
Le climat change : le froid tant attendu par certains mais beaucoup craint par d’autres, s’installe peu à peu dans le département de Bakel, chassant au loin la chaleur. A travers les tenues, l’on reconnaît les frileux, ceux qui craignent les effets du froid. Les courageux sortent toujours en bras de chemise, qu’il pleuve ou qu’il vente.
Après la prière de l’aube, Mocirédin est retourné à la maison continuer un instant à égrener son chapelet avant de se blottir sous des draps chauds pendant que Diambéré Khoumba son épouse s’affaire dans la cuisine pour préparer la bouillie de maïs : leurs enfants, Mma Tokhora et Taata, ne doivent pas être en retard car les cours ont normalement débuté dans les écoles.
Le soleil se lève et donne un peu d’ardeur aux hommes qui doivent à leur tour se lever pour aller au travail. Il cache pour le moment ses rayons pour ne pas effrayer les travailleurs, surtout manuels.
Les bergers ont déjà trait les femelles (vaches, chèvres, brebis) en laissant le reste du lait pour les petits qui donnent des coups de tête rageurs sur les pis de leur mère pour avoir un peu de ce lait savoureux. Tout à l’heure, sous la conduite de ces hommes courageux, les bergers, les troupeaux de moutons, chèvres, vaches seront dans la brousse pour le reste de la journée à la recherche de nourriture, en cette fin d’hivernage.
Le retour à la vie dans les villages, le réveil des populations, est un moment délicieux qui crée une sorte de brouhaha dans une particulière harmonie. Cela permet aux hommes et aux femmes de se saluer, d’échanger de civilités, dans la gaîté afin de souhaiter passer une autre bonne journée.
Mocirédin était au Camp Sada Ciré Timéra, à la 10e Compagnie des Fusiliers Voltigeurs (CFV) pour fêter avec les soldats la JOURNEE DES FORCES ARMEES dont le thème de cette année est : LES FORCES ARMEES ET LA PROTECTION DES FRONTIERES.
Il était ébahi devant tant d’ordre, tant d’uniformité, tant de correction dans les gestes et les mouvements, tant de respect du temps et de la hiérarchie ! C’est dommage, se dit-il, que les populations ne suivent pas, ne copient pas cette manière d’être !
L’uniforme met en harmonie les hommes et dissout les différences dans la nature : tous sont apparemment égaux, même si naturellement les grades les séparent.
Pendant qu’en Europe et ailleurs sur les autres continents, le CORONAVIRUS persiste et fait mal en obligeant le retour au confinement et au respect strict des mesures-barrières, les Sénégalais, eux, semblent négliger le virus. En vous promenant à travers les rues de Bakel, vous vous rendrez compte qu’aucune peur de la COVID-19 ne se lit sur les visages découverts, sans masque. Dans la plupart des lieux publics, c’est-à-dire dans les marchés hebdomadaires, les écoles, les gares routières…les lave-mains, les gels hydro alcoolisés et même les masques ont disparu dans l’environnement des Gadiagois. Les thermo flashs aussi sont oubliés depuis longtemps dans les boîtes qui les sécurisaient. L’on ne se rappelle même plus leur forme ! Comme des éclairs, ils ont illuminé nos fronts le temps de la vie d’une rose pour finir dans les tiroirs des armoires.
Et pourtant, pour éviter une recrudescence de la pandémie, il faut être prudent, continuer à appliquer les mesures-barrières. Se protéger, c’est protéger les autres, c’est bouter hors et loin de chez nous cette pandémie subitement devenue une terreur que même les terroristes craignent ! Dans nos classes, les malheureux élèves sont assis par trois sur de vieux bancs, sans masque, face à leur enseignant, sans masque autant que les pauvres apprenants.
Chaque jour qui passe emporte avec lui dans le monde des millions de morts dus à la COVID-19. Dommage que les gens ne craignent plus la mort ! A force de vivre dans la misère en voyant une minorité croquer la vie à pleines dents, des envies naissent et tourmentent les esprits. N’importe qui aimerait vivre dans l’opulence mais chaque être sur cette terre a son destin. Ici, chez nous au Sénégal, là à Bakel, l’on peut bien se réaliser sans se déplacer, sans emprunter les sables chauds du désert ou les eaux froides de la Méditerranée et de l’Océan Atlantique dans des embarcations de fortune. Pour y arriver, il faut du cœur, de l’amour pour sa patrie, une volonté de réussir chez soi, pour d’abord soi-même ensuite pour la communauté.
Il n’est jamais trop tard pour voyager, pour découvrir ailleurs ! C’est même une nécessité. Mais comme le disait si bien, le Poète-Président Léopold Sédar Senghor, il faut d’abord : S’ENRACINER AVANT DE S’OUVRIR, mieux se connaître avant de chercher à savoir comment sont les autres ! ,
La nature est extraordinaire ! Elle ne garde rien pour elle-même. Elle offre aux hommes tout ce qu’elle a ! Malheureusement, ces derniers, par égoïsme, gardent par devers eux, un bien communautaire. Le monde serait le meilleur des mondes, si les hommes (les plus nantis) avaient la sagesse de partager tout ce que le bon DIEU a bien voulu faire passer entre leurs mains !
Qui verra demain ? Dans tous les cas, la pandémie de la COVID-19, le désert et les mers existent bel et bien ! Nous pouvons les éviter, nous pouvons surtout les dompter ! Alors, ensemble, combattons-les en appliquant les mesures-barrières avec surtout le port des masques, puis en restant chez nous pour exploiter nos terres fertiles qui ne nous mentiront jamais.
Idrissa Diarra