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MociredinPauvres

Plus serein, plus optimiste et plus social que Mocirédin sur cette terre, on en trouve difficilement.

Depuis son réveil, il scrute le ciel comme un jeûneur pressé de voir la lune qui mettra fin à son << calvaire >> du mois de Ramadan. Malheureusement pour lui, le grand toit garde toujours sa belle couleur d’hivernage bien prisée par les paysans.

En réalité, Mocirédin ne cherche rien à travers les nuages : il pense ; il pense toujours.

 

Tous ces jours, il voit des gens en masse se rendre à la salle des fêtes pour une enquête de l’ANSD, c’est l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie. Il s’agit des Bourses de Sécurité Familiales allouées aux plus démunis de notre pays lui a-t-on dit !

Le geste est louable mais la notion de pauvreté est mal perçue par la majorité de nos compatriotes : du pauvre mendiant qui tend la main aux passants pour une piécette au haut cadre de notre administration avec son sac diplomatique.

Le pauvre, socialement piétiné, est une source immense de revenus pour les ONG, l’Etat et les déjà riches ! L’on prend des airs de sérieusement tristes face à cette catégorie de personnes de notre société alors qu’au fond de nous-mêmes, on ne ressent aucune compassion !

Aux yeux du monde, sous le pauvre regard pitoyable de ces millions de démunis, des associations cupides s’organisent pour arnaquer des donateurs naïfs ou simplement << blanchisseurs >> de biens mal acquis. Elles descendent sur le terrain, avec une médiatisation incomparable, capable à elle seule (le coût de la publicité) de sortir des milliers de misérables de la pauvreté !

Si 100 F sont << offerts >> aux pauvres, aux démunis et même aux malades (tout ce qui tourne autour du SIDA, d’EBOLA, du PALUDISME, de ZIKA) ,900 F sont déjà << déménagés >> et empochés par les gentils donateurs.

Il faut penser autrement pour éradiquer la pauvreté sur notre terre : plus de cœur de la part des nantis, beaucoup plus de partage de leur part, dans la discrétion la plus totale au lieu d’appeler radios et télés au cours de cérémonies pompeuses organisées sur les places publiques !Avant d’être verticale, c’est-à-dire de l’Etat, des Collectivités Locales ( les politiciens ) vers les populations, la solidarité doit être horizontale, entre les hommes et les femmes de la terre.

Palu et SIDA ont déjà engloutis combien de milliards durant toutes ces années ? Quels résultats concrets a-t-on tirés de ces fameuses campagnes de luttes ? Qui le sait ? En tout cas, ce n’est pas Mocirédin !

Il se frotte les yeux. Et il rêve de se trouver face à ces liasses de billets de banques qui font courir, du matin au soir tout le monde. Ces papiers empêchent même certains de dormir !

Le Grand Théâtre, le Théâtre National Daniel Sorano, hauts lieux de la culture accueillent des foules immenses lors de soirées <<folkloriques >>. A cette occasion, des sommes monstrueuses sont ostensiblement distribuées aux artistes sous le regard hagard des millions de téléspectateurs étonnés par les gestes inconscients de ces hommes et de ces dames au << GRAND CŒUR >>.

Encore une fois, le fils de Mociré se frotte les yeux afin de se sentir éveillé, capable de réfléchir. Il repense à ces nombreux hommes et femmes qui se précipitent vers la salle des fêtes de Saré Demba, non pas pour une fête mais pour se faire recenser.

Mocirédin se dit : << -Je ne suis pas économiste comme le Professeur Kassé de notre région, mais je crois qu’en orientant certaines dépenses vers la construction d’usines, de structures capables de donner du travail à des milliers de jeunes, développera mieux nos zones que de donner 25000 F par trimestre à un démuni, qui pour les empocher est obligé de parcourir parfois des dizaines de kilomètres. Il demande à son fils, l’homonyme de son père, d’appeler rapidement son ami Ndirissa Sidy. Avec lui, comme à leur habitude, ils vont faire des calculs. Le fils du vieux Sidy a eu la chance de fréquenter l’école française. Il a ensuite travaillé à la SAED comme comptable. Les chiffres, il les connaît ! Ensemble, ils vont voir si, payer des enquêteurs, des superviseurs, des coordinateurs, des CTIC, sans compter la logistique, n’est pas plus onéreux que la construction d’une usine ou le financement d’une ferme rurale >>.

Mocirédin et Ndirissa Sidy se quittent, tout heureux d’avoir, à leur manière, exprimé leur pensée même si c’est sûr et même certain que leur réflexion ne sera jamais pris en compte.

 

Idrissa Diarra, www.bakelinfo.com

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