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foule meeting

La vie politique a repris de plus belle, partout dans le pays. Dans les contrées les plus reculées, les plus inaccessibles, c’est le remue-ménage. Hommes et femmes, jeunes et vieux sont tous mobilisés par des messieurs et des dames venus de la ville, des citadins aux larges sourires trompeurs.

On ne pense pas au travail : il n’y en a plus dans ce pays ! C’est la débrouillardise ! Un petit boulot à droite, un autre à gauche pour pouvoir au moins faire bouillir la marmite afin que les enfants ne passent pas tout leur temps à vociférer contre leurs mères qui ne détiennent aucune solution à leur mal : la faim. Parfois lassées par les lamentations de leurs progénitures, les mères les envoient dans la rue pour partager avec leurs égaux les difficultés des parents.

 

De nos jours, l’émigration clandestine est classée au second rang. Il a fait son temps. Même si au début de la pandémie, une ruée incompréhensible s’était accentuée vers les côtes Européennes, force est de constater l’accalmie actuelle, peut-être due au manque de travail certain en Europe, au confinement et à l’accentuation des mesures de surveillance sur les côtes, dans les mers et dans les airs.

La levée du couvre-feu dans les régions de Dakar et de Thiès a presque installé un « je-m’en-foutisme », un laisser-aller, une liberté qui ne dit pas son nom ! Les écoles, les mosquées, les marchés, les arènes, les stades, les places publiques respectent de moins en moins les mesures-barrières : les porteurs de masques deviennent rares, la distanciation physique est oubliée. Et pourtant, à travers le billet quotidien du Ministère de la Santé, les morts augmentent.

Cette situation n’apeure plus personne : à peine fait-on attention à cette récitation devenue tellement familière, habituelle, retenue par cœur, qu’elle n’a plus sa raison d’être ! Ceux à qui est adressé ce rappel journalier, ce message d’une autre ère, ont les oreilles et l’esprit ailleurs !

La vaccination, par exemple en Europe, comme ici chez nous, n’a pas atteint l’effet escompté. Des centres de Santé, les agents vaccinateurs ont déménagé vers les populations, chez les chefs de villages ou les délégués de quartiers sans pour autant atteindre leur objectif. Que se passe-t-il donc ? Un vaccin gratuit ! Des agents qui viennent vous trouver sur place !

La communication a alors failli dès le début. A partir du moment où il y a plusieurs sortes de vaccin qui, en principe doivent avoir le même effet sur les hommes, pourquoi ne pas faire un choix sur un seul et unique vaccin pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité ?

Si certains sont vaccinés avec le SINOPHARM, quelques ’uns avec PFITZER et d’autres avec ASTRAZENECA, cela crée la confusion auprès des populations, engendrant des hésitations. Les médias (radios, télévisions, journaux, presses en ligne) doivent être approchés et formés pour qu’ils aient la même vision !

Mocirédin a frôlé le surmenage car depuis plusieurs jours, il ne dort pas. Que lui arrive-t-il, se demande-t-il, en cherchant du regard son épouse Diambéré Khoumba?

<<-Tu ne dors plus mon cher époux ! Tu es à tout moment scotché sur ton poste radio en train de suivre les déplacements des politiciens du pouvoir et de l’opposition à travers le pays. Ils te fascinent, on dirait ! Rattrape-toi. Ignore-les. Ne les écoute pas.

-Comment les ignorer si les médias, du matin au soir, ne relatent que les meetings des politiciens ! Même s‘ils les organisent pendant les week-ends, les préparatifs de ces rencontres se font bien avant. D’importants jours sont grignotés dans la semaine pour ne pas perdre la face (appeler les « militants » sans qu’ils ne répondent à votre appel) !

-Mocirédin, je comprends maintenant pourquoi les gens se bousculent pour assister à ces meetings ! En plus des tee-shirts, les participants retournent à la maison avec des billets de banque. Pour quelqu’un qui reste assez longtemps sans voir la couleur de l’argent, des occasions comme celles-ci ne se négligent pas ! C’est la saison des « rabatteurs », ceux qui sont chargés de remplir les grands-places ! Ils se sucrent sur le dos des leaders politiques. Après tout, c’est l’argent du contribuable et nous contribuons aussi. Par ce chemin détourné, nous récupérons un peu nos impôts, pensent-ils !

-Ils savent en âme et conscience que ce qu’ils reçoivent dans ce « rabattage », pour un seul meeting dépasse de loin, plus de dix fois, leur impôt annuel. Quel gâchis dans ces rencontres ! En plus des frais de voyage (les bus et les cars qui transportent les militants), des repas gargantuesques sont préparés, des tee-shirts distribués à des centaines de personnes, des billets de banque aussi sont là pour motiver les participants. Ces immenses sommes, (propres ou sales) provenant d’on ne sait d’où, iront pour une journée, régaler les populations

rurales. Diambéré Khoumba, je suis complètement sonné par tant de fourberies de la part d’hommes et de femmes à qui nous avons pourtant confié à travers les urnes, notre destin !

-Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, lui répond l’épouse. La COVID-19 est encore et toujours là, avec son lot de désagréments. Chaque jour qui passe, au lieu d’installer la sérénité et diminuer l’inquiétude des pauvres, renforce l’idée selon laquelle, il ne faut pas rêver: la solidarité n’est pas pour demain ! Et tant que nous ne serons pas unis (hommes et femmes, riches et pauvres) partageant ce que le bon DIEU a bien voulu mettre pour un temps entre les mains de certains d’entre nous, la réalité sera dure à accepter !

-Travaillons donc ! Ce ne sont pas les paroles (aussi belles soient-elles) qui vont développer notre pays ! On ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ! Les rencontres politiques, dans les « bases » deviennent plus tapageuses qu’informatives, pleines de haine, de dangers car provocatrices. Restons alors dans nos bureaux, nos ateliers, nos champs et travaillons, finira par dire Mocirédin !

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

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