force d’être frottées.
<<-ALHAMDOULILAH ! ALHAMDOULILAH ! ALHAMDOULILAH, ne cesse-t-il de répéter à haute voix. Diambéré Khoumba, qu’attends-tu pour servir le déjeuner ?
-J’avais remis le repas sur le feu afin que tu ne me dises que c’est frais ! Je….
-J’ai faim Khoumba !
-Tu mangeras tout à l’heure. Tu ne devines pas ce que j’ai mijoté pour toi ce vendredi, Mocirédin ?
-Pas besoin, car j’avalerai goulûment tout ce que tu me présenteras : je te le répète Diambéré, j’ai faim.
-En tout cas, mange bien pour avoir assez de force. On susurre que tu feras partie du nouvel attelage gouvernemental ! Tu t’imagines, moi Diambéré Khoumba, épouse de ministre ! N’est-ce pas la fin du monde qui s’approche à grands pas ?
-Ne souhaite donc pas me voir ministre pour prolonger notre séjour sur terre ! Comment peux-tu, un seul instant, imaginer (je ne dis pas voir mais entendre mon nom) parmi les ministres, alors que je ne parle même pas bien le français qui est la langue de travail des membres du gouvernement ? Est-ce toi qui vas m’enseigner ce que je dois dire ou faire ? Après la victoire du Président Macky Sall et le silence de l’Opposition, nous nous acheminons vers la fête de notre Indépendance, la cinquante-neuvième du genre et inéluctablement vers la formation d’un nouveau gouvernement. Quand aura-t-elle lieu ? Avant ou après la fête? Nous ne sommes pas dans le secret des Dieux, mais  (c’est certain), elle se fera ! Même si à travers la presse, une  date est avancée : le 5 Avril 2019, attendons !
-ALHAMDOULILAH ! Prions maintenant que tu sois ministre. Même si, par extraordinaire, tu étais nommé Ministre des sentiers et des mares asséchées, tu es ministre et moi « épouse » de ministre, avec voiture et logement  de fonction, sans compter les autres avantages comme les domestiques à mon service, la bonne nourriture qu’on aura à moindre frais (car gracieusement offerte la plupart du temps par les commerçants chercheurs de « marchés » ! Et ils ont raison parce que ton ministère aura à transformer les sentiers du pays en autoroutes « ILA TOUBA », « ILA FOUTA » ou « ILA BAKEL » et remplir d’eau les mares ayant perdu leurs dernières gouttes d’eau après la dernière pluie. Quel budget tu auras mon cher mari ! Adieu, la misère, bonjour la bombance ! Loin de nous, désormais, ces diables qu’on cherchait pour leur tirer la queue ! Le sourire ne quittera plus jamais nos lèvres ; notre maison, à tout moment, sera envahie,  de jour comme de nuit par des affamés, contre leur volonté, car rendus pauvres par les riches politiciens au lieu de les aider à sortir de la dépendance.
-Diambéré Khoumba, pourquoi tu ne penses qu’à toi, à toi seule, à ton intérêt personnel ? Moi, j’ai dépassé depuis très longtemps cette manière de voir. En âme et conscience, je suis certain que pour faire avancer notre pays, il faut que chacun, à son niveau consente des sacrifices.
Un Premier Ministre et vingt ministres suffisent pour moins de quinze millions d’habitants. De grâce, qu’on ne nous tympanise pas avec : <<autant d’hommes que de femmes !>> Il faut mettre en avant la qualité, c’est-à-dire des hommes ou/et des femmes capables de mener notre « barque » à bon port. Vingt femmes seulement ou vingt hommes, l’essentiel qu’elles ou ils soient  en mesure de remplir correctement, consciencieusement la tâche qui leur est confiée !
-Où trouveras-tu ces oiseaux « rares », lance en l’air Diambéré Khoumba? Au sommet des baobabs, dans les profondeurs sous-marines ou sous la terre parmi les morts ou les vers de terre ?
-Ces oiseaux sont bel et bien sur terre parmi nous. Ils ne sont pas rares comme tu le penses. Le Sénégal est plein de milliers d’hommes et de femmes de ce genre. Il faut les trouver puis avoir confiance en eux. Ce n’est pas négligé le MONDE RURAL que de regrouper les membres de sa famille naturelle : l’Agriculture, l’Elevage, les Eaux et Forêts, la Pêche dans un grand ministère avec des Directions actives. L’EDUCATION réunira aussi tous les ordres d’enseignement et de la formation (du Préscolaire au Supérieur) tandis que tout ce qui est « tenues » se retrouvera dans la SECURITE et la DEFENSE (Gendarmerie, Armée, Police, Sapeurs et même la Douane). Les Infrastructures, les Transports (routes, rails, mers, fleuves, airs …) dans le même ministère. Le Tourisme et le Commerce ensemble ! Le Sport, la Culture et la Jeunesse (qui est d’ailleurs transversale) seront dans le même ministère pendant que la Santé s’occupera autant des hommes que des animaux. On verra bien ce qu’il faut faire des autres : les Affaires Etrangères, la Justice….
-Et notre Assemblée Nationale ? Et les Institutions comme le Conseil Economique, Social et Environnemental, le Haut Conseil………. ?
Pour l’Assemblée, il faut là aussi être raisonnable ! Deux Députés pour chacun des quarante-cinq Départements  suffisent, sauf pour Dakar, Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor et Kaolack qui peuvent avoir trois ou quatre représentants. Le professionnalisme dans la politique est révolu ! Chaque Sénégalais doit désormais « mouiller » son maillot, travailler durement s’il veut vivre et non chercher de beaux mots qu’il enjolive pour tromper ses concitoyens. L’heure est au travail !
-Diambéré Khoumba, en plein jour, tu m’as fait rêver ! S’il te plaît, maintenant, quand est-ce j’aurai mon déjeuner ? Et reviens sur terre. Je ne suis ni ne serai ministre. Tu ne pourras, malheureusement pas être épouse de ministre ! Mon rêve, justement, c’est de faire disparaître ces disparités, créer une certaine égalité, un semblant d’uniformisation pour que tous les Sénégalais se sentent les mêmes, égaux. >>
Idrissa Diarra 
 

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