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La Voix du département de Bakel

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Coq

 

Au loin, les aboiements des chiens brisent le silence de la nuit profonde. La lune, déjà vieille de six jours, étale sa grandeur dans un ciel pourtant obscur.

 

Quelques étoiles éparpillées rappellent aux rêveurs leur présence bienfaitrice sur les êtres.

 

Tout près, dans le voisinage, un mouton, un seul, un seul mouton, un mouton seul dans cette nuit, bêle, certainement oublié par ses propriétaires après la rupture de la rude journée de jeûne. L’animal empêche la maisonnée de dormir sans sa faim assouvie et sa soif étanchée.

 

 

Plus de bêlements ! Apparemment ses désirs sont exaucés car le calme s’est réinstallé dans le quartier.

 

Pendant que Mocirédin essaie de compter les étoiles du ciel, son épouse Diambéré Khoumba ronfle. Fatiguée par les innombrables travaux du jour ensoleillé, elle essaie de « récupérer » avant le « Yassaaye Mouna », ce chant avertisseur de l’heure du début du jeûne, par des volontaires du quartier qui en font le tour.

 

De temps en temps, Mocirédin secoue son épouse pour lui faire changer de position car ses ronflements l’indisposent. Il décide, alors de profiter de la nuit et de ses secrets.

 

Des ombres furtivement passent. Des sons inexplicables troublent le silence. Des lumières affolantes, bien que rapides, donnent des sueurs froides à ceux qui les voient. Les mystères de la nuit s’accumulent, rendant Mocirédin plus craintif. Il se met en boule, à la manière des chats, se couvre du drap blanc que son épouse a mis sur son oreiller et se met aussitôt à dormir comme un loir.

 

A la belle étoile, sans aucun toit au-dessus de soi, en contact direct avec tous les vents, d’où qu’ils viennent, avec tous les bruits aussi légers soient-ils, le climat est plus doux mais l’esprit n’est pas au repos : chaque mouvement « étranger » dérange étrangement.

 

Mocirédin ne parvient plus à fermer l’œil. Pour ne pas réveiller Diambéré Khoumba, sa femme, il se lève doucement du matelas et se dirige vers les toilettes. Puis il s’assoit sur un banc à côté des canaris et commence à faire ses ablutions. Il priera deux « Rakas » afin de chasser loin de lui et de sa famille tous les mauvais esprits invisibles qui rodent dans la nuit.

 

Un chat noir et blanc, trempé par l’eau qui s’écoule de la bouilloire, miaule puis change de place. La nuit s’est totalement installée. Elle a effacé tous les bruits du jour pour reprendre son trône. Le règne ne sera pas long, mais c’est un règne. Obscur ou clair et parfois même clair-obscur, le règne, comme tous les règnes, n’est jamais éternel (sauf celui de DIEU !)

 

Les premières lueurs de l’aube blanchissent le ciel. Les coqs n’ont pas encore chanté. Les « Volontaires » suppléent les animaux de la basse-cour pour réveiller ceux qui sont encore retenus par Morphée afin qu’ils se préparent pour le premier repas du jeûne. << Yassaaye Mouna……>>, c’est le chant de ces hommes engagés pour leur religion, prêts à servir les autres au nom d’ALLAH le TOUT PUISSANT. Ce chant, mélange d’Arabe et de Soninké, indique aux femmes l’heure à laquelle il faut présenter la nourriture aux gens de la maison et pour les autres, à se lever car l’heure de la prière n’est plus loin aussi.

 

Une nuit ? Ce sont des ombres. C’est le moment des secrets les plus intimes. La période des rêves les plus fous mais aussi des cauchemars. Le temps choisi par les bandits pour leurs sales besognes. La nuit ? Plaintes et complaintes s’y côtoient. Larmes et rires sournois se dévisagent. Tout est possible dans le noir !

 

Heureusement que la lumière du jour vient avec ses balais et ses têtes de loup pour enlever toutes les taches de la nuit. Les bruits remplacent le silence de la nuit. Les pilons tombent dans les mortiers. Les salutations fusent de partout. Les moteurs des vieux véhicules fatiguent les oreilles. L’animation diurne a repris. Le soleil que les hommes craignent, sort de sa cachette nocturne et réchauffe la terre. Hommes et bêtes transpirent. Encore des heures de souffrance dans la canicule. 43, 44 jusqu’à 47° à l’ombre ! Qui a mieux  ou qui dit mieux? Le Gadiaga et le Boundou ne se plaignent pas. Le bon DIEU voit leurs braves populations. Les habitants de cette zone de notre pays auront peut-être droit à un bonus durant ce mois béni du Ramadan pour récompenser leur courage et surtout leur foi ?

 

Idrissa Diarra

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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