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La Voix du département de Bakel

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Tabaski2018

Mocirédin et son épouse Diambéré Khoumba ont suivi comme beaucoup de musulmans, certaines recommandations, en jeûnant ce lundi  20 Août  2018, le jour d’Arafat. Les pèlerins, à la Mecque, passent cette journée sous les tentes, sur et autour du Mont Arafat, à prier. Les personnes âgées et les malades restés dans les lieux d’accueil et nous autres musulmans des quatre coins du monde devons  jeûner pour expier nos péchés passés.

 

La maison est calme malgré les « crass-crass » du balai de la reine Khoumba, réveillée depuis le premier  chant des coqs pour s’occuper de ses multiples tâches  quotidiennes. Diambéré  les engage avec  une telle joie qui étonne chaque jour son mari !

Mma Tokhora  passe  ses vacances à Dakar chez  sa cousine Goundouma. Taata, le cadet de la famille dort encore sur sa natte, se grattant de temps en temps les parties du corps non couvertes par le drap,  malmené qu’il est par les moustiques, même sous la lumière du jour. Ces petites bêtes sont, elles, loin de la Montagne de la Miséricorde (Jabal  Ar-Rahma), le Mont Arafat, situé à une vingtaine de kilomètres, à l’Est de la Mecque.

Mocirédin a l’esprit tranquille : dans la cour de sa maison, un gros bélier attaché à un piquet, bêle et apeure les visiteurs en leur présentant ses grosses cornes. Il est fier, le mari de Diambéré, de le montrer  aux gens du quartier : c’est un don de sa nièce Fanta Aminata  qui est en France.

Dès après la prière de 17 heures, il ne le quittera plus des yeux. A Bakel, les voleurs  ont repris du service ces temps derniers avec beaucoup de plaintes de la part des éleveurs. Il ne dormira que d’un œil, l’esprit vif, toujours prêt à sauter sur l’imprudent qui osera tenter de lui voler son mouton.

                                           

L’Aïd Al Adha (fête du Sacrifice) ou l’Aïd El Kébir (la grande fête) appelée chez nous Tabaski, est encore une fois, célébrée  en deux jours ! Les démons de cette opération tant crainte par les élèves, la division, est passée par-là. Une partie de la population a prié le mardi 21 tandis que l’autre fêtait le mercredi  22. Cela dénote de la vivacité, de la liberté des croyants. Cependant,  ne faudrait-il pas que les musulmans se retrouvent, qu’il y ait un consensus afin que les deux principales fêtes soient célébrées dans l’unité, la concorde malgré la « démocratie religieuse ».

Ce mercredi matin, Mocirédin  s’est levé assez tôt, plus tôt que d’ordinaire, même s’il n’a que furtivement dormi, faisant attention à son bélier blanc et « cornu » offert par sa nièce.

Avec Taata son fils, ils ont conduit leur mouton au fleuve, au bord du long et grand fleuve Sénégal, en cette période de crue, pour le laver. Là, ils y ont rencontré d’autres « laveurs » de moutons. Et forcément les discussions ont tourné autour  des vols de béliers de la nuit et de l’arrestation  du grand bandit  <<Samba Thioolo>>.

En compagnie de son garçon, Mocirédin a porté son choix sur «  l’ensemble »  envoyé par son ami Ndirissa Sidi  depuis les Etats Unis, un grand boubou bleu et son pantalon. Le petit Taata s’est contenté de remettre au goût du jour, la tenue qu’il avait portée lors de la fête de la Korité. Diambéré avait bien pris soin, de le laver, le repasser  puis le ranger dans la malle, tout juste  après l’AID El-Fitr.

Taata sautille de joie sur les pas de son père, une natte de prière sous son aisselle gauche.

Il est 9 heures. L’Imam  Thierno Diallo dirige la prière des deux « Rakas ». Dans son sermon, après le rappel du « sacrifice d’Abraham », c’est l’actualité qui a retenu son attention : la division dans la célébration des fêtes musulmanes. Il a ensuite prié pour un <<bon hivernage>>. Il n’est jamais trop tard, insistera-t-il. Le Bon DIEU peut nous gratifier d’une bonne fin de saison ! Il a enfin souhaité dans les cœurs, la paix,  entre tous les hommes et les femmes de notre pays,  avec l’Election Présidentielle de Février prochain. Il a immolé son mouton avant de demander aux fidèles d’en faire autant.

A peine arrivé à la maison, Mocirédin s’est  déshabillé pour perpétrer à son tour le geste d’Abraham.

Fatigué, il s’est ensuite affalé sur la natte étalée sous le « Nîmes », grand arbre à ombrage touffu, à côté des canaris, à la recherche d’un peu plus de fraîcheur. Ses ronflements ne surprennent nullement Diambéré Khoumba qui se fait aider par son fils pour les petits travaux domestiques, en l’absence de sa fille Mma Tokhora qui manque à la maison.

A partir de 16 heures, la ville appartient aux enfants qui sillonnent les artères de Saré Demba à la recherche d’étrennes. Les adultes, eux,   se rendent visite et par la même occasion se font des souhaits de bonne et heureuse année.

XA KE BIRE WAAGA !

Idrissa Diarra

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