
Alors que l’assouplissement continue de défrayer la chronique au Sénégal, en faisant la Une des journaux, une certaine détente se remarque auprès des populations, peut-être lassées par ces mois de couvre-feu.
Qu’on le veuille ou non, monsieur CORONAVIRUS a marqué le monde. Il a laissé son empreinte sur son passage qui n’est pas près d’être oublié. Un changement de comportements dans le bon sens du terme s’affiche de jour en jour : le port des masques de protection qui défigurent les porteurs, la distanciation physique, le lavage régulier des mains à l’eau et au savon, le respect du couvre-feu…
L’arrêt du transport interurbain a presque fait disparaître les accidents de la circulation. La vigilance des services de défense et de sécurité, nuit et jour, en ville comme en campagne, rassure les populations car les attaques et les vols ont diminué même si de plus en plus, ces temps-ci, les faux billets et la drogue empestent l’atmosphère.
Mocirédin s’est rendu ce matin, en compagnie de son fils Taata, l’homonyme de son frère aîné, à la grande mosquée pour la prière de la Korité, l’AID EL FITR avec l’Imam Maamy Kébé. Aux HLM, à la mosquée Mouride comme à la mosquée « Ismaila Dramé » et à la mosquée de Grimpallé, les fidèles musulmans ont prié demandant certainement au bon DIEU d’éradiquer ce CORONAVIRUS qui étouffe tout le monde sans distinction de position sociale ni de sexe.
Egrener le chapelet, réciter des versets du saint Coran, chanter les louanges à DIEU le TOUT PUISSSANT restent ce qu’il faut désormais à tout moment faire pour demander la clémence d’ALLAH, le MISERICORDIEUX.
Maintenant que l’eau est versée, il n’y a plus qu’à regarder le sol mouillé !
<<-Diambéré Khoumba, nous vivons un moment de confusion : les grandes firmes pharmaceutiques s’entredéchirent, chacune vantant ses propres mérites, l’infaillibilité de ses produits, l’assurance, la fiabilité de ses médicaments ! Qu’est-ce que tout cela t’inspire demande Mocirédin ?
-Mon mari, j’ai des craintes, non pas pour le présent mais pour l’avenir de mon pays, de l’Afrique, du monde, des hommes et des femmes de notre planète. J’ai peur pour l’après-CORONAVIRUS. Que deviendrons-nous ? C’est la question qu’il faut se poser. Pour moi, ta pauvre épouse, je pense que c’est le moment idéal pour le Sénégal, pour l’Afrique de prendre ses responsabilités. L’Afrique a toujours profité de l’ingéniosité, de la grandeur, des connaissances de ses fils dans tous les domaines. De nos aïeux jusqu’au début du siècle, nos tradipraticiens étaient là, nous sauvant contre tous les périls. Nous ne nous sommes que bien sentis.
-Moi, ton mari, en âme et conscience, je peux dire et en toute sincérité que tu as raison. Je ne suis pas d’aujourd’hui, de cette époque où, pour un mal de dents ou pour une plaie, il faut courir voir l’infirmier ! Même pour la rougeole, la coqueluche ou pour une autre terrible maladie, nous étions soignés sur place. Autrefois, nous avions nos tradipraticiens, ces hommes, vrais manipulateurs, excellents « manieurs » de nos plantes : des racines aux feuilles, en parlant de l’écorce et de la sève, aucun secret ne leur était inconnu. Ils savaient tout. Les maladies devenues endémiques ou pandémiques ne datent pas d’aujourd’hui. Et pourtant grâce à nos « GUERISSEURS » le péril a été combattu et bouté hors de nos frontières. Ces connaissances sont toujours là, présentes mais cachées, savamment piétinées pour être oubliées au profit d’une autre médecine venue d’ailleurs.
- Mocirédin, nos « herbes » ne quitteront jamais nos brousses, nos savanes, nos forêts. Au contraire, des chercheurs nous viennent d’ailleurs pour « piller » ces lieux parfois interdits à nos concitoyens « marabouts ». Osons croire à nos valeurs, ayons confiance en nous-mêmes, utilisons nos propres produits pour nous nourrir, pour nous soigner, pour nous habiller pour nous instruire dans nos langues nationales.
-L’après-CORONAVIRUS sera dur et difficilement supportable. Il faut, de la part des populations, beaucoup de courage. Rien ne sera facile : à commencer par cette rentrée des classes du 2 juin 2020 dans des écoles sans clôtures, sans eau, sans électricité, sans toilettes, avec des abris provisoires pour une période qui sera pluvieuse selon la Météo ! il faut s’attendre à des « problèmes ». La question qui mérite d’être posée : comment peut-on penser, après plus de quatre mois sans cours dont deux mois de grèves des enseignants et deux mois et demi pour cause de CORONAVIRUS, organiser des examens sérieux. Ensuite, c’est toute l’économie qui ressentira le passage de cette pandémie. 80% des sénégalais vivent des retombées de l’agriculture. Laissera-t-on les enfants aller à l’école sous la pluie dans les conditions citées plus haut, eux qui représentent la main-d’œuvre des parents ? Les commerçants, les éleveurs, les pêcheurs, les transporteurs (aériens, terrestres et maritimes) doivent s’attendre aussi à des moments difficiles à vivre. Il va falloir, pour beaucoup d’entre eux, s’adapter, changer le fusil d’épaule, opter pour une autre forme de survie.
-Mon mari, au-delà de cette crise économique, j’ai aussi peur de cette nouvelle nous venant de la France, annonçant la mort du FCFA et la naissance de l’ECO.
-Diambéré Khoumba, n’est-ce pas l’occasion rêvée pour prendre toutes nos responsabilités ? Comme chez les militaires, disons avec eux : « ON NOUS TUE MAIS ON NE NOUS DESHONORE PAS »
Idrissa Diarra, bakelinfo.com