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La Voix du département de Bakel

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La question de la mort est l’élément qui suscite le plus d’inquiétudes ici-bas. Elle inspire une peur instinctive qui va et vient, se nourrissant de la peur de perdre un être cher. Mais lorsque cette peur devient réalité, une évidence, on a le sentiment aux premières heures, de faire face à l’effondrement de son monde, tant l’être disparu laisse un vide viscéral, profond. Là, nous sommes au cœur de tout ceci avec la disparition de Gongo Soumboulou Koné.

Gongo était universel, il n’appartenait point à un clan, il s’efforçait de rassembler, d’unir et savait rester un être équitable, il était à des années lumières de cette mesquinerie et de cette hypocrisie qui sont des traits caractéristiques de nos sociétés ; Gongo était un humaniste, il était engagé, il cultivait cet humanisme au sens sartrien du terme, cet humanisme qui allie trois choses : la solidarité, le refus actif des injustices et le don de soi pour les causes, car il était un homme de terrain, il se refusait cet engagement qui s’arrêtait au conceptuel, parce que l’engagement, le vrai, demeure dans l’application des idéaux sur le terrain jusqu’au dernier souffle ; il était tout cela, notre cher Gongo.   

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 Gongo aimait les gens, il aimait l’Humanité pour qui il a donné toute sa vie, sa fortune, son cœur et ce, jusqu’aux derniers jours de sa vie. En effet, il y a tout juste quelques semaines – peu avant sa rechute  –, il parlait des dossiers à certains de ses visiteurs,  demander où les choses en sont, tout ceci pour le bien de Diawara, entre autres. Quelques visiteurs s’en souviennent encore, comme si c’était la minute avant qu’il ne rende le dernier souffle. 

 Gongo aimait Diawara, il aimait les gens de Diawara, pour mieux se rendre utile et donner ce qu’il a de meilleur en lui, il a choisi l’association Corédia, c’était il y a plus de 40 ans, jusqu’à nos jours, jusqu’aux derniers moments. Gongo est celui qui est à l’origine du jumelage entre la Ville de Longvic et la Commune de Diawara, il aimait Longvic, il aimait sa population et il a toujours demandé à ce que ces liens de fraternité qui nous unissent à cette Ville ne s’estompent jamais et qu’ils soient toujours entretenus et magnifiés par la plus belle des manières. C’est aussi grâce à ses relations au sommet  avec le Co-développement que le somptueux Projet Eau et Assainissement du Corédia a pu voir le jour. Très peu de personnes le savent aussi, mais Gongo a fait des milliers de kilomètres au nom de Diawara, auprès d’Organisations internationales, toujours pour cet idéal humaniste. Cet engagement a payé, il a apporté du confort et un certain développement durable pour Diawara et sa population. Mais son œuvre ne s’est jamais cantonnée à Diawara ; en effet, de la même manière, il a été utile à d’autres contrées, aussi bien du Mali que de la Gambie ou de la Mauritanie, partout, absolument partout. Cela va de la construction d’écoles ou de puits de forage à des postes de santé, pour soulager des populations en détresse.

 Gongo était un homme sincère, honnête et surtout constant dans tout ce qu’il entreprenait. Il aimait beaucoup dire ceci, avec toute la sincérité qui le caractérisait : « Moi quand je m’engage, je m’engage entièrement, je ne m’intéresse pas à des considérations périphériques qui freinent plus qu’elles ne font avancer, et c’est toujours dans la constance qu’il faut évoluer, avancer tout en restant fidèle à ce dont on croît bon pour soi et pour les autres, parce que les autres, c’est aussi une partie de nous-même, car notre individualité ne saurait exister sans les autres, et de ce fait nous sommes aussi les autres et cette affirmation n’est vraie que si on a le cœur pur, le cœur bon envers ses semblables, et c’est seulement à cette condition-là qu’on réussit ce que l’on entreprendre pour aider les autres, et il appartient désormais à vous la nouvelle génération de faire évoluer et avancer les choses dans le bon sens, dans celui du rassemblement et de la non exclusion. C’est très essentiel surtout dans l’époque où nous évoluons». Quelle belle sagesse ! Quelle belle leçon du vivre ensemble ! Quelle belle leçon d’humanisme !

Il aimait beaucoup la littérature française et la France pour ce que cette dernière lui a apporté de bien et de meilleur. Sa passion pour les Belles Lettres était fascinante, et l’on comprend parfaitement qu’il fut un très bon bibliothécaire (métier qu’il exerçait avant sa retraite) ; c’était passionnant de l’entendre citer des vers d’Aragon ou de Mallarmé. Un homme d’une grande culture.

 Gongo était notre locomotive, notre pensée vivante, notre espoir qui grandissait au fil des années ; il est désormais, en somme, cet être en qui nous continuerons sans relâche à puiser pour un avenir meilleur pour aimer davantage et secourir notre prochain. Il était notre Général, mais un Général toujours au-devant de ses troupes pour avancer sur le champ de la solidarité et de la défense des faibles.

 Gongo, jamais, il n’a  cherché à faire du mal à qui que ce soit, il avait même peur, tantôt, de formuler un jugement, par peur de blesser son semblable, par une formule mal comprise ou qui aboutirait à une interprétation hasardeuse ou biaisée de sa pensée, mais il finissait par trouver le mot juste, le mot simple mais pertinent, et au moment où il faut. 

 Gongo est la personne de trop que la communauté de Diawara a perdue. Les années 2012 et 2013 sont horriblement terribles  pour Diawara. D’abord avec les disparitions de Idrissa Sow et de Mamadou Nédio Doucouré, ensuite avec celle d’il y a quelques mois de Bosso Sakho et maintenant  suivie de celle de Gongo Koné ; notre douleur de voir ceux qui se sont donnés corps et âmes (et souvent au détriment de leur propre personne et de leur propre confort personnel) pour la cause de Diawara, pour le bien être de Diawara, pour une certaine promotion du progrès social à Diawara et pour sa population, nous plongent dans un sentiment de désolation profonde. Mais leurs œuvres et leur constance qui n’a jamais fléchit et ce, malgré vents et marées, nous procurent cette force, cette conviction et cette ténacité qui ne peuvent que grandir pour prendre de l’ampleur. Ils méritent notre reconnaissance, la reconnaissance de la communauté de Diawara. Aux Grands Hommes qui furent au service des autres, renonçant à leur propre liberté, parfois, méritent légitimement cette reconnaissance après leur mort.

 Nous sommes devenus les gardiens du Temple, les gardiens d’un certain idéal qui doit perdurer et rassembler, qui doit être solidaire. Nous sommes désormais condamnés à refuser la régression sociale, nous sommes condamnés à nous impliquer davantage dans des causes justes, humanistes et  solidaires, parce que ce serait trahir la mémoire, la dignité et l’honneur de Gongo Soumboulou Koné qui n’a jamais faiblit dans son idéal d’homme qui appartient à toute les communautés, à tous les groupes, à toute l’Humanité.

 Aujourd’hui le soleil de ses idées est parti disparaître dans les nuées, mais il réapparaîtra bientôt dans un ciel bleu, un ciel joyeux où mille astres scintilleront de leur lumière éternelle ; il est parti dans cette contrée où rien ne meurt plus jamais, où le temps véloce n’existe plus ; là où il est, il s’apprêtera bientôt à apercevoir le Paradis, œuvres de ses bienfaits. 

 Allah (SWT) est Bon, Il saura reconnaître les résidents de la Grande demeure éternelle. Il reconnaître, sans aucun doute, Gongo Soumboulou Koné, parmi ses hôtes !

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