
Actuellement, dans la majeure partie du département de Bakel, dès que tombe le soir, surtout en zone rurale, les rues se vident car une douce fraîcheur couvre les villes et les villages. Jusqu’à l’aube et parfois même au-delà, un léger brouillard empêche le soleil de se montrer tout en protégeant les hommes contre ses rayons ardents.
La toilette, chez certains frileux, se résume à laver les membres inférieurs et supérieurs, la figure, puis se couvrir le corps de crème afin de briller aux yeux des autres. Parfois, l’arrivée du froid se prépare dans les maisons : une quantité énorme de bois mort est longtemps stockée en prévision de cette période. Ce bois sert à chauffer de l’eau pour le bain de la famille mais aussi pour permettre à tout le monde de se réchauffer avant d’aller à l’école, au marché, à la mosquée ou ailleurs.
La pauvre Diambéré Khoumba est, naturellement la première à se lever, bien avant le chant des coqs. Infatigable, elle traversera toute la journée sans un moment de repos. A peine aura-t-elle fini de se débarbouiller qu’elle allumera le feu, balayera la cour puis s’affairera à diverses autres tâches domestiques.
Sur son joli visage, ne se lit jamais de la tristesse ! Toujours le sourire aux lèvres, une véritable fée cette Diambéré Khoumba ! Pendant qu’elle chantonne pour certainement se donner un peu de force, de courage le long de ce jour de labeur, la maisonnée commence à se réveiller : Mocirédin est revenu de la mosquée du quartier Montagne Centrale et les enfants, Mma Tokhora et Taata doivent se préparer et revoir leurs leçons à la lumière du feu de bois avant d’aller à l’école. Aujourd’hui, c’est mardi et leur emploi du temps est bien chargé. Il faut retourner à l’école, l’après-midi aussi.
Diambéré Khoumba passera une bonne partie de la matinée, seule, entre ses ustensiles de cuisine et les canaris qu’elle prend soin de nettoyer avant de les remplir d’eau, dans un va-et-vient interminable, du robinet aux nombreux vases disposés à l’ombre du seul arbre de la maison, un gros « Nîmes » planté là depuis une vingtaine d’années par le chef de famille.
Mocirédin a longtemps discuté en ville avec Aladji Ndiaye, son ami d’enfance, l’ancien Directeur de l’école de Tourimé, sur la pandémie de la COVID-19. Cette calamité fait suffoquer le développement des pays, de tous les pays du monde,
des plus industrialisés aux plus pauvres. Ils les étouffent. Partout les contrecoups de cette pénible situation créent des transformations de comportements. La misère s’étale aux quatre coins de la planète, n’épargnant personne. Hommes et femmes, jeunes et vieux ressentent durement les impacts de la pandémie car à cause d’elle les usines sont fermées, les recrutements pour les emplois ne se font plus.
La population Africaine en générale est jeune. Ici chez nous au Sénégal, le taux rassurant de 54% pour un pays qui a besoin de main-d’œuvre suscite malheureusement l’inquiétude parce que cette tranche importante de la population est déçue, dépitée par le comportement de nos dirigeants prêts à coopérer avec le diable au détriment des « autres », de la grande masse, silencieuse mais intérieurement révoltée. L’émigration clandestine n’est rien d’autre que le refus de ressembler sur ses propres terres, à des hommes et des femmes qui devraient être des exemples mais qui sont tout sauf des MIROIRS. Alors, vivre et mourir deviennent synonymes ! Quel jour de la semaine a-t-on vu passer sans bruit, sans qu’on ne parle de détournements de deniers publics, de faux billets de banque, de transhumances, de bassesses de la part de ceux-là qui en temps normal, devaient être nos FIERTES car incarnant la droiture, la justesse, la vérité ? Ces hommes et ces femmes ont disparu de la surface de la terre ! Ils ont été triés puis mis en quarantaine pour qu’ils ne transmettent pas le « VIRUS DE LA VERTU » qui aurait pu sauver le monde. Malheureusement, cette minorité de gens sages, mourra de souffrance dans les prisons, dans les eaux troubles des mers, sur des continents qui les haïssent, sur leurs propres terres qui les dégoûtent.
Mocirédin ne peut s’empêcher de pleurer, quand il pense à des hommes qui ont joué le rôle que l’ENTRAINEUR leur a demandé ! Il s’agit de grands footballeurs, l’un de soixante ans (DIEGO ARMANDO MARADONA), cet Argentin qui a offert une Coupe du Monde à son pays et l’autre de quarante-deux ans (PAPA BOUBA DIOP), premier buteur en phase finale de Coupe du Monde.
L’un et l’autre ont contribué à rehausser le sport-roi chez eux et à se faire aimer par tous au-delà des frontières de leur pays !
Qu’est-ce que Maradona ne savait pas faire avec un ballon ? A travers le monde, il a su s’imposer, forcer les DIEUX du ballon rond à le sacrer ROI ! Quel honneur n’a-t-il pas eu grâce au ballon ?
PAPA BOUBA DIOP, TOI, tu n’es pas le Pape mais le Khalife du ballon rond que tu as dompté ! Malgré ton imposant gabarit, tu jouais avec finesse, évitant les chocs et respectant tes adversaires qui n’étaient pas tes ennemis. Tu étais déjà connu et adulé chez toi ! Et ce fameux jour de 2002 à Séoul, en Corée du Sud, ce 31 mai, en match d’ouverture de cette prestigieuse compétition, parmi les LIONS de la TERANGA, face aux COQS Français, tu as été sublime, désertant ton milieu de terrain pour créer le surnombre, bien qu’à terre, ton pied gauche a catapulté la balle au fond des filets de Fabien Barthez. Malgré l’heure matinale, tous les Sénégalais, comme un seul homme, ont crié quand tu as marqué cet unique but dans ce match d’ouverture. Tu es ainsi entré dans l’histoire à partir de ce jour, par la Grande Porte.
En véritable Globe-trotter, les terrains du monde ont reconnu ce dont tu es capable : la France, la Suisse, l’Angleterre, la Grèce t’ont applaudi lors de tes brillantes prestations à Lens, Fulham, Portsmouth, West Ham, Birmingham City, Athènes, sans compter les différents terrains du monde qui t’ont vu évoluer avec la même élégance, le même brio durant toutes tes sorties.
Ce n’est pas le Sénégal, TON Sénégal seulement pour qui tu t’es sacrifié qui te pleure ! Repose-toi en paix, PAPA BOUBA DIOP ! Que le bon DIEU t’accueille dans son paradis !
Ton pays le Sénégal ne t’oubliera jamais ! La nouvelle génération doit prendre exemple sur toi dans le domaine du COURAGE, de l’ABNEGATION, de l’AMOUR pour ton pays et oublier les frêles embarcations qui tuent tous ses espoirs.
Idrissa Diarra