
Ce vendredi, jour béni des Dieux, Mocirédin a décidé de se consacrer entièrement à son Créateur ALLAH ! Depuis son réveil, dès l’aube pour la première prière du jour, jusqu’au-delà de minuit, il ne pensera qu’à DIEU pour le remercier de tous ces bienfaits dont il jouit : la vie, la santé, la relative longévité, le bien-être…
Mocirédin ne quittera sa natte de prière que pour de nouvelles ablutions afin de préparer les futures prières surtout celle du vendredi à 14 heures.
Diambéré Khoumba, son épouse a déjà sorti le grand boubou qu’il préfère parmi tous ses vêtements, un cadeau de son neveu devenu Colonel de l’Armée Sénégalaise, Djiby Kanouté.
<<-Diambéré Khoumba, et pourquoi cet ensemble, demande Mocirédin ?
-Je connais tes goûts ! Ce jour est particulier. Ensuite, c’est pour te rappeler le fils de ta sœur que je l’ai choisi. Tu dois quand même l’appeler de temps en temps, répond l’épouse !
-Avec quoi vais-je l’appeler ? As-tu jamais vu un téléphone portable avec moi, redemande le mari ?
-Quand tu as souvent besoin de communiquer avec tes amis Ndirissa Sidy, aux Etats Unis, Boubacar Sidy à Diawara ou Hamidou Tandjigora en France, que fais-tu ? N’est-ce pas Samba Amina Bara qui vient t’aider à joindre tes correspondants avec son portable, sans bourse déliée ?
-Bien. Ne me déconcentre pas. Laisse-moi égrener mon chapelet !
Diambéré Khoumba, dans sa savoureuse démarche nonchalante lui tourne le dos et oblige le regard de son époux confus à l’admirer effleurer le sol comme une reine. Mocirédin remua la tête, pinça fortement les graines de son chapelet et dit à haute voix, à plusieurs reprises : ASTAKHFIROULAH !
Puis il continua à alterner des Rakas, des versets du Saint CORAN récités presque en criant et son chapelet qui ne cessait de trembloter entre ses doigts.
Il est midi ! Mocirédin est déjà prêt. Il est habillé comme s’il s’agissait d’un jour de fête. A pas lents, à la manière de quelqu’un qui n’est pas pressé, il s’éloigne
de la maison, sans avoir, auparavant jeté un regard furtif bien capté par la gardienne de la demeure, une manière de se venger : obliger aussi son épouse à s’égayer devant un homme galamment et élégamment vêtu, marchant comme un mannequin.
Deux heures plus tard, Mocirédin revient tout épuisé de la grande Mosquée de Modinkané. Diambéré Khoumba lui souhaite un bon retour puis elle appelle sa fille Mma Tokhora pour installer les bancs avant le déjeuner.
Au cours du repas :
<<-Mma Tokhora, mon enfant, je t’ai entendue, l’autre jour réciter ta leçon d’Education Civique, dit Mocirédin. Tu parlais de la devise du Sénégal, n’est-ce pas ma fille ?
- Mpaaba (mon père, en Soninké), notre Professeur d’Histoire/Géographie/Education Civique, monsieur Adama Ndao nous a appris que la devise de notre pays, le Sénégal : UN PEUPLE, UN BUT, UNE FOI, traduit notre commune volonté de vie commune, c’est-à-dire une volonté (UNE FOI), une unité (UN PEUPLE) pour la construction nationale (UN BUT).
-Pourquoi cette question si « compliquée » à notre fille, mon cher époux, se demande Diambéré Khoumba ?
-Au contraire la réponse est aussi simple que la question, répond spontanément Mocirédin ! Partout dans le monde, sur tous les continents, dans presque tous les pays, la vaccination contre le CORONAVIRUS a commencé. Au Sénégal, on parle de 28 533 personnes déjà vaccinées. Quelques jours auparavant, du 15 au 24 février 2021, avec le retour de la Fièvre Jaune, une Campagne de Vaccination a permis de protéger des millions de personnes au Sénégal contre cette maladie pourtant « éradiquée » depuis des décennies.
-Quelle relation veux-tu alors créer entre la devise du Sénégal et la vaccination contre la COVID-19, s’étonne Diambéré Khoumba ?
-Le lien est tout naturel ! Nous sommes un même PEUPLE. Nous avons le même BUT et partageons la même FOI ! Cependant ce que l’on constate, dans notre pays avec ses paisibles citoyens dangereusement pris en otage par les politiciens, c’est qu’en lieu et place d’un seul et même vaccin contre ce virus perturbateur, plusieurs existent : 200 000 doses du Laboratoire Chinois Sinopharm, le vaccin Pfizer, Astra Zeneca … pour le moment. Y’en aura-t-il d’autres ?
A travers les médias « noyés » par l’affaire qui défraie l’actualité <<Sonko contre Adji Sarr>>, le citoyen lambda n’est que pauvre spectateur, malheureux auditeur de cérémonies qui se déroulent sous ses yeux larmoyants ou qu’il entend de ses oreilles bourdonnantes.
Les Autorités sanitaires avaient déjà identifié les cibles prioritaires pour le vaccin anti-COVID-19 :
-les personnes âgées de plus de soixante (60) ans ;
-les personnes souffrant d’une comorbidité ;
-le personnel de Santé en première ligne.
Mais depuis le lancement de la Campagne de Vaccination contre cette pandémie, le mardi 23 février 2021, le Sénégalais lambda, ou mieux les cibles sont invisibles. N’apparaissent dans les écrans de télévision que les Autorités (Ministres, Gouverneurs, Préfets, Présidents de Conseil Départemental, Maires, Officiers de la Sécurité…) Le vaccin ne doit pas être perçu comme une arme « politique », un instrument qui creuse un gouffre entre les citoyens, entre les riches et les pauvres.
-N’est-ce pas normal mon mari, tranche Diambéré Khoumba ? Alors qu’une polémique s’installe entre ceux qui sont pour la prise du vaccin et les éternels révoltés qui n’en veulent pas, les Autorités doivent donner le « bon » exemple, en se faisant vacciner les premiers !
-Pourquoi donc présenter trois sortes de vaccin ? Quel vaccin prendront les autres…rétorque Mocirédin ?
-Je ne te laisserai pas te perdre dans la « brousse des fausses idées » mon mari. Le matin, je te présente comme plat, la bouillie de maïs, à midi, du riz au poisson et la nuit du couscous avec la sauce de « Déré », c’est-à-dire des feuilles de haricot bien retenues avec une bonne dose d’arachides écrasées avec de la viande ou du poisson sec. L’objectif visé par chacun de ces trois repas, c’est te nourrir ! Que tu ne prennes que de la bouillie seulement ou un autre repas, c’est de la nourriture qui te permettra de vivre ! Alors, mon mari, vaccin Chinois, Américain, français ou arabe, sois vacciné pour te protéger et par la même occasion protéger ta famille, tes proches, ton village…ton pays…le monde. Ainsi, toi tu ne seras pas le vecteur de propagation du virus ! Même si tu es vacciné, il faut toujours continuer à respecter les mesures-barrières : le port du masque, le
lavage des mains régulièrement à l’eau savonneuse, l’utilisation du gel hydro alcoolisé et le respect de la distanciation physique.
Où vas-tu cueillir ces idées pleines de sagesse ma chère épouse, murmure Mocirédin, qui semble revenir à de « meilleurs sentiments » à l’oreille de Diambéré Khoumba? Ton argumentation m’a convaincu. Dès demain je serai le premier à me présenter pour me faire vacciner.
-Je sais que tu étais influencé par certains beaux parleurs. Toute ta famille t’imitera. Pourvu qu’il y ait assez de doses pour tous les Sénégalais !>>
Idrissa Diarra, bakelinfo.com