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Rencontre Marie Camara

Et pourtant, rien ne prédestinait cette brave dame à une vie « plurielle » ! Née il y a un peu plus d’un demi-siècle, dans une famille assez élargie où se côtoyaient les grands-parents, les parents, les frères, sœurs, cousins, neveux, enfants…Marie a eu la chance d’avoir un père devenu « spécialiste » de la santé malgré sa formation sur le tas : Mamadou Djidou Kamara et une tante matrone.

Sur la Montagne Centrale, dans ce quartier populaire où vivent plusieurs ethnies, comme les enfants de son âge, Marie a partagé leurs jeux. Comme eux, elle a fréquenté l’Ecole Régionale (actuelle IMDB) de Grimpallé jusqu’au CM2. Elle en est sortie avec le Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires (CEPE).

Le fait de se marier jeune va jouer sur sa vie et l’orienter vers la protection des filles et de la femme en s’engageant sur plusieurs voies.

Malgré son jeune âge, à l’époque, elle conseillait des jeunes filles et des femmes qui venaient la voir spontanément. Elle décida alors de penser à un système de développement des femmes. Marie faisait donc le tour des marchés et des lieux fréquentés par ses « sœurs » pour les sensibiliser dans un partage de biens appelé « Pari ». Munie de cinq cahiers comprenant chacun quinze femmes (75 en tout), matin et soir, Marie leur rendait visite pour récupérer quotidiennement auprès de chacune la « participation » de 100 F. Chaque jour, elle gardait 7500 Francs qui, au bout de la semaine grossissaient pour devenir la rondelette somme de 52 500 Francs. A la fin de la semaine, entre femmes, un tirage se faisait pour désigner trois d’entre elles qui allaient bénéficier de 15 000 F chacune. Ces dernières étaient tenues de rembourser intégralement le montant prêté avec un bénéfice de 1000Fpour le groupe.

Au bout d’un certain temps, les cotisations grossissaient. Elles ont ajouté un peu de pragmatisme à leur activité. Ainsi, des prêts pour achats de réfrigérateurs, de machines à coudre, de bols…ont aidé certaines femmes à développer leur commerce. De 1000 F, les intérêts aussi ont grimpé à 2 500 F et enfin à 5000 F.

Devenue très entreprenante, femme de développement, Marie n’a pas cessé de réfléchir aux moyens de diminuer les lourdes tâches sous lesquelles croulaient et croulent encore les femmes. Ce qui l’a conduite à avoir la confiance de ses sœurs pour être la Présidente Départementale des Femmes et diriger le Comité Consultatif des Femmes du Département de Bakel.

Marie a plusieurs mouchoirs de tête (pour ne pas dire « casquettes ») : elle est aussi Badiène Gokh. De jour comme de nuit, elle lutte contre les violences faites aux femmes, contre l’excision, les grossesses précoces. Elle pousse aussi les familles à chercher des extraits de naissance pour leurs enfants. Régulièrement, elle organise des sensibilisations dans les quartiers, soutenue par le Service Départemental du Développement Communautaire (SDDC) avec madame Ndèye Anta Diouf Seck et le CCA avec monsieur Mahamadou Diagne. Le GIE Modi Ndiaye Kafo, basé à Grimpallé et s’activant dans la transformation de nos produits agricoles est créé en 2014 par quatre-vingt-cinq (85) femmes. Aujourd’hui, il ne compte que quarante-cinq (45) membres. Elle en est l’initiatrice.

En politique, son militantisme dans le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) de Maître Abdoulaye Wade, en ce temps-là dans l’opposition, avait permis à Marie, en 2000, au contact de feu Yougoukhassé Konaté, Sénateur, de Doumbé Mody Traoré et d’Aminata Diallo (Ministre et Maire de Bakel) de se frayer un passage dans cette forêt de politiciens. Cette Libérale de longue date, n’a jamais pensé changer de Parti. Fidèle au PDS, malgré les tentatives de la faire « transhumer », elle se dit indéboulonnable : les « mécaniciens-politiciens » n’ont qu’à ranger leurs outils de travail et leurs clés dans leurs trousseaux!

La « Dame de fer », comme la surnomment certains membres de la Société Civile, est infatigable, « inoxydable ». Elle est dans toutes les cérémonies, plaçant toujours le bon mot pour rassembler. D’ailleurs, dit-elle : <<je garde de bons rapports avec tous les politiciens de tous les Partis. >>

A l’endroit de la population, elle demandera de la solidarité surtout en cette période pandémique, en respectant aussi les mesures-barrières : porter le masque, se laver les mains régulièrement, utiliser souvent le gel anti alcoolisé, rester chez soi au lieu de traîner dans les rues.

Aux femmes des cités ou du monde rural, le poids de la société pèse surtout sur nous, ajoutera-t-elle. Nous devons être plus fortes, plus solidaires, pour supporter cette charge normale, naturelle, sur nos épaules.

Aux filles et aux garçons, Marie, la Dame de fer, en riant leur dira d’étudier, de persévérer dans ce qu’ils font, de rester au Sénégal. L’avenir de notre pays est entre vos petites mains. Les embarcations qui vous engloutissent au fond des Océans sont à éviter. Nous avons des terres aussi vastes que les mers. Restez

donc ici et travaillez. Personne ne viendra de l’extérieur construire notre pays à notre place ! Alors, debout ! Debout ! Debout ! Et au travail !

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

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