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Elections SN

Chez nous, dans le Gadiaga, comme un peu partout dans l’immense Département de Bakel, ce mardi 08 juin 2021, le tonnerre a commencé à apeurer les petits enfants par ses terribles grondements. Des éclairs ont aussi laissé des traces de zébrures dans le ciel devenu plus tard sombre. Un vent aveuglant a soufflé, obligeant les populations à se terrer chez elles ou à se protéger la face avant de sortir.

C’est l’annonce de l’hivernage ! Cependant, en hommes avertis et donc prévenants, les braves paysans ont pris les devants : les terres de cultures sont déjà prêtes car désherbées depuis longtemps.

 

En bons croyants, ils n’attendent plus que les premières gouttes d’eau pour confier à la terre leur espoir : des kilogrammes de grains de mil, de maïs, d’arachide en espérant récolter des tonnes.

Mocirédin est accroupi, comme d’habitude sur sa vieille peau de mouton qui lui sert de natte de prière. Pour le vieil homme, prier sur cette peau lui rappelle beaucoup de souvenirs : le mouton lui-même d’abord, gros et gras, avec des cornes qui décourageaient les voleurs les plus téméraires, ensuite sa nièce Fanta qui lui avait offert ce bélier lors de son séjour à Bakel après des années passées en France et enfin cette inoubliable fête de Tabaski au cours de laquelle l’Imam Samba Maimouna Dramé avait axé son sermon sur la solidarité, l’entraide.

Ce soir, Mocirédin est plus choqué, plus terrifié que d’ordinaire. Il vient de la ville. Dans les principaux endroits recevant du monde comme les marchés, les mosquées, les écoles, les rues…, la COVID-19 semble avoir disparu des esprits. Elle est tellement banalisée qu’on se demande si elle existe réellement.

Sans soucis, les gens se promènent, se côtoient dans ces lieux sans aucune mesure de prévention. Les mesures-barrières tant chantées sont classées et parfois dans certains endroits jetées dans les poubelles.

<<-Diambéré Khoumbé, où as-tu mis mon masque, demande Mocirédin ?

-Masque ? Qu’est-ce qu’un masque encore, s’étonne l’épouse ?

-Tu ne sais plus ce que c’est qu’un masque de protection contre la COVID-19 ?

-Ah oui ! Je m’en rappelle, dit sans gêne Diambéré Khoumba. Que veux-tu alors en faire Mocirédin ?

-Mais, me protéger !

-Contre quoi veux-tu vraiment te protéger alors que partout les gens se déplacent sans masque, sans respect de la distanciation physique, sans utiliser les gels alcoolisés ou même se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ? Depuis quand es-tu devenu si précautionneux, mon cher mari ?

- Diambéré Khoumba, avec mon âge, ne dois-je pas craindre certaines choses ? Je ne veux en aucun cas être la source ou la cause de contamination ! Sais-tu où est le masque au lieu de me faire perdre du temps ? Je vais voir mes amis Samba Amina, Thiéblé, Caporal Thiam et Dra Tamboura. Nous allons nous préparer, nous organiser pour le choix de notre candidat lors des locales.

-Mais, mon mari sais-tu à quelle période se dérouleront ces élections locales ? C’est dans sept mois !

-Alors, ma chère, tu veux qu’on attende la veille pour faire notre choix ? De quelle planète viens-tu ? C’est en ce moment, loin des élections, des tromperies des politiciens, qu’il faut ouvrir les yeux pour bien voir et les oreilles pour mieux entendre, suivre les faits et les activités de ceux qui désirent nos voix. Ma voix ne sera plus comme autrefois achetée avec un pauvre billet, qu’importe sa valeur. Je vais garder ma dignité, voter pour le bien de la, de MA COMMUNAUTE ! Je ne serai désormais plus un mouton de Panurge. As-tu trouvé le masque ?

-Ne te fatigue pas, répond du tic au tac Diambéré Khoumba. La Gendarmerie ne s’occupe plus des mesures-barrières. Tu peux circuler comme tu veux sans aucune crainte !

-Encore une fois, Diambéré Khoumba, où as-tu mis mon masque, insiste Mocirédin ?

-N’est-ce pas ton masque ? Ce n’est pas le mien. A qui faut-il le demander ? Cela fait des mois que je ne te vois pas mettre de masque et tu te réveilles un beau matin pour me le demander ? Suis-je subitement devenue magicienne pour t’en faire sortir ?

-Depuis quand es-tu devenue si incorrecte pour me parler de la sorte ? Que t’arrive-t-il ? Est-ce la même Diambéré Khoumba que j’ai épousée il y a plus de

vingt ans ? Où est-ce qu’une autre l’a remplacée à mon insu ? Dis-le-moi vite pour que j’aille consulter les marabouts ?

-Excuse-moi mon mari. Je reconnais que j’ai été très loin. Je m’agenouille devant toi et implore ton pardon. Je ne referai plus des « bêtises » de ce genre.

-Ne dit-on pas qu’une faute avouée est à moitié pardonnée ? Moi ton mari, je te pardonne entièrement.

 

Samba Amina ayant suivi la discussion du couple, s’approche et intervient :

-Diambéré Khoumba, tu n’as pas à demander pardon ! Mon ami avait oublié son masque dans les champs, il y a presque deux mois. En rentrant ensemble Thiéblé avait beaucoup insisté pour qu’il aille le chercher mais il avait refusé, prétextant qu’il en avait d’autres à la maison. Où sont ces autres masques Mocirédin ?

-Diambéré Khoumba n’écoute pas ce berger, il raconte ce qu’il veut pour te faire plaisir. Samba Amina, sortons ; j’allais chez toi justement pour qu’on mette en place des stratégies d’éveil de consciences des populations avant les élections locales. Mais as-tu gardé un autre masque chez toi ?

-Pourquoi crains-tu aujourd’hui la COVID-19, alors que de tous temps, dans le groupe, tu étais le seul réticent au port du masque ?

-Samba Amina, ne pose pas trop de questions, si tu en as, tu m’en offres un, ou alors je vais en acheter au marché.

-Puisque tu tiens vraiment à en avoir, ne t’en fais pas, je t’en donnerai trois. C’est bien que tu comprennes à présent que la COVID-19 est toujours là. Il faut continuer à se protéger en appliquant les mesures-barrières : porter un masque de protection, respecter la distanciation physique, se laver les mains régulièrement à l’eau en utilisant le savon, tousser dans le creux du coude, ne pas oublier aussi le gel hydro alcoolique. Maintenant, pour tes idées concernant les élections locales, je suis partant. Allons rencontrer nos amis et organisons nous. Nous ne serons plus jamais les dindons de la farce. >>

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

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