
Mocirédin est un personnage atypique, un homme hors du commun !
Quadragénaire, ce natif de Saré Demba, sur les rives du fleuve est vraiment particulier. Durant ses quarante années de vie, ce Soninké du Gadiaga n’a jamais quitté son village natal.
Comble de désastre (???) ses parents venus du pays d’en face, n’ont pas jugé avantageux d’inscrire Mocirédin à l’école française. Même le marabout du quartier a été évité ! On ne sait jamais avec ces *Islamistes* tant décriés !
Ainsi, Mocirédin était, on le pense, un terrain inutile, une terre sur laquelle ne poussera aucune plante, aucune idée lumineuse.
Dans son quartier, son village, malgré ce handicap « sévère », l’homme ne se sentait pas inférieur aux autres. Au contraire, son esprit critique toujours en ébullition, ses remarques pertinentes au cours des discussions, son éloquence ont fini par le rendre sympathique, incontournable aux yeux de tous.
Sa compagnie était recherchée et ses idées partagées.
Un soir, alors que Mocirédin se promenait, pensif des sons de tams-tams ont attiré son attention.
Plus curieux que lui tu meurs ! Il prit la peine de se déplacer. Sur un terrain vague, à deux jets de pierres l’un de l’autre, deux groupes étaient en meetings.
<< -Que se passe-t-il ici ? demanda-t-il dans le premier groupe ?
-Nous battons campagne pour que le OUI du Président de la République passe avec plus de 90 des voix le 20 Mars !
-Nous répondrons par un NON massif à cette même date pour dénoncer le non respect de la parole du Chef. Nous espérons faire basculer le plateau de la balance de notre côté, dit le deuxième groupe. >>
Non loin des deux groupes, l’un pour le OUI et l’autre pour le NON Mocirédin avait créé un troisième groupe. Un groupe qui grossit et attire plus de monde sans tambour ni trompette.
Il parle beaucoup et il est écouté, Mocirédin.
<<- Hommes et femmes de mon village, chaque jour nous répondons par OUI par NON aux différentes questions qu’on nous pose. A-t-on vraiment besoin d’organiser (avec des dépenses toujours énormes) des rencontres de ce genre alors que certains n’ont ni déjeuné ni dîné ; d’autres n’ont pas encore réglé leurs factures d’eau ou d’électricité ? Ne faudrait-il pas s’occuper d’abord de ces hommes et de ces dames dans le besoin au lieu de détourner << notre argent >> à des fins égoïstes car personnelles ?
Cela demande-t-il de fouetter son chat ? De se fâcher ? De ne plus saluer son voisin ? De vider les ateliers, les bureaux, les marchés, les écoles pour une campagne référendaire ?>>
Retournons dans nos ateliers et autres lieux de travail. Le jour-J choisissons OUI ou NON, ou tout simplement ne disons ni OUI ni NON ; donc taisons-nous.
Ne pas choisir aussi c’est choisir, même si dans un tel cas, à savoir les élections, s’acquitter de son devoir civique n’est-il pas un bon et beau geste citoyen ?
Idrissa Diarra,bakelinfo.com