
L’obscurité a repoussé la lumière du jour. Les lueurs diurnes disparaissent. Les ombres de la nuit se sont royalement installées. C’est le moment choisi par les bergers, à l’approche du crépuscule pour conduire les animaux repus dans des enclos aux alentours du village. Abdou Salam, le muezzin du quartier « Guidinkhama », la Montagne Centrale, a déjà appelé les fidèles pour la dernière prière. La lune, majestueuse, petit à petit, se montre et éclaire avec les étoiles la surface de la terre.
Une pluie fine martèle le toit en zinc de la maison d’à côté, celle des Traoré et joue une musique bien rythmée qui dérange les enfants de Mocirédin qui ont commencé à dormir.
Diambéré Khoumba, l’adorable épouse du chef des lieux, Mocirédin, est encore et comme toujours dans « sa » cuisine. Le dîner, bien que prêt, n’est pas encore servi. Il faut bien préparer même s’il pleut ! Les hommes ont peur de la faim.
Emmitouflé dans son vieux grand boubou bleu pour se protéger contre le léger froid, après la pluie d’hier, Mocirédin égrène son chapelet, assis sur sa natte de prière. Durant une bonne partie de la nuit, l’homme a pris maintenant l’habitude de se consacrer à DIEU, le Tout Puissant. Ainsi, silencieusement, il fait tomber les grains de son chapelet. De temps en temps quand même, il laisse échapper des « ALLAHOU AKBAR » si retentissants qu’ils font sursauter Diambéré Khoumba.
Les coqs ont rejoint naturellement leur poulailler ; ils ne chantent pas encore ; ils attendent l’aube pour réveiller les gens du quartier.
Après le dîner, Mocirédin a rangé tardivement son chapelet. Il ne parvient pas à dormir, malgré les doux chants concoctés en son honneur et murmurés langoureusement à son oreille !
Son esprit erre dans la nature à la recherche d’un point de chute et un moyen de s’oublier, de dormir même un petit instant avant la prière de l’aube ! Impossible ! La COVID-19 est toujours présente et hante tout son être !
Et pourtant, se dit-il, l’homme n’est pas éternel ! Il naît, il grandit, vieillit puis meurt (pour celui qui a de la chance !).
<<-A quoi pense encore mon mari, demande Diambéré Khoumba car je sais que tu ne dors pas ?
-Ma chère épouse, je ne comprends pas la réaction des hommes face à la COVID-19 ! C’est comme si c’est la première maladie du monde, la seule pandémie ! Plusieurs générations d’hommes et de femmes ont longtemps existé avant notre venue sur cette terre ! Où sont-elles aujourd’hui ? Est-ce la COVID-19 qui les a emportées ?
-Mon mari, parfois tu as des idées qui me font peur. Je n’ose pas m’engouffrer sur la voie où tu veux m’entraîner. Nous (les hommes) sommes nés. Si le Bon DIEU nous prête longue vie (car tout dépend de LUI !), nous grandirons, nous allons vieillir et pour cause de maladie (n’importe quelle maladie !) ou d’une manière naturelle puisque nous ne sommes pas éternels, nous disparaitrons de la surface de cette terre ! Et la vie continuera après nous ! Alors…
- Diambéré Khoumba, le monde ne date pas d’aujourd’hui. Grâce à mes amis, « mes » intellectuels, j’ai appris beaucoup de choses ces derniers temps sur les maladies. Plusieurs d’entre elles existent toujours et continuent de tuer ! Pourquoi donc craindre cette nouvelle maladie ? Tant que l’homme vivra (le temps imparti par DIEU puis réparti selon Sa volonté), bien que la Science ait fait des avancées considérables dans la recherche, d’autres maladies apparaitront et tueront des hommes et des animaux. Des maladies, parlons-en. Alors que la planète Terre se bat pour mettre fin à cette pandémie (la COVID-19), nos aïeux, plus fatalistes que nous, avaient connu de nombreuses épidémies au cours de leur vie. Entre autres, présentons d’abord :
. LA PESTE.
C’est une maladie des rongeurs, principalement véhiculée par le rat et transmise à l’homme par des piqûres de puces de rongeurs infectés. C’est Alexandre Yersin qui découvrit le bacille de cette maladie en 1894.
Combien de personnes en sont mortes dans le monde ? Des millions !
.Ensuite, le Syndrome d’Immunodéficitaire Acquis : le SIDA.
Responsable de plus de 36 millions de morts, le SIDA est apparu en 1920. Son virus est transmis à l’homme par des singes. Entre 1940 et 1960, Léopoldville (actuel Kinshasa) a été l’épicentre de la pandémie du VIH/SIDA.
Le SIDA s’installe quand le système immunitaire est débordé. Deux modes d’infection sont signalés pour le VIH : les rapports sexuels non protégés et les échanges de seringues.
.Puis EBOLA
La maladie à virus EBOLA, autrefois appelée aussi la fièvre hémorragique à virus EBOLA est une maladie virale rare, grave, souvent mortelle chez l’homme. Le virus a été découvert en 1976, lors des deux flambées épidémiques au Soudan et en République Démocratique du Congo. Les chauves-souris seraient à l’origine des épidémies. Tous les fluides corporels sont contaminants : salive, sueur, déjection, urine, fluides sexuels.
Elle continue de tuer encore des personnes, beaucoup de personnes.
.La MALARIA ou LE PALUDISME ou encore LA FIEVRE DES MARAIS
La malaria est une maladie qui peut être mortelle, due à des parasites du genre PLASMODIUM transmis par des moustiques de types anophèles infectés qui piquent habituellement la nuit. Au Sénégal, le paludisme, plus meurtrier que la COVID-19 tue une personne toutes les 36 heures.
.LA COVID-19
Depuis bientôt deux ans, cette « nouveauté » a envahi le monde, perturbant les habitudes des hommes. L’homme a détruit son environnement : le changement climatique crée des problèmes respiratoires. L’on parle des gaz à effet de serre ! Tant que l’homme ne prendra pas conscience que c’est lui qui est à l’origine de ce qui lui arrive, les choses s’aggraveront davantage. La COVID-19 est là, bien présente, installée comme ses devancières. Il faut désormais apprendre à vivre avec elle comme l’on vit avec le SIDA, EBOLA, le DIABETE, l’INSUFFISANCE RENALE, la DREPANOCITHOSE, le PALUDISME…
-Mon mari, tu as tout dit ! Les maladies ne datent pas d’aujourd’hui. Tant qu’il y aura des êtres vivants, des maladies aussi seront à leur côté pour les assagir, les éduquer sur les bons comportements à adopter. Par exemple, après avoir détruit notre environnement, au lieu de chercher à le restaurer, nous envenimons le mal. Ce n’est pas pour rien qu’on nous demande le port des masques de protection et des mesures-barrières comme le lavage des mains… C’est significatif ! Dans le monde, il y a déjà plus de 209 489 010 décès dus à la COVID-19. L’Afrique y a laissé aussi des plumes avec plus de 7 234 821 décès.
-La COVID-19 n’est pas et ne sera jamais la dernière maladie, comme tu l’as si bien dit, Diambéré Khoumba. Etre malade ne signifie pas mourir ! Mais éviter de l’être rassure quand même. Le Sénégalais lambda aussi bien que les décideurs et les hommes comme les femmes politiques doivent se regarder les yeux dans les yeux pour se dire la vérité. Il n’y a plus rien à se cacher dans ce monde où tout se sait à la seconde-près. Les Scientifiques doivent avoir le même langage. Les voies de la recherche peuvent différer mais elles doivent conduire au même objectif : le bien-être des populations. Ma chère épouse, riches et pauvres, hommes et femmes, jeunes et vieux, Noirs et Blancs, nous naviguons ensemble dans le même bateau ; faisons en sorte qu’il ne chavire pas ! >>
Idrissa Diarra bakelinfo.com