Le soleil s’est maintenant couché derrière les ombres de la nuit qui s’installe petit à petit sur la terre. Les étoiles commencent à jouer dans le ciel. La lune, un peu triste ce soir sort le bout de son nez pour égayer les hommes, les éclairer.
Le temps enfile son boubou blanc puis chausse ses légers sabots pour traverser la nuit sans peur de croiser Satan et ses idées diaboliques !
Les lueurs diurnes effacent la peinture noire du tableau nocturne. Les coqs chantent déjà. De temps en temps, des chiens aboient en se poursuivant, des ânes braient et les deux chats de la maison miaulent. Ils dérangent Mma Tokhora qui en profite pour prendre son cahier de SVT et préparer le cours de 10 heures du professeur Bana Ndao.
Sa mère Diambéré Khoumba « s’affaire » depuis bien longtemps dans la cuisine qu’elle appelle son « bureau ». Mocirédin, son époux a mangé et bu car sa première journée de jeûne du mois de Ramadan, c’est aujourd’hui mercredi 16 Mai. Pour lui, mieux vaut avoir un bonus que de « payer » un jour de retard. Chaque année, c’est la même situation qui se présente dans notre pays. A travers la presse (écrite, télévisée ou parlée), des pays voisins sont cités comme débutant le neuvième mois du Calendrier musulman, ce mois sacré de l’Islam. Au Sénégal, les frontières n’empêchant pas certaines pratiques, des musulmans jeûnent. Ils suivent cette logique de l’écart « horaire » entre nos pays qui n’atteint pas une heure !
Mocirédin sait que le Ramadan, rite majeur de la religion musulmane, est le quatrième pilier de l’Islam. Il préfère avoir un bonus d’un jour qu’un retard à rembourser.
La Commission chargée de recueillir les informations concernant le croissant lunaire fait son travail mais le Sénégalais lambda a aussi ses propres informateurs et se base, la plupart du temps sur ses convictions personnelles.
Au-delà de s’abstenir de boire, de manger, de fumer….du lever au coucher du soleil, Mocirédin, en bon musulman respectera certaines exigences de sa religion : tous ses sens doivent jeûner.
Les versets du SAINT CORAN seront récités (pour ne pas dire « chantés ») à tout moment, autant que possible pour s’approcher du BON DIEU.
Les mosquées seront prises d’assaut parles hommes, les femmes et même les enfants parfois « tricheurs ». La fréquentation de ces lieux de culte ne doit pas s’arrêter à ce mois seulement !
L’occasion est bellement offerte pour se racheter, expier ses fautes, tout en se promettant de suivre désormais le « droit chemin ».
Ce mois devait permettre une économie des dépenses folles de certaines familles avec les trois repas parfois « gargantuesques » durant les onze autres mois de l’année.
L’abstinence volontaire de boire, manger…est une leçon « naturellement » dispensée pour rappeler aux hommes, aux femmes, aux musulmans, au monde, les atrocités de la faim et de la soif.
A partir de ce mois, au sortir de ce mois béni et pour les autres de l’année, des années qui vont suivre, l’Homme doit penser à l’égalité des chances devant la nourriture, l’eau.
Si tous appliquent les recommandations des religions, notre monde sera « le meilleur des mondes » car la faim disparaitra en même temps que la soif et toutes les autres formes d’inégalités.
Jeûnons, prions, ouvrons nos cœurs, partageons. Notre monde deviendra un monde de paix, d’amour, de solidarité.
Idrissa Diarra
