Mocirédin se remet petit à petit des fortes émotions qui l’ont ébranlées ces derniers temps à savoir la perte de quelques amis d’enfance comme Demba Lémmé Cissokho, Cheikh Tamboura , Ndiaye Guèye, Yougoukhassé Konaté. C’est la volonté divine, ne cesse-t-il de répéter. Et à chaque fois, s’échappe de sa bouche << ALLAHOU AKBAR ! >> dit et redit à plusieurs reprises.
Des larmes perlent sur ses joues noires qu’il efface rapidement avec la manche droite de son grand boubou gris.
Il se perd dans ses pensées car il est revenu à sa tendre enfance comme toujours quand il se retrouve seul.
Il décide alors de faire quelques pas; des pas qui le conduisent au Pavillon René Caillé. Mocirédin est maintenant sur le toit de son village ! En cette fin d’hivernage, la nature est encore belle: presque partout la verdure noie les espaces libérés par les habitations. Les marigots sont pleins d’eau et les nénuphars embellissent les alentours. Les grenouilles coassent mais leurs cris n’empêchent pas quelques femmes du quartier de papoter sur des sujets sans grande importance.
Cette année, chez nous à Saré Demba, après la saison à la pluviométrie mal répartie, le sourire n’éclairera que quelques rares visages: les champs sont dans un état pitoyable. Les récoltes ne seront pas bonnes. C’est ce qui explique les prières dans les mosquées tous ces jours-ci pour demander au BON DIEU de lâcher encore quelques gouttes précieuses de pluie sur les cultures pour les amener à maturité.
Mocirédin profite du passage de son fils Dougoufana pour l’envoyer chercher sa nièce Goundouma arrivée de Paris il y a deux jours.
En pleurant, cette dernière s’accroche à son oncle.
<<- Que se passe-t-il, ma nièce ?
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Je viens de Bondji. J’ai assisté à un terrible accident vers la sortie de la ville, dit-elle. Une moto- Jakarta a violemment heurté deux militaires. L’un d’eux est Caporal-chef et l’ autre Soldat de 1ère classe de la 10e CVB. Ils revenaient tranquillement de la ville, ce samedi matin, aux environs de dix heures quand cette moto, roulant à tombeau ouvert les a percutés, les projetant dans le bas-côté, à quelques mètres du mur du camp militaire. Le motocycliste voulait éviter des véhicules qui entraient dans Bakel.
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J’espère qu’il y a plus de peur que de mal ?
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Malheureusement, non ! L’un a une fracture sérieuse à la jambe gauche et l’autre souffre de traumatisme au niveau de la hanche. Après les premiers soins au District de Santé de Bakel, ils ont été évacués à Tambacounda. Quant au conducteur de la moto, il s’en tire avec quelques dents de moins !
-Voilà ce que j’ai toujours déploré : la non organisation de ce secteur du transport ! Au cours de cette même année 2016, un accident de moto-Jakarta a emporté un commerçant, père de famille nombreuse. Beaucoup d’autres accidents sont signalés sans que des mesures rigoureuses ne soient prises pour assainir le secteur des motos-Jakarta.
Il faut un contrôle plus régulier (non pas des engins mais des conducteurs). Même s’il est vrai que les temps sont durs et les vivres rares, l’on doit exiger à chaque conducteur d’être inscrit à la mairie. La copie de ce document doit être déposée à la gendarmerie. Chaque conducteur doit aussi (comme les collégiens) avoir sa blouse avec ses prénom et nom, son numéro de téléphone sur le dos, pas le numéro du propriétaire de la moto ! En cas de contrôle, s’il n’y a pas concordance entre le nom sur la blouse et celui figurant sur la carte d’identité, le motocycliste est arrêté. Les citoyens de Bakel méritent bien cela. Je n’ai jusqu’à présent pas parlé de permis de conduire ! Les cartes d’identification renseignent au moins sur l’âge du conducteur ! Il ne faut pas attendre une superposition de catastrophes pour enfin intervenir. MIEUX VAUT PREVENIR QUE GUERIR ! >>.
Mocirédin a déjà changé de sujet ! Face à Goundouma, il ne parle désormais plus que de ses petits enfants restés à Aulney-sous- bois.
Idrissa Diarra, www.bakelinfo.com.
