
Mocirédin cherche à épouser, non pas une seconde femme, mais bien une autre manière de se comporter, de passer inaperçu aux yeux du monde : la discrétion.
La Tabaski, AID EL-KEBIR, la grande fête musulmane ou AID AL-ADHA, la fête du Sacrifice qui a vu IBRAHIM vouloir sacrifier son fils ISMAIL, s’approche à grands pas.
A l’horizon, pas l’ombre d’un mouton à portée de bourses de pauvres, dans les différents points de vente de Bakel et même dans les marchés hebdomadaires de Gabou, de Bondji et cela jusque dans le lointain Bala (département de Goudiry). Cet animal tant prisé, espéré d’abord blanc comme le coton, puis avec de grosses cornes tout en remplissant toutes les conditions requises pour être sacrifié (âge, poids, aucune partie ne manque….) est vraiment difficile à trouver !
Ha, le mouton ! Il est devenu tellement important qu’il hante le sommeil des pères de famille. Qu’ils soient nantis ou démunis, leur souci premier, ces temps derniers, est et demeure comment, où et quand << dénicher >> un mouton comme offrande sacrificielle.
Le 1er Septembre (selon certains calendriers), permettra peut-être à tous les musulmans de notre pays de prier ensemble, de se demander mutuellement pardon après cette année difficile mais surtout à cause de ces LEGISLATIVES à oublier. Il faut souhaiter pour le pays, notre SENEGAL, un bon hivernage et une paix durable qui le conduiront vers un développement harmonieux.
Mocirédin veut être discret. Il est cependant tenu de sortir, de fréquenter les points de vente et marchander ferme un bélier, << son >> mouton à la sueur de << son >> front pour sa famille !
A défaut, il pourra se rabattre sur une chèvre de deux ans. Ce qui apeure Mocirédin, ce qui effraie le pauvre homme, c’est quand il ne parvient pas à avoir un mouton ou une chèvre ! La solution de rechange est loin d’être à sa portée : un bovin de deux ans ou un chameau de cinq ans.
Lui ; Mocirédin ne peut pas élever un mouton. Il n’a ni les moyens ni l’espace qu’il faut. La chèvre ou le mouton étant cher à cette période très proche de la Tabaski, la religion devait permettre à des moins nantis (pour ne pas dire les pauvres) de sacrifier des coqs et pourquoi pas des pigeons. Que le sang gicle d’un animal devait être l’essentiel. Mais la religion reste la religion ! Il faut donc tout faire pour se procurer << son mouton >>. D’autres dépenses énormes attendent encore les responsables de famille : les habits pour les enfants et tout ce qui accompagne la cuisson de la viande.
Mocirédin priera durant toute la nuit s’il le faut ! Il tombera de sommeil sur son tapis de prière et commencera à rêver. Peut-être (DIEU est très grand !) que son rêve sera heureusement interrompu par une main généreuse qui lui présentera un gros mouton blanc avec de grosses cornes. Il s’imaginera l’Ange DJIBRIL en train de remettre à IBRAHIM un bélier à la place d’ISMAIL.
Tout est possible ! Dix jours nous séparent encore du grand jour et comme il ne cesse de se le répéter : DIEU EST GRAND !
Idrissa Diarra