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Dechets 800x400

Les aléas de la vie ont fixé Mocirédin, sans qu’il le veuille, dans son Bakel natal depuis sa naissance. Comme ses camarades d’enfance : les Boulaye Touré, Papa Cissokho, Ali Diaba, Ablaye Fassé, Mamadou Bakary, Moussa Diarinlémé, Bambo Sakho, Ndirissa Sidy, il aurait aimé aller voir ailleurs, vivre sous d’autres cieux, adopter une autre manière de se comporter. Y penser apeure, de temps en temps, le pauvre Mocirédin, car pour rien au monde, il ne voudrait se dénier, s’oublier, couvrir de sable de plage son existence auprès de sa chère épouse Diambéré Khoumba et de leurs deux adorables enfants Mma Tokhora et Taata.

 Faut-il regretter la réalité ou tout simplement refuser le destin tracé pour nous par le bon DIEU ? Ce serait un suicide.

Mocirédin ne s’est jamais plaint. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il le fera alors que ses cheveux ont déserté la couleur noire pour emprunter le blanc de lait  qui couvre désormais sa tête. Il ne se cache même pas la tête sous un chapeau ou un bonnet. Il préfère montrer la couleur de ses cheveux blancs pour exiger des plus jeunes et de ses égaux qui n’en ont pas encore, le respect dû aux personnes âgées, celles du troisième âge.

Il se rappelle (que c’est bien loin !) son enfance dans ce quartier, à l’époque pierreux, et tous ses camarades de jeux, beaucoup d’entre eux aujourd’hui disparus.

Chaque soir qui tombe entraîne dans sa chute l’impossible retour au royaume d’enfance. Les souvenirs s’accumulent, s’entassent et se tassent dans un coin de sa vieille tête.

Mocirédin remercie DIEU le Tout Puissant encore une fois et pense à ces millions de démunis, ces pauvres qui, du matin au soir, ne se reposent jamais. Toujours à la recherche du pain quotidien, certains sont obligés de tendre la main, honteusement devant des hommes et des femmes comme eux. D’autres plus fiers, malgré la pandémie de la COVID-19 et les affres de la vie se battent comme de beaux diables pour pouvoir subvenir aux besoins de plus en plus colossaux de leurs familles nombreuses.

Combien de personnes vivent, loin des yeux, des mains généreuses et des cœurs sensibles dans des lieux impensables pour la majeure partie des gens : les poubelles, les dépotoirs d’ordures, les déchets recueillis dans les WC…

Très tôt, surtout des hommes et de plus en plus de femmes et d’enfants (des talibés) quittent leur domicile, le ventre vide, en haillons, se précipitent pour devancer les lève-tôt à la recherche de « recyclables », c’est-à-dire d’objets jetés qu’ils mettront ensuite sur le marché. Ces morceaux de fer, ces bouteilles en plastique, ces vieux vêtements de gens de la haute société, ces chaussures refaites auprès de cordonniers, ces matériaux de récupération très utiles leur rapportent parfois des sommes à la hauteur de l’immense effort fourni sous le vent, la pluie, le soleil, le froid ou la chaleur.

Des « éboueurs » aux narines extraordinaires vident des fosses pour déverser leur contenu loin des maisons ou dans des jardins.

Ce qui fait dire que : rien ne se perd, tout se transforme, en pensant à Lavoisier ! Ces travaux (le ramassage des déchets) qui n’effleurent jamais un esprit « sain » car au-dessus des envies des hommes normaux, même s’ils semblent dégradants, honteux à la limite, nourrissent des familles entières.

Le soir, le retour au domicile est douloureux pour ces hommes et ces dames, chargés de leurs « saletés », cet espoir qui les maintient encore en vie ! Sans ces objets pourtant insignifiants aux yeux des autres, que deviendraient-ils, pauvres hères qu’ils sont déjà ?

La dignité ? Elle n’est pas comme un vêtement que l’on porte ou enlève selon sa volonté. Même si elle peut être héréditaire, elle est acquise par une force de caractère, un engagement personnel de soi, la peur de la honte, la honte d’être la risée de tous. Il n’existe pas de sot métier ! Un jour ou l’autre, les choses peuvent changer : de ramasseur d’ordures, l’on peut, sous une baguette magique, devenir multimillionnaire. De plein aux As, tout ce que vous possédez peut aussi disparaître et vous transformer en un « moins-que-rien », en un pauvre, un dépendant à jamais des autres. En ce moment-là, la vie, la vôtre, va s’écrouler, fondre comme beurre au soleil !

Les déchets, quelques que soient leurs formes proviennent des hommes. Alors un peu de considérations pour ceux qui nous en débarrassent et se nourrissent humblement des rejets de la société.

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

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