La rencontre entre Mocirédin et les élèves, ces temps derniers, l’a transformé, sublimé même !
De maussade, il était devenu jovial, souriant au moindre fait ou geste de ses voisins.
Maintenant, tous les matins, après la prière, il arpente les rues pierreuses de son quartier. De temps en temps, il entre saluer dans une maison et en ressort heureux, très satisfait d’avoir partagé son humeur, son bonheur, la clarté de ce début de jour, de cette aube naissante avec tous ces concitoyens.
Son esprit, loin d’être tortueux ne s’éloigne pas de l’essentiel ;il revient vers eux, toujours vers eux, les enfants !
Et il se revoit tout petit, dans son quartier <<Montagne Centrale >> avec les fils du Vieux Ali, le Cheminot, des garçons qui ont eu la chance de fréquenter l’école du village !Il leur rendait toujours visite. C’étaient ses camarades de jeux. Quand ils s’exprimaient en français, lui Mocirédin était tout heureux et même fier d’avoir des amis qui s’exprimaient bien dans la langue maternelle de Molière.
Il apprit plus tard que l’aîné du Vieux Ali, après son admission au BEPC continuait ses études à l’ENR.Il demanda le sens de ce sigle : Ecole Normale Régionale. Ce garçon, son camarade de jeu, allait devenir dans quelques années un << maître >>, celui qui aura maîtrisé après quatre années d’études << normales>> sanctionnées par un Brevet Supérieur de l’Ecole Normale ( BSEN :3e année)et un Certificat d’Aptitude Pédagogique (CAP) dès la quatrième année presque tous les secrets de la Pédagogie !
Mocirédin changea brusquement. Il se mit à soupirer, à rugir comme un lion ! Son ami Ndirissa Sidi caressa son épaule droite. Il comprend le désarroi de cet homme entier, sensible, prêt à tout partager avec les autres.
<<-Nniougo, que se passe-t-il encore lui demanda le fils de Sidi ?
-Il faut que les choses changent ! Elles doivent bouger pour révolutionner notre système d’enseignement, transformer le monde !Bien avant les indépendances, les colonisateurs avaient leur système d’enseignement ;Nuitamment, nous ramassions leurs << déchets>> dans leurs poubelles pour les appeler <<innovations >>. Assez ! Vraiment assez de cette manière de faire !
Nos << maîtres >> nous enseignaient le français, les mathématiques, l’histoire, la géographie, les sciences, l’éducation physique, les éducations civique, morale et sanitaire sans oublier le chant, la récitation.
Dans le monde, chez les Français, les Allemands, les Anglais, les Américains, les Asiatiques, c’est le même système. Il n’a pas empêché les guerres. Au contraire !
C’est dans les écoles que s’apprennent les sciences, ces mêmes sciences qui ont permis de fabriquer des armes, de découvrir les bombes, toutes ces atrocités qui nous tuent.
Assez ! Qu’on me permette de proposer aux différents ministres ayant en charge les problèmes d’éducation dans le monde de me trouver à Bakel (surtout les ministres africains ) pour leur proposer
l’apprentissage de nos langues ,rien que nos langues !J’ouvrirai des Ecoles Normalement Rurales pour former des maîtres du monde rural.
Nous n’apprendrons plus de français, plus de mathématiques, plus d’histoire, plus de géographie, plus de sciences. Ces disciplines nous ont retardés !
Désormais enseignons seulement à nos enfants la lecture et l’écriture dans nos langues. Ce n’est pas un privilège. Nous ne leur enseignerons que les bonnes habitudes à travers l’éducation civique, l’éducation morale et l’éducation sanitaire.
Essayons de sauver notre jeunesse. Le monde changera ! La solidarité naîtra, le partage se fera naturellement, la démocratie s’installera et chassera au loin tout ce qui tourne autour de la paresse (la mendicité, le vol, le mensonge, la transhumance…)
-Comment feras-tu pour être entendu et regrouper tous ces ministres à Bakel ?
-Les mosquées sont là ! Le Bon DIEU m’entendra. Mon cher il ne reste que le rêve. Alors, laisse-moi rêver en plein jour !
Idrissa Diarra,www.bakelinfo.com
