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Chaque jour qui passe au Sénégal, avec son actualité qui fait frémir les populations maintenant habituées à ces situations bizarres, le temps s’écoule tout doucement. Les papotages n’en finissent plus. Dans les rues, les maisons, les bureaux, les marchés, au bord du fleuve, c’est le même potin qui circule.

 

A travers les réseaux sociaux devenus le « téléphone arabe », toutes les informations parcourent désormais des milliers de kilomètres au même instant. Vraies ou fausses, elles envahissent toutes les places publiques ou privées.

Mocirédin s’est levé de la natte de prière sur laquelle il était assis tout à l’heure pour aller l’étendre non loin de la cuisine, tout près de son épouse Diambéré Khoumba occupée à la préparation du dîner. Quand il est souvent «dépassé » par les événements, il cherche à partager ses inquiétudes avec la mère de ses enfants.

Diambéré Khoumba connaît bien son homme : elle a compris qu’en ce moment, ce dernier traverse une période difficile. Elle range la calebasse contenant du couscous dans la cuisine, loin des poules, prend un banc et s’installe à côté de son mari.

<<-Qu’est-ce qui préoccupe encore Mocirédin, dit l’épouse pour inciter son mari à parler ? Que dois-je faire pour voir un sourire illuminer ton visage ?

-Diambéré Khoumba, les médias ont transformé notre monde ! Autrefois, nous vivions comme des esclaves, enchaînés dans les cales des bateaux. Aujourd’hui, nous sommes libres, libérés par des informateurs « menteurs », d’un genre nouveau. A beau faire attention, à beau se méfier, on ne peut pas échapper à leur dard, leur venin. Ils sont partout, ces dangereux messagers, avec nous, pour nous et contre nous.

-A vrai dire, reprend l’épouse, pour moi, ce sont des régulateurs de notre société, des Zorro des temps modernes. Qui pourra les arrêter ? Qui pourra freiner ces techniciens sortis du néant pour éclairer les populations, les éloigner de l’obscurantisme ?

-Tu as d’une part raison, Diambéré Khoumba ! Puisque l’Ecole française fréquentée par la majorité de la population a « failli » à sa mission d’éducation,

la rue, c’est-à-dire l’Ecole de Satan joue bien sa partition. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont à la portée de tous ! Quiconque manipule à sa guise sa « machine » et étale sur la place publique les secrets les plus intimes des gens, sans soucis : c’est la fin de la vie privée ! Si au départ, des mesures fermes avaient été prises pour sanctionner les « fauteurs », les canaliser, les éduquer, l’on ne serait peut-être pas arrivé à ce niveau. Mais au stade où nous sommes, il sera désormais très compliqué d’assainir ce milieu gangréné par une recherche effrénée de milliards de francs CFA.

-Mon mari, ajoute Diambéré Khoumba, tu as touché du doigt la partie la plus sensible de la plaie ! Au-dessous de tout cela, il y a un amalgame de choses hétéroclites : l’argent, la politique…Les gens ne pensent plus qu’aux biens de ce bas-monde ! Et pour les avoir, rapidement, ce n’est pas un travail licite qui les facilite mais la tricherie, le mensonge, la corruption, le vol…

-A l’ordre du jour, ma chère épouse, répond Mocirédin, ce sont les passeports « démocratiques » pour ne pas dire diplomatiques, qui défraient la chronique. A cela, il faut ajouter les faux billets (en milliards), la politique politicienne en vue des locales du 23 janvier 2022. Le pays est pris en otage. En majorité, les gens sont pauvres dans ce pays, selon l’ANSD ! Ils pensent à leur survie. Passer par A pour aller à Z en lisant les 24 autres lettres, c’est une perte de temps ; il faut lire A puis prononcer le Z final. Qu’importe la compréhension de l’auditoire ! Après le problème des faux billets vite étouffé, les lourds investissements dans les zones sinistrées à cause des eaux de pluie, les inscriptions sur les listes électorales entachées par l’octroi des certificats de résidence et des transferts de voix, les passeports normalement « démocratiques » car appartenant au peuple et non aux « diplomates » seulement, il est temps qu’on clarifie les choses pour les pauvres populations qui en ont marre des jeux de riches de ceux « d’en haut » ! Tout leur retombe sur la tête : les pots cassés ne tombent pas ailleurs, ils visent la tête des pauvres.

-Quelle(s) solution(s) proposes-tu alors, demande l’épouse ?

-Mais, Diambéré Khoumba, pour qui me prends-tu ? Qui suis-je pour proposer des solutions ? Suis-je un membre du Gouvernement ou un Député ? Qui va écouter un pauvre paysan illettré du Gadiaga ?

-Moi, ton épouse, crie Diambéré Khoumba ! Si chacun reste dans son coin sans réagir, c’est-à-dire sans crier haut et fort ses idées, ceux qui nous gouvernent penseront que tout ce qu’ils disent ou font est logique et bon.

-Ma chère femme, le bon sens est la chose la mieux partagée, dit-on ! Alors, que la Justice tranche ces différents dossiers qui ternissent l’image de notre pays ! En toute impartialité ! Une accumulation d’injustices pousse à la révolte. Faisons en sorte que les frustrés ne descendent pas dans la rue, et surtout que les militaires ne s’installent pas au pouvoir par la force des armes, après un coup d’état. >>

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

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