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La Voix du département de Bakel

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DiamanBathily 04Fev19

Parler de l’Education avec un grand « E » sans citer un homme qui s’est sacrifié pour son terroir, plus particulièrement dans ce champ d’activité qu’est l’enseignement, c’est tronquer le récit. Or en âme et conscience, notre volonté est de retracer, en toute clarté, dans la vérité, les faits tels qu’ils sont, tels qu’ils se sont déroulés.

Nous parlerons dans cette rubrique d’hommes et de femmes de chez nous, dans tous les domaines, pour mieux les faire connaître à la jeune génération surtout.

Pour ce 15 janvier 2021, à quelques jours seulement du deuxième anniversaire de son décès (04/02/2019), « RENCONTRE AVEC… » ne peut que montrer cet homme engagé, discret, amoureux de son terroir, prêt, de jour comme de nuit à se retrousser les manches pour l’évolution de la culture et de l’éducation dans le Sénégal en général, à Bakel en particulier : DIAMAN BATHILY.

Né le 2 janvier 1929 à Ségou (Mali), celui que tout le monde appelle « DOYEN » a eu une longue carrière riche et enviée (Mach Allah) !

Ayant débuté sa scolarité au Mali où servait son père, « Doyen » est revenu à Bakel en 1943. Ses camarades du Cours Moyen (CM) étant à Matam, le Chef-lieu du Cercle (Bakel était en ce moment, Chef-lieu de Subdivision), il n’a pas été accepté au CE2.

Deux années durant, il était à Tuabou, sans étudier. C’est quand Bakel a eu un cycle complet que Diaman est revenu pour terminer sa scolarité primaire avant d’aller à Saint-Louis du Sénégal, au Collège Blanchot.

Le 8 décembre 1951, monsieur Bathily débute sa longue carrière d’enseignant à Saldé. Il n’y fit que trois mois (2 mois et 25 jours plus exactement) car à partir du 3 mars 1952 jusqu’au 3 mars 1953 (une année pleine), il était sous les drapeaux, dans l’Armée, à la 6e Compagnie de Dakar Bango à Saint-Louis pour une formation militaire. Le jour même de sa libération de l’armée, il était affecté à l’Ecole Nord de Saint-Louis comme Suppléant durant 8 mois.

Du 3 novembre 1953 au 3 novembre 1954 (1 an), il a servi à l’Ecole de Podor en qualité d’adjoint.

Puis Dagana l’accueille du 3 novembre 1954 au 21 octobre 1961 comme adjoint.

A partir du 21 octobre 1961 jusqu’au 21 octobre 1963, monsieur Diaman Bathily était à l’Ecole Wagou Niayes 1, à Dakar, toujours en qualité d’adjoint.

Après le refus de beaucoup de Bakélois de venir à Bakel remplacer monsieur Doudou Dieng, l’ancien Directeur d’école, il a accepté, sans hésiter, à partir du 21 octobre 1963 à relever ce grand défi, servir chez soi (NUL N’EST PROPHETE CHEZ SOI !).

Enseignant le plus gradé du département, monsieur Diaman Bathily s’est vraiment sacrifié pour l’Education d’abord, la Culture ensuite et même pour le Social enfin.

L’Ecole Régionale de Bakel qu’il a trouvée avec huit classes, grâce à sa volonté de « sauver » beaucoup d’enfants qui traînaient dans les rues ou qui allaient dans les champs avec leurs parents, il a usé de sa largesse d’esprit, de son entregent pour arriver rapidement à douze classes en inscrivant plusieurs d’entre eux, tout en faisant de bons résultats (accès et qualité ensemble).

Avec lui, fils du terroir, connaissant ses us et coutumes, il a instauré le travail de groupes la nuit qui consiste à regrouper des enfants d’un même quartier, avec des niveaux différents, forçant l’entraide entre eux. Tous les groupes savaient qu’à un moment ou à un autre, le DIAMANT de l’Education allait passer voir comment l’on se comportait dans les groupes. C’était l’occasion pour les enfants de soumettre les difficultés rencontrées au cours de leurs révisions. Au propre comme au figuré, monsieur Bathily se retroussait les manches et commençait les explications qui, (toujours) au bout, rapportaient la satisfaction, le sourire aux lèvres des enfants.

Le temps passait parfois si vite que les pauvres enfants ne s’en rendaient même pas compte. Souvent, après une nuit laborieuse, quand ils dodelinaient de la tête, en classe, le matin, gagnés par le sommeil emprunté, monsieur Bathily, en grand pédagogue n’hésitait pas à s’approcher d’eux, à les réveiller, discrètement, tout doucement puis à les « libérer » au grand étonnement des autres élèves qui ne comprenaient rien au geste hautement psychologique et social de ce grand monsieur.

Le DIAMANT de l’Education était chez lui ! Il fallait faire briller les autres, les enfants, ces garçons et ces filles pour qui il a abandonné la capitale ; son éclat à lui, suffisait pour éclairer son Département. Sachant que l’Education, pour qu’elle soit complète, devait embrasser plusieurs domaines, il n’hésita pas à

intéresser les maîtres et leurs élèves à la Culture (théâtre), au Sport d’une manière générale mais au football en particulier, au Travail de la terre avec le jardin scolaire au bord du fleuve Sénégal et la Palmeraie vers le cimetière de Grimpallé.

Pour le Ministère de l’Education Nationale, « Doyen » occupait réellement le rôle d’un Inspecteur. Le seul qui existait à l’époque se trouvait à 250 Km de Bakel, là-bas à Tambacounda. L’état des routes et la taille colossale du Département ne facilitaient pas les déplacements surtout que les examens professionnels étaient rares. Monsieur Bathily avait plusieurs tâches : encadrer les jeunes maîtres qui quittaient parfois le Collège sans le Brevet pour servir comme Moniteurs puis surveiller en rendant compte sur le plan administratif de la situation du vaste Département à ses supérieurs hiérarchiques.

Bakel, vu sa position géographique, est un lieu de rencontres de plusieurs ethnies : les Soninkés, les Bambaras, les Peulhs, les Maures, les Wolofs…Cette situation « oblige » ce Département voisin du Mali et de la Mauritanie de partager sa culture et d’en prendre chez les autres (l’enracinement puis l’ouverture du Président-poète Léopold Sédar Senghor).

Avec les Semaines de la Jeunesse, monsieur Bathily et l’incontournable Thierno Bocar Cissokho ont beaucoup contribué au rayonnement de la Culture dans notre Département.

Ensuite les Premières Journées Culturelles de Bakel (et même du Sénégal) initiées par Cheikh Abdou Khadre Cissokho, ont nécessité des recherches approfondies sur la circoncision en milieu Soninké. Totalement impliqué, il a, avec des hommes et des femmes de culture tels que les Thierno Bocar Cissokho (l’indispensable), Kader Tandia, Mamadou Boulaye Konaté, Tairou Diakhité, Moulaye Konaté, Alkhaly Traoré, Djiby Sindé Traoré, Demba Siraboula, Waly Djidou, Adama Traoré dit Dallas, Boubou Ndiaye, Souleymane Khanta, Dahaba Tounkara, Djiby Sy, Saloum Coulibaly, Adama Ndiombo Traoré, Maba Djidou, Habsatou Dansira, Mamadou Soumaré, Mama Sankharé… permis au Sénégal de se lancer dans la recherche de leur « culture », leur « soi-même », leur identité, à travers des Journées Culturelles qui depuis ce temps, leurs organisations ont traversé tout le pays.

Autour de lui, Président de l’association, il avait rassemblé des hommes qui avaient la même vision que lui de la Culture d’une manière générale mais surtout celle de chez nous, du Gadiaga et du Boundou dans l’Association pour la

Revalorisation de la Culture dans le Département de Bakel (AREVAC): Dallas était son adjoint, Idrissa Diarra, le Secrétaire Général, Ibrahima Diallo dit Demba Kâ, le Trésorier et des membres non moins importants comme les Kader Tandia, Boubou Ndiaye (le Marin), Mokhtar Sakho, Mountaga Camara, El Hadj (Abdourahmane) Ndiaye, Modibo Cissé, Fara Camara…

APT/BAKEL, ce jumelage qui a tenu et traversé des temps lui doit beaucoup. Malgré ses innombrables charges, au Sénégal comme en France, il a été au cœur des activités, ne se lassant jamais, avec sa belle voix d’enseignant, de conseiller à droite, de suggérer à gauche, d’échanger avec tous. Très prudent et fin conciliateur, il a toujours refusé les malentendus. C’est surtout lors des discussions interminables entre enseignants, pendant les rencontres pédagogiques que l’on reconnaissait la vivacité et l’ouverture d’esprit de cet homme qui maniait avec beaucoup d’aisance aussi bien la langue de Molière que le Soninké du Wagadou, le Bambara de Da Monzon, le Peulh de Koly Tenguéla, et le Wolof de Kocc Barma Fall.

Son côté religieux ? Je m’en vais paraphraser un de ses anciens élèves, en la personne de Sourakhé Ndiaye, dans un message qu’il lui avait adressé lors de l’hommage solennellement rendu à cet homme à part, par le personnel, les parents d’élèves et les élèves de l’ex-Ecole Régionale qui porte aujourd’hui le nom d’Ibrahima Malal Diaman Bathily (IMDB), son père qui fut aussi Instituteur :<< Homme de foi et de piété, Doyen Diaman Bathily était un croyant fervent en ALLAH, l’Eternel, le Grand, le Bon, le Juste mais aussi un Sunnite suivant ainsi la voie de l’Envoyé de DIEU, Mohammad (PSL) et enfin, fidèle Talibé de Cheikh Ahmad Tidiane Chérif, de feu Mamadou Saïd Bâ et de feu Mountaga Barro.>>

Doyen Bathily repose aujourd’hui à Madina Gounass qu’il avait déjà choisi, il y a bien longtemps. En paix, le cœur léger, sereinement, il peut dormir pour avoir servi Bakel avec amour et dévouement.

La question qui attend, non pas une, mais des multitudes de REPONSES est : QU’EST-CE QUE BAKEL A FAIT POUR LUI ?

Prions tous pour lui. Le 04 février 2021, il nous aura quittés depuis deux ans. PAIX A SON AME ! QUE LE BON DIEU L’ACCUEILLE DANS SON PARDIS ! Amen !

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

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