BAKELINFO.COM

La Voix du département de Bakel

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

AssembleeSN

Les cheveux déjà blanchis par la force de l’âge de Mocirédin prennent de plus en plus, et même entièrement, la couleur du lait des vaches de Yoro Amina Bara, le frère de son ami d’enfance. Il ne dort pas assez depuis plusieurs nuits. Viennent alourdir son calvaire, ces images déshonorantes des honorables Députés passées et repassées dans les télévisions nationales et même internationales montrant des représentants du peuple se donnant en spectacle !

 

Comme le vieux Sankharé du livre d’Ousmane Sembène, Mocirédin a vieilli. Il est méconnaissable le mari de Diambéré Khoumba, tellement il a changé !

Sa silhouette s’amincit et il prend de moins en moins soin de lui-même. On l’aurait pris pour un mendiant s’il était placé dans un lieu fréquenté par des fidèles un vendredi. Il fait pitié à voir le pauvre Mocirédin.

Comme un mal qui revient par intermittence, il retourne à sa pratique ancienne : son chapelet bouge entre ses doigts tremblotants. A haute voix, il récite des versets du Saint CORAN appris chez Kharamokho Barou Dia, il y a bien longtemps. S’entendre chanter soi-même les paroles de DIEU, le réconforte, le requinque, lui donne encore l’espoir de vivre, d’assister, qui sait, à un changement radical de notre société ? Ce jour n’est peut-être pas loin ! Alors, pourquoi se morfondre sur sa natte de prière ? Il faut agir, sortir de la léthargie qui l’ankylose.

Concentré dans ses pensées, Mocirédin essaie d’ignorer les passages calculés de Diambéré Khoumba. Elle n’est pas pressée, la grande dame ! Ses déhanchements excitants et le « Yakharé », cette chanson en l’honneur des femmes qu’elle murmure ne laissent pas Mocirédin indifférent. Il se lève et se dirige vers la mosquée de son quartier pour oublier les choses de ce bas-monde et s’éloigner des tentations sataniques.

Il n’y parvient pas, hanté par le pugilat gratuit offert par la presse au monde. Il s’adosse pour ne pas tomber car il devient faible le père de Mma Tokhora ! Il continue d’égrener son chapelet.

Actuellement, les nuits sont plus longues que les jours. Il restera là jusque tard dans la nuit, pourvu que les honteuses images qui parcourent le monde et dépeignent la société de notre pays le quittent. Il rentrera quand le moment viendra.

Dans l’arrière-cour de la petite mosquée, sous un jeune fromager, il y a un gros canari et des bouilloires (en plastique !!!). Mocirédin s’assoit sur une brique en ciment, reste des matériaux utilisés lors de la construction du mur du lieu de prière.

Il reprend sa position première. Après hésitation, il se lève, prie deux <<Rakas>> puis continue d’égrener son chapelet, souvenir du passage de son frère dans les lieux saints de l’Islam.

Thiéblé Camara, Sadio Woutorou, « Caporal Thiam », Abdi Camara, Samba Bocar Kâ et plusieurs autres fidèles arrivent ensemble. L’Imam Dramane Tamboura dirige la prière.

Avec Samba Bocar, Mocirédin s’étonne du calme des populations. Il ne comprend toujours pas pourquoi ceux qui disent les représenter dans cet auguste endroit qu’est l’Assemblée

Nationale osent défier le bon sens, l’entendement pour montrer des images aussi négatives de ce pays après près de soixante ans d’indépendance ! N’est-ce pas une honte ?

<<-Cela ne doit pas te surprendre Mocirédin, répond Samba Bocar ! C’est le mode d’élection qui conduit à toutes ces dérives. Nos représentants du peuple, en majorité, ne savent pas leur rôle, leur valeur. Les listes nationales n’ont aucun sens si ce n’est de permettre aux partis politiques de « recaser » des inconnus « impopulaires », incapables d’apporter des solutions aux multiples sollicitations de leurs « électeurs ». Comment veux-tu qu’un Député rendu Honorable par la fonction se soucie des problèmes des gens qu’il ne connaît pas ?

Celui qui veut être la voix de son peuple doit descendre dans le quartier, le village, l’arrondissement, le département, vivre les difficultés du bas peuple pour pouvoir le représenter dignement.

-Samba, tu as raison. J’ajoute qu’un Député doit impérativement avoir un certain niveau d’études. Il doit pouvoir lire et écrire, en français, en anglais, en arabe, en wolof, soninké ou peulh. Une fois élu, il ne représente plus un département mais travaille pour toute la contrée. Notre pays a mal. Ces hommes et ces femmes, censés être des Références, des Modèles, des Exemples ont montré leurs limites par leur absence de l’hémicycle ou par leur comportement à la frontière de l’imaginable lors du vote du Budget.

-De toutes les manières, absents ou présents inutilement, c’est 6 et 9, ajoute Samba. Dans nos écoles, les enfants sont initiés dans des Gouvernements Scolaires ou des Parlements d’Enfants. Cela permet d’éduquer ces futurs Ministres ou Députés dans leur rôle de demain. Pourquoi dès aujourd’hui ne faudrait-il pas créer un Parlement parallèle composé de jeunes de 15 à 20 ans ? Je suis sûr que ces jeunes Députés avec de maigres moyens se donneront plus et mieux que certains dormeurs de l’Assemblée, sans politique politicienne. Ce nouveau <<travail>> civique ne les empêchera pas d’être des enfants, d’aller à l’école ou à l’atelier et d’écouter le peuple qui les orientera. La crise de nos valeurs est indexée. Il va falloir fournir un effort surhumain pour toucher la réalité, s’éveiller, poser les pieds sur terre puis comprendre l’importance des changements obligatoires à opérer. Nécessité absolue !

-Quand ceux qui doivent donner l’exemple, ceux qui sont considérés comme des modèles, ceux qui sont imités par les plus jeunes tournent le dos à la Vérité, ajoute Mocirédin, il sera difficile de parler de morale, de civisme, de bonne gouvernance. Chaque nouveau jour apporte un nouvel éclairage sur le comportement indigne de certains adultes. Le passage déjà programmé d’un ministre de la République à l’Assemblée Nationale pour le vote de son budget doit être respecté. Mais si le Représentant de l’Exécutif se retrouve dans un hémicycle presque vide, parce que les hommes et les femmes de cet honorable lieu de confrontations d’idées, de défenses des intérêts des électeurs ont choisi d’aller voir ailleurs, s’occuper d’autre chose (pouvoir comme opposition), cela devient alarmant pour notre pays!

- Mocirédin, les populations doivent maintenant avoir les yeux ouverts et surveiller les mandataires qui qu’ils soient pour le respect du contrat signé avec Nous, le peuple qui les a élus.

-Ne rêvons pas Samba Bocar! La situation s’empire d’année en année. Prions que DIEU nous accorde sa miséricorde.

Idrissa Diarra, bakelinfo.com

Chroniques du Mardi

Religion

Actu. locale

Portraits