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VillagePlanetaire

<<- Mpa Mocirédin ! Mpa Mocirédin ! Mpa Mocirédin ! >>

Mocirédin s’arrêta, se retourna et vit une jeune dame à l’allure étrangère courir, les bras ouverts vers lui.

<< -Mais, c’est Fanta Aminata, ma nièce ! Depuis quand es-tu là à Saré Demba?

* Je suis arrivée hier matin avec mes enfants. Comment vas-tu mon père ?

* Je me porte assez bien. Comment vont ton mari et tes beaux-parents ? Et ta sœur Aissé Mmatokhora ?

* Ils te saluent et souhaiteraient un jour te voir avec eux, même pour un séjour d’un petit mois !

 

* Est-ce que moi, Mocirédin, fils de Mociré et d’Aissé Moussa,je pourrai vivre ailleurs qu’ici à Saré Demba, dans ce quartier si particulier de Guidinkhama avec le Fort Faidherbe actuelle préfecture, la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC), le Pavillon René Caillé, la Tour Jauris, le centre de santé Elisabeth Diouf près des anciens bâtiments occupés par des gardes républicains, les maisons des gardiens de notre tradition ( les griots) , celles des forgerons… ?>>

Mocirédin n’était pas loin du << tougou >>, ce lieu qui reçoit les hommes et rarement les femmes pour des réunions, cette sorte d’arbre à palabre où tout se dit : les bonnes et les mauvaises paroles.

Il remercia sa nièce et alla s’asseoir sous le hangar, s’adossant à un tronc d’arbre sec. Il s’assit en tailleur face à l’Est et commença ses << rêves >>, les yeux bien ouverts.

<< -Si j’avais été à l’école, si j’avais fait des études, je serais devenu fou à lier depuis longtemps ! Kader, mon ami, un professeur d’histoire à la retraite me disait l’autre jour que la population mondiale est de sept milliards trois cent cinquante millions (7 350 000 000) d’habitants et que la terre occupe une superficie de cinq cent dix millions (510 000 000) de kilomètres carrés. Le professeur avait continué en m’apprenant que chaque habitant de la planète dispose théoriquement d’une surface de terre émergée de vingt et un mille trois cents (21 300) mètres carrés sur les trois cent soixante millions (360 000 000).

J’avais réfléchi et à force de penser, je m’étais endormi, adossé toujours à ce tronc d’arbre sec.

Que cherchent encore les hommes ? Le Bon DIEU a déjà fait le partage permettant à chaque être de vivre sans contrainte sur un espace vraiment immense ! Que voulons-nous d’autre ?

A moi tout seul, dans sa magnanimité, DIEU m’a réservé 21 300 m2 de terre ! J’entends les gens dire que le monde est devenu un village planétaire ! En parlant de village, tous les esprits se tournent vers l’Afrique, chez nous, les pauvres. Mais puisque cet endroit réduit permet la connexion entre tous, il simplifie donc toutes les relations humaines. Du coup, il efface toute idée de frontières.

C’est absurde ! Comment lutter, se battre pour un lopin de terre qui va nous couvrir une fois mort ! Comment se considérer de tel ou tel continent alors que le monde est un village, un village planétaire ? Nous nous parlons, nous nous entendons, nous nous voyons à chaque instant comme si nous vivons sous le même toit.

Que veulent les hommes ? Ce qu’ils pensent et disent diffèrent toujours de ce qu’ils font. Au lieu de s’unir, les hommes s’entretuent, cassent des ensembles même pas encore viables de moins de trente pays, ferment hermétiquement les frontières empêchant des hommes épris de liberté de jouir de leurs 21300 m2 gracieusement offerts par DIEU !

J’ai honte d’être considéré comme une personne .Etre un animal m’aurait peut-être permis, instinctivement de respecter mon groupe, son esprit et ses lois ! Etre un chien, une colombe ou un mouton, grâce aux cris, je reconnaitrais mes frères des autres continents ; je me déplacerais par vol , en courant, en rampant ou en nageant, sans danger, l’esprit tranquille pour voir ailleurs, comparer puis retourner à ma base selon ma volonté et non manu militari.

Etre animal…

Ha les hommes ! Comment vous faire comprendre que nous ne sommes pas éternels ! Nous sommes des voyageurs en transit ! Cette terre que nous aimons bien sans compter tout ce que nous avons pu accumuler comme avoir et savoir resteront là après nous.

Nous, nous serons logés sans frais, une fois morts autant que les autres pensionnaires nos devanciers, chacun dans sa demeure. Pendant que nous vivons, ouvrons nos bras, nos cœurs, nos frontières. La terre n’appartient qu’aux vivants. Les morts vivent leur << vie >> sans histoire de terre, de mer ou d’air. Ce petit espace de même dimension égale pour ceux qui ne vivent plus, suffit ! ( Quelle sagesse !)Un mort n’a besoin ni de meubles ni d’agrandir sa demeure !

Vivants, pensons aux morts et comportons-nous comme eux, humbles, simples, sans histoires ni géographie (problèmes de terrains). Rendons-leur souvent visite et écoutons-les avec le cœur ! >>

 

Idrissa Diarra,bakelinfo.com

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