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Moutons Tabaski Mociredin

La chaleur venue peser de tout son poids sur les coupures intempestives d’eau et d’électricité dans cette première décade du mois de juin (porte d’entrée de la saison des pluies) rend la vie des Bakélois insupportable.

Les gens ne se plaignent plus ! A quoi servent ces mouvements de colère, ces brassards et tee-shirts rouges que les mécontents arborent, si partout dans le pays c’est devenu comme une sorte de jeu, une publicité face aux médias ?

 

Est-il nécessaire de se cotiser ou d’être soutenu par les politiciens de la majorité comme de l’opposition pour montrer sa belle dentition ou les tee-shirts nombreux et chers qui auraient pu dépanner une centrale électrique ou un forage ?

Mocirédin jure de ne plus se montrer dans ces manifestations plus que politiques. Trente et un (31) jours seulement nous séparent de cette fête tant attendue par les femmes et les enfants ! Trente et un jours, un mois de supplice pour les hommes, les pères de famille qui ne dorment plus depuis la dernière fête musulmane, la korité passée avec ses lourdes charges.

Maintenant, il faut regarder devant soi, chercher un bélier, habiller femmes et enfants (sans un brin de pensée pour soi-même), ne pas oublier les traditionnelles dépenses du mois : la dépense quotidienne, la location, les factures d’eau et d’électricité (heureusement qui ne se chevauchent pas), les éternels créanciers qui vous guettent à tout moment dans les lieux les plus imprévus, et votre vieux corps, impitoyable, qui vous rappelle que les médicaments qu’il faut régulièrement acheter sont terminés. A quoi bon se démener pour voir tous ses efforts anéantis ?

<<-Mon DIEU, implore Mocirédin, les travailleurs du public comme du privé sont en train de jubiler. Le Gouvernement a doublé leur avance de Tabaski. Certains paysans, étant dans leur période de récolte peuvent écouler leurs produits. Mais ALLAH, la majorité de mes compatriotes sont dans la même situation que moi ! Nous ne travaillons ni dans le public ni dans le privé ! Nous n’avons, en ce moment, aucune source de revenus. Nous cherchons le diable pour lui tirer la queue ! Il a malheureusement déserté notre désert de pauvreté avec sa diablesse et leur diablotin. Pas de diable, donc pas de queue ! Même l’occasion de devenir un véritable pauvre nous fuit. Nous nous retrouvons essoufflés,

courant derrière une queue de diable que nous ne verrons peut-être jamais au cours de notre pauvre vie !

<<-Avec qui parles-tu, s’inquiète encore une fois Diambéré Khoumba l’épouse de Mocirédin ?

-Tu ne peux pas comprendre le désarroi des hommes, des pères de famille, en ce moment, à quelques encablures d’une fête aussi importante que la Tabaski ! Tu es une femme. Je parle seule car ne sachant à qui m’adresser pour résoudre mes « problèmes ». DIEU est grand ! IL est Omnipotent, Omniprésent et Omniscient ! Il nous réserve autre chose Ici-bas ou à l’Au-delà.

-Tu n’es pas encore mort, mon mari. Heureusement pour tes enfants et moi. Estime-toi alors heureux et remercie le bon DIEU de t’avoir accordé beaucoup de privilèges ! D’abord ton âge (tu n’es plus jeune !), ensuite la possibilité qu’il t’a offerte de pouvoir faire vivre ta famille bon an mal an et enfin le fait de croire en Lui, le Tout Puissant. Cela ne peut-il pas te suffire, au regard du nombre incalculable de gens qui passent toute une journée sans sentir l’odeur d’un repas et d’autres, malades, incapables de subvenir à leurs besoins dont l’achat des médicaments pour les soins et le déplacement pour la recherche du pain quotidien ?

- Diambéré Khoumba, ce n’est pas en faisant des comparaisons que tu résoudras mon problème ! Comme je te l’ai dit tout à l’heure, ta situation de femme t’enferme dans une prison qui ne te permettra pas de comprendre les difficultés que vivent les hommes, aussi intelligente que tu sois. Une véritable discrimination existe entre les personnes depuis la nuit des temps. De nos jours, un fossé profond sépare les riches des pauvres. Ceux qui nous gouvernent, parce que les moyens dont ils disposent sont insuffisants, choisissent une solution intermédiaire. Le dernier exemple : tous les Sénégalais musulmans préparent la fête de la Tabaski. Deux camps sont opposés pour cette préparation : celui des soutenus par l’Etat ou l’employeur et celui des délaissés, des oubliés, des « parents pauvres » de la société, ceux qui n’ont pas de salaires, qui ne peuvent pas se prendre en charge. Dans le premier camp, une avance dite de Tabaski de 50 000 F était prêtée et remboursable en dix mensualités de 5 000 F chacune. Pour cette année 2021, les heureux travailleurs ont vu leur avance de Tabaski doublée, de 50 000 F à 100 000 F. Les Gorgorlous, eux, sont restés encore une fois, omis dans la prise en charge de leurs problèmes. Ils sont poussés à la mendicité ou pire, à commettre des actes répréhensibles comme le vol, l’usage de la drogue, les agressions…

-Que veux-tu que l’Etat fasse pour des misérables, des gens qui ne lui apportent rien et qui ne rapportent rien aussi aux autres ?

-Diambéré Khoumba, s’il te plaît, ne m’arrête pas quand je parle! Permets-moi d’aller au bout de mes idées au moins. Ce que je revendique pour ceux de ma condition, c’est qu’à défaut de recevoir une « avance ??? » de Tabaski de la part de l’Etat, qu’on nous offre, ne serait-ce qu’un agneau pour réjouir nos familles et les égayer comme celles des nantis à l’occasion de cette importante fête musulmane, appelée par certains, Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice ou Aïd el-Kébir, la Grande fête.

-Mon mari, comparaison n’est pas raison ! Mouammar El Kadhafi de Lybie ne vit plus ! Paix à son âme ! Il aurait entendu nos cris et serait venu à notre secours. Un véritable Panafricain ! Cependant, Mocirédin, que dit notre religion à propos de ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir de mouton de Tabaski ? Va-t-on les lapider ? Que non ! Ils sont dispensés de l’achat de ce fameux bélier ! Ils ne doivent ni s’endetter, ni voler pour en avoir ! Alors, continuons de prier et de remercier le bon DIEU. Malgré notre situation, reconnaissons que sur cette terre, il y a des millions d’êtres plus malheureux que nous.

-Tu as parfaitement raison, Diambéré Khoumba ! Disons ALHAMDOULILLAH !>>

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

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