
Quand, désespéré, tout proche de vous donner la mort, une main amicale se tend vers vous et vous essuie les chaudes larmes qui sillonnent votre visage pour ensuite mouiller votre poitrine, vous remercierez le Créateur, ALLAH, le Tout Puissant de vous avoir sauvé, car lui seul peut, dans des moments comme celui-ci, vous aider à retrouver vos esprits, à sortir de l’ombre pour voir clairement les lueurs de l’espoir, de la vie.
Il n’y a guère longtemps, l’on ne parlait que de SIDA. Puis, nous est venue d’un pays africain, la reine EBOLA qui a détrôné sa devancière. D’autres maladies sont apparues pour faire le buzz un moment et, sans disparaître, se faire oublier pour se « cacher » des regards curieux qui fouillent jusque dans les entrailles des pauvres malades.
Aujourd’hui, majestueuse, une autre Reine se signale depuis la Chine et veut occuper tous les espaces. Rien de plus normal ! La nature a horreur du vide. Cependant, comprenons que la vie est une boule ! Et une boule ronde tourne. Elle tourne et tourne et tourne encore et toujours tourne ! D’un jour à l’autre, une autre Reine plus belle peut éblouir les yeux des populations qui la placeront sur un trône.
Diambéré Khoumba va et vient sans se soucier des rumeurs persistantes devenues réalités qui défraient la chronique : CORONAVIRUS par-ci, CORONAVIRUS par-là !
Maintenant, tout le monde tremble : hommes, femmes, enfants, chiens, chats, moutons, chèvres, vaches, cochons, poules… La peur se lit sur tous les visages découverts ou masqués.
Diambéré, la Khoumba du cœur de Mocirédin est loin d’être intimidée par ce changement de comportements des populations. Elle a confiance aux prières de ses deux parents. En plus, les bains nocturnes d’eaux bénites tardivement utilisées continuent de faire leur effet malgré le temps. Les enfants de la « vieille » époque sont mystiquement protégés dès leur naissance par leurs parents. Ils sont « lavés » et purifiés, prêts à affronter la vie d’une manière assez sereine.
Mocirédin, le benjamin d’Aissé Moussa a juré de ne plus se lamenter comme cet animal des eaux douces, le lamantin. Il ne s’apitoiera plus jamais sur son propre sort. Il a dépassé l’âge de maudire les autres même pour des méfaits qui le visent et dont il est accusé à tort.
A force de vivre certaines expériences heureuses ou malheureuses, il s’est couvert tout le corps d’une carapace qui le protège contre les mauvais yeux et les langues de vipères.
Une idée lumineuse vient de traverser son esprit ! Pourquoi ne pas se transformer en charlatan ou tout bonnement en « marabout » ? Avec ce CORONAVIRUS, n’est-ce pas une occasion rêvée pour s’enrichir sans effort, il est vrai malhonnêtement, mais en creusant ses méninges ? Pour être médecin, ce sera trop compliqué mais…
Ailleurs, l’on dit que l’habit ne fait pas le moine mais chez nous, il fait bien le moine et le marabout. Mocirédin estime ne pas pouvoir jouer le rôle d’un moine mais se verrait sans crainte dans la peau d’un marabout, non pas celui qui enseigne les versets du saint Coran mais dans celui qui essaie de tromper tout le peuple, tout le temps, en s’emmitouflant dans une tenue si extravagante que sa propre épouse ne le reconnaîtrait pas !
Surpris dans ses rêveries par son épouse, Mocirédin s’imagine déjà dans son nouveau « job », avec un nom prédestiné « Mara-COVIS-20 » (Marabout du CORONAVIRUS-SOIGNEE EN 2020) puisque COVID-19 signifie CORONAVIRUS Découvert en 2019. Lui Mocirédin sera le messie, le Sauveur de l’humanité ! Avec sa douce moitié, il veut jouer franc jeu ! Il ne lui cachera rien. Et puis, un cadavre peut-il cacher son corps à celui qui le purifie ?
<<-Diambéré Khoumba, la misère n’est pas un vêtement que l’on porte éternellement. Un jour ou l’autre nous devrons nous habiller d’une autre façon. Aujourd’hui, noir, demain soyons blanc. Cela ne doit surprendre personne car les hommes sont habitués à voir des crétins misérables le matin, se transformer en « riches héritiers » dès le soir.
-Mon mari, je ne comprends rien à tes charades ! Explique-toi plus clairement.
Mocirédin dévoile alors sa pensée à son épouse qui faillit tomber à la renverse.
-D’où te viennent ces idées saugrenues, Mocirédin ? Après toutes ces années de mariage passées à tes côtés, je n’ai jamais imaginé vivre près d’un être aussi pervers. Crois-tu que l’argent, la richesse, les biens de ce bas-monde doivent nous changer, nous éloigner de la voie digne tracée par nos ancêtres ? Que t’arrive-t-il mon mari ? Est-ce cet homme impeccable, irréprochable, digne que j’ai aimé et accepté d’être l’épouse qui est devant moi ? Dis-moi non ! Comment peux-tu, pour ce qui te reste à vivre, gâter tout ce que tu as fait de remarquable jusqu’ici ? Ressaisis-toi et continue sur le chemin loyal que tu as jusque-là emprunté.
-Tu as peut-être raison, Diambéré Khoumba, mais l’on ne remarquera rien. Je serai très prudent ! Je vais porter deux grands boubous (le noir sous le blanc), cacher ma tête sous un long turban noir. Seuls mes yeux seront visibles. Les visiteurs ne m’approcheront pas trop. Je changerai d’accent et ne m’exprimerai d’ailleurs que par des mimes, comme les muets, avec seulement des gestes. Mon chambellan se chargera du reste. Il sera ma voix, mon traducteur. Et puis qu’ai-je à y perdre ?
-Mon mari, tu y perdras tout : ton honneur, ta dignité, ton épouse car moi je vais m’en aller de ce pas chez mes parents, tes amis et tous ceux qui avaient de l’estime pour toi. Tôt ou tard la vérité finira par émerger, éclater. Le lourd et hideux mensonge tissé si maladroitement s’effritera et tu vivras le reste de tes jours dans la honte, le déshonneur qui couvrira toute ta lignée.
-Mais Diambéré Khoumba, me crois-tu si bête pour rester à Bakel ? J’irai à Dakar, dans la capitale, me fondre parmi les grands truands, chercher un endroit qui calque avec ces genres d’activités, là-bas dans la banlieue. Avec le bouche-à-oreille, ma clientèle sera bernée. Je remplirai mes poches de beaux billets de banque puis je changerai encore de quartier. Les citadins sont trop naïfs ! Ils croient trop au gain facile et rapide. Je les sucerai jusqu’aux os avant de retourner ici vivre une autre vie plus décente digne de toi…
-Ne me prends pas comme prétexte pour accomplir des …
-Laisse-moi au moins terminer ce que…
-Ce n’est pas la peine. Je pense que tu n’as pas compris mes explications. Cherche toutes les marmites que tu veux et fais mijoter toutes les sauces ignobles que tu voudrais. Tu les mangeras seul sans ta famille car tes enfants et moi allons te quitter pour touj…
-Diambéré Khoumba, écoute-moi bien. Pour rien au monde, je ne perdrai ma famille à cause d’une idée farfelue. C’est parce que je vois autour de moi des gens minables qui se sont enrichis malhonnêtement au vu et au su de tout le monde que je me suis révolté aussi pour changer de statut. Tu…
-Ne continue pas mon mari, tu ne pourras jamais me convaincre que les biens de ce monde doivent te pousser à faire du charlatanisme pour t’enrichir. Mocirédin…
-Excuse-moi encore une fois, ma chère Diambéré Khoumba. Sans toi, que serai-je devenu ? Merci de m’avoir ouvert une énième fois les yeux sur les réalités de notre faux monde. Adieu aux folles idées de charlatan ou de faux marabout. Mon verre est petit mais je ne boirai que dans mon verre.>>
Idrissa Diarra, bakelinfo.com