
La pandémie de la COVID-19 qui sévit depuis le mois de mars 2020 au Sénégal, n’est plus la seule à faire peur, de nos jours dans le Département de Bakel. Couvre-feu ou pas, confinement ou non, respect des mesures-barrières ou ignorance de cette façon de se protéger tout en couvrant les autres, tout devient alarme, signal, crainte de s’exposer. La nuit comme le jour, malgré la présence dissuasive des forces de l’ordre (Gendarmerie), disséminées un peu partout dans notre département, à Nayé (Garsi), à Kidira, à Aroundou, à Tourimé, à Kéniéba et à Bakel, les militaires du Camp Sada Ciré Timéra de Bakel, la Police des Frontières basées à Kidira, à Aroundou, à Diawara et à Bakel, les Agents des Douanes, tout le long du fleuve Sénégal et de la Falémé, les Agents des Eaux et Forêts et les soldats du feu (les Sapeurs-pompiers) complètent le service sécuritaire.
Les « pauvres » populations du Gadiaga, du Boundou et du Ferlo ne savent plus sur quel pied danser ! Les fraudeurs sillonnent le département, d’Est en Ouest, du Nord au Sud, traversant des frontières poreuses (Mali et Mauritanie) après leurs forfaits. Les voleurs de bétail n’hésitent pas en plein jour, à attaquer des troupeaux de moutons, de chèvres, de vaches pour les conduire hors du pays car ils ont des receleurs de part et d’autre des frontières. Les grands bandits, ceux qui attaquent les banques, comme à Diawara ou des boutiques, un peu partout dans le département, sans aucune honte, aucune peur, représentent la catégorie de malfaiteurs les plus craints. Eux sont armés jusqu’aux dents et ne tergiversent pas. Des « sans-cœur » qui ne savent pas ce que signifient les mots pitié, travail honnête.
Mocirédin, le Montagnard est surpris par cette nouvelle vague de COVID-19 qui ravage toutes les couches sans aucune distinction de sexe ou d’âge: hommes, femmes, enfants. Ils ne connaissent que le gain facile. C’est pourquoi, les attaques à mains armées, les braquages de toutes sortes, les assassinats deviennent monnaies courantes.
La mort est démystifiée : les malfaiteurs ne craignent plus rien ! Dans leurs machiavéliques calculs, il n’y a plus jamais place à l’hésitation, il n’y a pas un millimètre carré de peur. Leur maître-mot est : FONCER pour amasser des fortunes ou mourir quelle que soit la manière !
L’homme devient un loup pour son prochain ! Affronter les eaux froides des Océans sans savoir nager, marcher sur le sable chaud des déserts sans chaussures, masqués par des cagoules ou à visages découverts, il devient un être sans cœur et même sans âme. Il ressemble plus à un robot, un automate qu’à une personne dotée de sens.
Le Département de Bakel, par sa situation géographique, avec le triangle Mali-Mauritanie-Sénégal (Gouthioubé-Diogountouro-Aroundou), trois villages distants de moins de deux kilomètres l’un de l’autre, dans trois pays différents, même s’ils sont « frères » et se regardent fraternellement, ils laissent des dealers, des fraudeurs, des malfaiteurs s’évanouir dans le noir après leurs dégâts sur l’un des territoires.
Habituées à subir les assauts répétés des bandits, les paisibles populations n’en peuvent plus ! Elles veulent plus de SECURITE, pour sauver des vies comme celle de Sérigne Mbacké Diaw mort criblé de balles d’assaillants lâches qui se cachent derrière des turbans pour éviter d’être identifiés. Il ne faisait même pas nuit : à peine 20 heures !
Sérigne Mbacké Diaw, cet homme de quarante-neuf ans (il est né en 1972), marié à deux épouses et comptant plusieurs enfants, était parvenu, après vingt et un ans passés à Gabou, à s’intégrer pour devenir « Gabounké » grâce au commerce. Mouride comme l’indique bien son nom, cet habitant de Touba, la capitale du Mouridisme, en plus de sa boutique d’alimentation, s’occupait aussi de transferts d’argent, aidé en cela par son fils Moustapha d’une vingtaine d’années.
Quel montant a été « volé » par les assaillants ? Personne ne veut avancer une somme. Ce qui est sûr, c’est que les bandits avaient Sérigne Mbacké Diaw à l’œil et contrôlaient les entrées et sorties d’argent qu’il manipulait.
En plein jour à Diawara ou à l’orée de la nuit à Gabou, sous les rayons ardents du soleil ou à l’aube, les populations n’osent pas s’exposer dès que des coups de feu éclatent. Chacun se terre chez soi jusqu’à ce que le calme plat se réinstalle !
Il faut désormais des comités de vigilance pour servir d’yeux et d’oreilles aux services de sécurité. Les populations doivent coopérer. Ce n’est pas de la délation que de désigner discrètement des suspects ou de montrer des malfaiteurs, des dealers, des fraudeurs, des violeurs…aux services de sécurités. C’est pour le bien des populations, leur protection.
Ensemble, prions pour le repos de l’âme de Sérigne Mbacké Diaw inhumé au Cimetière de Bakhya, à Touba.
Idrissa Diarra