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La Voix du département de Bakel

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                       TravailEnfants Mociredin
En cherchant dans mes archives une photo pour illustrer un article récent, je suis tombé ébahi sur une image prise il y a plus de deux ans dans la périphérie des HLM de Bakel, du côté Ouest. Surpris par la particularité de cette photo, je suis resté face à ces enfants, tout ému, me posant mille et une questions.
M’a tout de suite traversé l’esprit, le lancinant travail des enfants tant décrié par les Défenseurs des Droits de l’Homme.
Quatre garçons se sont fortuitement retrouvés sur cette carte postale : trois jeunes musiciens et un « talibé ».

Tout comme moi, le talibé, pieds nus, sa sébile sous son aisselle gauche, le regard scotché sur ces phénomènes, semble ébloui par le « travail » de ces jeunes garçons de son âge.
Lui, Hamady, le talibé de Serigne Sow, ne fait que tendre la main de porte en porte, de passant à passant, matin et soir, pour recevoir, grâce à l’aumône offerte par des croyants (Catholiques et Musulmans), quelques pièces de monnaie à remettre au marabout mais surtout les restes de repas qu’il mangera avec les autres, histoire de varier leur menu.
Lui, Hamady, fils de Silèye Hamady et de Ramata, le talibé de Thierno Sow, semble un moment heureux face à ces dilettantes avec qui il partage ces instants de grande joie.
Lui, Hamady, petit-fils de son homonyme, le talibé de Thierno Sow, n’est plus là ; il est perdu dans l’ivresse de l’animation créée par ces trois garçons.
Peut-être veut-il jeter au loin sa sébile, son « pot », pour un moment, le troquer contre quelques chants entrainants au rythme endiablé de ces musiciens en herbe puis disparaitre avec eux dans les ruelles de la capitale du Gadiaga pour distribuer le bonheur à chaque être rencontré ?
Quant aux trois jeunes musiciens, sûrs d’eux-mêmes, sans aucune honte, sans crainte, ils s’éclatent en jouant leur instrument, le « Gambaré ». Ensemble, ils chantent. Et le chœur qu’ils forment quand ils s’expriment enchantent les passants.
-Sont-ils à l’école française ou arabe ?
-Ne s’activent-ils seulement que lors des nombreuses cérémonies qui jalonnent la vie de tous les jours ?
-Est-il normal qu’ils soient laissés à eux-mêmes sans aucune surveillance, vadrouillant à longueur de journée dans les rues ?
-N’est-ce pas un travail pénible d’adulte qu’ils accomplissent avec leurs instruments ?
-Quel degré de travail ne doit-on pas dépasser pour être dans les normes, chez nous en Afrique ou ailleurs sur d’autres continents ?
-Un père, ne peut-il plus partir avec son enfant dans les champs de mil, de maïs, d’arachide… pour lui apprendre à cultiver ?
-Une mère qui passe la journée avec sa fille dans la cuisine en train de « boire » la fumée, au bord du fleuve aux eaux douteuses pour la consommation et pour le linge, dans la cour ensoleillée pour piler le sorgho dans le grand mortier, a-t-elle tort d’enseigner à son enfant sa future vie de femme ?
-Le menuisier dans son atelier, le mécanicien dans son garage, le forgeron dans sa forge, le pêcheur dans sa frêle pirogue au milieu du fleuve, n’ont-ils pas chacun, en ce qui le concerne, l’obligation d’éduquer leurs enfants, leur apprendre le métier de leur père, les orienter dès maintenant vers leur future profession ?
-Quelle est la raison d’être de l’enseignant, s’il ne parvient pas à enseigner, surtout à éduquer sa progéniture ? « Le fils du cordonnier est le plus mal chaussé » ne doit pas s’appliquer ici.
Ces jeunes garçons ont le droit d’apprendre, apprendre à lire et à écrire, apprendre à chanter, à danser, à dessiner, à nager, à cultiver, à linger, à piler le mil pour préparer le couscous du dîner, à jouer au football et à rêver être Sadio Mané, Kalidou Koulibaly ou Idrissa Gana Guèye…A quel moment doivent-ils l’apprendre ? Ce n’est pas quand ils seront grands, avec une barbe même naissante qu’ils doivent se pencher sur la voie à suivre pour vivre !
La nature est imparfaite. Les manières de vivre varient d’un endroit à un autre. Les cultures diffèrent. Chaque peuple connaît sa façon de porter à califourchon sur son dos ou non son enfant, de s’occuper de ses vieilles personnes, celles du troisième âge.
Comprenons-nous ! Si chacun, dans ce vaste monde, balaie devant sa porte, le « village » sera propre. Mirons-nous. Regardons-nous franchement dans une glace et soyons indulgents vis-à-vis des autres.


Idrissa Diarra, bakelinfo.com 

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