La ville de Kidira, de la région de Tambacounda, est incontestablement le point relais entre le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest. Zone frontalière entre le Mali et le Sénégal, la ville tout comme sa sœur malienne, voient passer au quotidien d’immenses mouvements de personnes et de marchandises même si elles ne semblent pas trop en profiter ou pas suffisamment. Les deux villes manquent de tout, mais cohabitent en toute harmonie. La ville présente un aspect pittoresque. En cette fin de matinée de la mi-juillet, le soleil darde densément ses rayons. Le va-et-vient continu des uns et des autres, le stationnement de gros porteurs à l’entrée ou la sortie de la ville, une certaine frénésie contenue dans l’informel qui semble prendre le pas sur le reste des activités, le déploiement d’antennes d’opérateurs de téléphonie tout comme les minarets de mosquées de part et d’autre de la Falémé… semblent donner à la localité toute sa dimension : une zone frontalière. Aussi, dans la bifurcation qui mène à la ville malienne voisine Diboly, une commune 90 km de Kayes, sont implantés la police des frontières et un poste des douanes… Un poste de gendarmerie veille également aux entrées et sorties. Des haltes signalées par des panneaux Ç stop È avec juste le pont qui enjambe la Falémé et marque, en son milieu, la frontière entre les deux pays. De près d’une cinquantaine de mètres de hauteur, le pont subi les assauts répétés des camions, veilles guimbardes, charrettes ou simplement de piétons qui vont et viennent dans l’un ou l’autre pays. Le hennissement des ânes, le linge des populations sur le cours d’eau font partie d’un décor au relief très accidenté et montagneux. Retour du côté sénégalais pour constater que l’essentiel des activités tournent autour du commerce. L’informel semble être la seule alternative. Le secteur administratif tient le côté de l’informel. La ville n’est nullement moderne. Les rues et ruelles n’ont pas subi la rigueur d’un urbanisme. Cahoteuses, elles commencent à faire les frais du début d’hivernage au grand dam des populations. Quelques rares habitats poussent à côté des veilles bâtisses. Au-delà des deux pays, le sous-préfet de la commune Cheikh Mboup, est d’avis que Kidira est « un carrefour entre le Sénégal, le Mali et la Mauritanie ». Mieux, il parle d’un point de passage entre le Sénégal et nombre de pays ouest-africains. Le commandant de la brigade de gendarmerie, Ousmane Dione, qualifie Kidira comme « la porte d’entrée d’Afrique de l’Ouest » avec ses voies ferroviaires et routières.