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ElevesAnneeBlanche

 

La nuit est noire. Ce soir, le ciel a revêtu sa tenue la plus sombre pour apeurer les hommes et les obliger à rester cloîtrés chez eux. Elle ressemble, cette nuit, à certains souvenirs du passé qui rappellent les grondements du tonnerre, les zébrures des éclairs éclaboussant un instant la terre, l’illuminant pour aussitôt reprendre leur robe obscure. La lune et les étoiles se font désirer. Les rues sont désertes : les garçons et les filles attendent leur apparition pour animer les quartiers du village.

 

 

Diambéré Khoumba va et vient dans la cour de sa maison. L’éventail qu’elle tient en main ne sert presque à rien. L’air que son « ventilateur » envoie sur son corps couvert de sueur ne fait que l’irriter. Une chaleur torride étouffe les hommes et les animaux.

 

<<-Nous sommes à moins de trois semaines du 15 Mai 2018, début du mois de Ramadan et cette chaleur ne facilitera pas le jeûne, lance Mocirédin qui regarde son épouse se lamenter ! Notre foi est très forte et c’est elle qui nous donne, justement, la force de résister, d’accepter sans arrière-pensée les exigences de la religion musulmane.

 

Diambéré Khoumba, il fait chaud, il est vrai ! La nuit est noire aussi. Les quartiers sont tristement silencieux : l’absence de clair de lune a effacé la joie des enfants de s’amuser dans les rues de la Montagne Centrale ! Cela n’est cependant pas la seule raison de ton irritation. Que se passe-t-il ? D’ordinaire, c’est toi qui t’inquiètes à mon sujet. Cette fois-ci, te voir dans cet état me bouleverse.

 

-Mon Homme, j’ai toutes les raisons du monde d’avoir peur, dit Diambéré Khoumba. Tu as, tout à l’heure, parlé d’obscurité, de noirceur, de ténèbres. Moi, je crains la lumière, la couleur blanche brandie par les uns et les autres, ces temps-ci. Dans les esprits et peut-être même dans la réalité « l’ANNEE BLANCHE » est déjà là !

 

-Je ne pense pas comme toi. Même si à longueur de journée les enseignants crient en brandissant le spectre de « l’ANNEE BLANCHE », cette couleur ne couvrira jamais l’année scolaire 2017/2018. Comme les années passées, tu verras que nos pauvres enfants reprendront <<correctement>> le chemin de l’école et les dates des compositions et des examens seront repoussées de quelques semaines. << Tout est bien qui finit bien>> se frotteront les mains les enseignants et l’état ! Pendant ce temps, nous les pauvres parents, pères et mères des pauvres enfants-élèves, n’aurons que nos pauvres yeux pour verser nos pauvres larmes ! Où irons-nous nous plaindre ? Devant quelle juridiction ? Toi et moi, n’avons jamais à l’école française. Nous nous sommes sacrifiés pour permettre à nos deux enfants Mma Tokhora et Taata d’étudier dans de bonnes conditions pour adoucir plus tard nos vieux jours. Force est de constater que depuis plus d’une décennie, les années scolaires se suivent et se ressemblent, blanches à un tiers ! Trois années scolaires égalent trois tiers, c’est-à-dire qu’après chaque trois ans, nous perdons neuf mois, une année scolaire ! En douze ans, l’élève bakélois (pour ne pas généraliser) , puisque grâce au système éducatif, il ne redouble pas ; il se retrouvera en Terminale avec un niveau réel de la classe de quatrième ! Mon fils, le pauvre Bakélois sera en Terminale (L ou S qu’importe la lettre) sans aucun diplôme même s’il fait échec au CFEE et au BFEM qui ne sont pas exigés pour le passage en classe supérieure. La moyenne de classe suffit !

 

-Et pendant ce temps, enseignants et état signent ENCORE un autre accord (je demanderai à monsieur Diaman Bathily, ancien Directeur d’école de m’expliquer le sens de ce mot) sous le regard approbateur des associations de parents d’élèves, de la société civile.

 

UN ACCORD NE PEUT PAS CHANGER LA COULEUR D’UNE ANNEE SCOLAIRE ! Il faut donc que les deux parties prennent leur courage à deux mains et qu’on ferme les classes. Les longues vacances qui suivront permettront à tous, de situer les responsabilités des uns et des autres et surtout de tracer la NOUVELLE ORIENTATION qu’exige notre ECOLE !

 

-Dans tous les cas, à ce rythme, l’école française risque de perdre ses élèves qui vont grossir le nombre des « TALIBES » dans les Daaras et les écoles Coraniques. Est-ce que l’école française donne maintenant du travail ? Alors sans SAVOIR et sans TRAVAIL au bout, que reste-t-il à/de l’ECOLE ?

 

Je vais veiller pour trouver la réponse !

 

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

 

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